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Le jour où Fernando Hierro a secoué la Roja en Afrique du Sud

Par Javier Prieto-Santos
4 minutes
Le jour où Fernando Hierro a secoué la Roja en Afrique du Sud

Adjoint d’Ancelotti au Real Madrid et bref coach du Real Oviedo, Fernando Hierro a encore beaucoup de choses à prouver en tant qu’entraîneur. Malgré tout, il fait déjà l’unanimité au sein de ses 23. Et pour cause : sans lui, l’Espagne ne serait jamais devenue championne du monde.

Comme Sergio Ramos, il est andalou. Comme Sergio Ramos, il a été capitaine de la Roja et du Real Madrid, un club avec lequel il a tout gagné. Comme Sergio Ramos, il était aussi dur sur l’homme qu’habile dans la relance. Comme Sergio Ramos, Fernando Hierro était un leader. Un vrai. Respecté par ses coéquipiers et ses adversaires, le natif de Málaga fut aussi l’un des rares à mettre des coups de pression à Florentino Pérez pour lui reprocher sa politique des Galacticos, ou encore le départ du trop moustachu Vicente del Bosque.

Jamais avare de compliments envers le Barça, quand celui-ci le méritait, et toujours respectueux des institutions qu’il défendait, Fernando Hierro, à l’inverse de Sergio Ramos, fait partie des rares figures du football espagnol à faire l’unanimité dans sa corporation. Même Gerard Piqué, troll en chef de tout ce qui est étiqueté merengue, ne trouve rien à lui reprocher. C’est dire. Taxé d’indépendantiste lors de la crise politique en Catalogne, le défenseur du Barça n’avait pas hésité à sortir de l’œil du cyclone médiatique en faisant mention à la Roja de Hierro, celle qui ne dépassait jamais les quarts de finale des grandes compétitions : « Hierro était mon idole, et je voulais que la sélection gagne, parce que lui et Pep jouait dans cette équipe. »

Aragonés, Del Bosque et les Clásicos

Si Hierro impose encore le respect grâce à son CV de joueur, il est aussi et surtout reconnu pour ses qualités en tant que directeur technique de la Fédération espagnole de football. Un poste qu’il occupe de 2007 jusqu’en 2011. Soit peu ou prou l’âge d’or de la Roja. Après l’Euro 2008 remporté par la bande à Aragonès, l’Andalou décide de confier les rênes de la sélection au diplomatique Vicente del Bosque. Expert dans l’art du consensus et allergique aux prises de position politiques, l’ancien entraîneur du Real a pour mission de soulever la Coupe du monde 2010. Pas une mince affaire, car à l’époque, les Clásicos déchirent le vestiaire de la Roja. En public, Del Bosque s’inquiète pour la cohabitation du groupe. Non, le groupe ne vit clairement pas bien. Heureusement, Hierro va tout arranger.

La réunion du club de cricket

En coulisses, le natif de Málaga s’active pour rabibocher Iker Casillas et Xavi, les deux leaders de la Roja. Ennemis sur le terrain, mais amis en dehors, les deux joueurs finissent par faire la paix quelques semaines avant le Mondial. La hache de guerre enterrée n’empêche pas l’Espagne de perdre son premier du Mondial 2010 contre la Suisse. Favorite d’une Coupe du monde pour la première fois de son histoire, la Roja est en passe de se foirer dans les grandes largeurs. Après une victoire difficile contre le Honduras lors de la deuxième journée, les Espagnols doivent absolument battre le Chili de Bielsa lors du troisième match. C’est la victoire ou la honte éternelle pour la plus belle génération de footballeurs que l’Espagne ait connue.

Deux jours avant l’affrontement contre les Sud-Américains, Hierro décide de tout remettre à plat et improvise une réunion de crise sans Del Bosque, mais avec les cadres de l’équipe, dans le salon lounge de Potchefstroom, le QG espagnol en Afrique du Sud. Ce 23 juin 2010, le DTN convainc Xavi, Casillas, Marchena, Ramos, Puyol, Fernando Torres et Iniesta qu’ils peuvent encore être champions du monde. « Il nous a dit : « Ne soyez pas idiots, ne laissez pas passer le train, parce que vous vous en voudrez toute votre vie » » , rembobine Iker Casillas. Cette réunion de plus de quatre heures, surnommée « la réunion du club de cricket » (rapport au lieu de rendez-vous) est l’acte fondateur du seul titre de champion du monde des Espagnols. C’est aussi et surtout la preuve que Hierro peut très bien sortir la Roja du chaos dans laquelle elle se trouve actuellement. En tout cas, celui qui était encore DTN de la sélection espagnole il y a quelques heures en est convaincu : « Je ne pouvais pas refuser ce défi. Je suis persuadé qu’on peut encore faire un bon tournoi. » Il ne reste plus qu’à en convaincre les joueurs.

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