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Gattuso : voir Naples et grandir
Nommé entraîneur de Naples en remplacement de Carlo Ancelotti, Gennaro Gattuso fait ses grands débuts au San Paolo ce samedi, face à Parme. La première étape d'un nouveau défi qui le verra piloter l'un des effectifs les mieux fournis d'Italie, qu'il aura pour mission d'emmener tout droit en C1 la saison prochaine.
À l’heure de remplacer son mentor, Carlo Ancelotti, sur le banc napolitain, Gennaro Gattuso a dû faire un peu de géographie locale. Le natif de Cosenza, en Calabre, ne s’est notamment pas privé de rappeler que, s’il a joué au Milan pendant de longues années, son Italie à lui pointe en réalité vers l’autre bout de la Botte : « Je pense en calabrais, alors je dois me forcer à transformer le dialecte en italien. Je suis fier d’être du Sud. » Voilà donc Rino, 41 piges au compteur, propulsé aux commandes d’un Napoli qui flirte dangereusement avec le vide depuis plusieurs mois. Un exercice aussi périlleux qu’exaltant : si le groupe napolitain est désuni depuis plusieurs semaines, Gattuso dispose pour la première fois de sa carrière d’un des trois meilleurs effectifs de Serie A, sur le papier.
C1 objectif
Il va cependant falloir d’abord recoller les morceaux d’une équipe ravagée par le conflit sans issue qui oppose depuis début novembre les joueurs à leur direction. De Laurentiis fait au moins mine d’y croire, lui qui a présenté son nouvel entraîneur en lui collant un nouveau blase flatteur : « Voilà venue l’heure de Ringhio Starr, ça peut être son nouveau surnom ça ! » Le président napolitain a ensuite assisté au premier entraînement donné par Rino à Castel Volturno, ce qui ressemble à une volonté de rapprochement avec un effectif qui lui avait ouvertement désobéi il y a un mois et demi.
Réamorcer le dialogue, fluidifier le rapport entre les joueurs et la direction sera donc l’une des missions prioritaires de Gattuso, qui sait qu’il lui faudra rapidement obtenir des résultats probants : à huit points de Cagliari et de la première place qualificative pour la C1, Naples n’a plus le droit à l’erreur : « Cette équipe ne peut pas rester en dehors de l’Europe. Le but est de se qualifier en Ligue des champions. Nous avons deux matchs avant la pause hivernale et nous devons nous rattraper » , assume d’emblée Gattuso. Est-ce seulement réalisable ? Peut-être, au regard de ce que Rino a réalisé sur le banc du Milan. Avec un effectif de bien moindre qualité que celui dont il dispose désormais au Napoli, il avait notamment atteint la 5e place de Serie A lors de l’exercice 2018-2019. Un résultat honnête pour un Milan en crise. Reste que la manière, elle, n’avait pas impressionné grand monde, le Diavolo se distinguant plus pour sa rigueur derrière (seulement 36 buts encaissés, 3e meilleure défense du championnat), que par la flamboyance de son jeu offensif.
Quelques promesses, quelques limites aussi
La défense napolitaine, justement, sera l’un des chantiers de l’entraîneur italien : aucun joueur ne donne toujours réelle satisfaction au poste d’arrière gauche, et l’axe central Koulibaly-Manolas est pour l’instant l’une des grosses déceptions de la saison azzurra. Si, au regard de son parcours, Gattuso semble armé pour solidifier l’organisation tactique napolitaine, sa capacité à travailler et réfléchir une animation offensive efficace pose encore question. Le neo Mister napolitain a déjà annoncé sa volonté de délaisser le 4-4-2 d’Ancelotti pour repasser au 4-3-3, un système que les Partenopei connaissent bien, pour l’avoir intensément pratiqué pendant le mandat de Sarri.
Voilà qui pourrait peut-être ressusciter de vieux automatismes devant, alors que Milik, souvent décisif quand il n’est pas blessé, devrait assumer la pointe de l’attaque. Le nom des titulaires assignés aux ailes reste encore mystérieux, alors que Lozano, Zieliński, Callejón, Insigne, voire Mertens sont autant de postulants crédibles. À en croire la Gazzetta dello Sport, les trois derniers cités pourraient cependant partir avec un léger train de retard, leurs contrats, qui expirent la saison prochaine, pouvant ne pas être renouvelés, en raison de leur implication dans la fronde qui a opposé les joueurs à leur président. Au milieu de terrain, on se dirigerait face à Parme ce samedi vers une doublette Allan-Fabian Ruiz, accompagnée d’un autre joueur au profil plus défensif, comme le jeune Macédonien Elmas. Quelques ajustements, mais rien de révolutionnaire en somme, alors que Gattuso n’a de toute façon pas le temps de travailler des automatismes avec ses nouveaux poulains et va devoir gober des points tout de suite. Une certitude demeure : s’il réussit à qualifier le Napoli pour la C1, Rino aura passé le nouveau palier d’une carrière d’entraîneur que l’Italie du football serait curieuse de voir décoller.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de la Gazzetta dello Sport