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Wissam Ben Yedder, vrai rebond ou simple sursaut ?
À deux mois du Mondial au Qatar, chaque match compte pour les internationaux français et potentiels membres de la liste de Didier Deschamps. Et ce week-end, c'est Wissam Ben Yedder qui s'est rappelé aux bons souvenirs de la Dèche. Éjecté de la dernière liste des Bleus et muet depuis la reprise, le Monégasque a retrouvé sa voix, et le chemin des filets, ce dimanche. Difficile de faire mieux au niveau du timing, mais le plus dur l'attend désormais : confirmer qu'il a bien lancé sa saison et qu'il ne s'agissait pas que d'un simple sursaut.
Une ouverture de Takumi Minamino et un faux appel de Breel Embolo avant de conclure d’un enroulé du gauche pour planter le troisième pion des siens : sur la même action, Wissam Ben Yedder aura réussi à profiter des services de celui – le Suisse – qui est sans doute le meilleur élément offensif de l’ASM depuis le mois d’août, avec Aleksandr Golovin, et de celui – le Japonais – qui n’est pas loin d’être le plus emprunté. Un sacré exploit, mais l’essentiel est ailleurs pour le capitaine monégasque. Jamais depuis son arrivée à Monaco, il n’avait passé plus de cinq matchs sans planter le moindre pion en championnat. Il aura fallu attendre huit journées et cette victoire à Reims (0-3) pour le voir enfin débloquer son compteur dans ce nouvel exercice. Anecdotique au regard de l’issue de cette rencontre, ce but pourrait bien avoir son importance dans la suite de la saison de l’ancien Toulousain. Il suffisait d’ailleurs d’observer la célébration du capitaine monégasque pour s’en rendre compte : ce but est avant tout une sacrée délivrance, de celles qui peuvent faire basculer une année.
La tête à l’endroit
« Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas marqué, donc ça va lui faire beaucoup de bien au niveau de la confiance, et ça va apporter un plus à l’équipe », lâchait Axel Disasi après le match face aux Champenois. Plus que jamais, les performances de Ben Yedder et celles de son club sont étroitement liées. Muet avant de se rendre à Auguste-Delaune, l’international français illustre parfaitement les difficultés rencontrées par l’ASM depuis le mois d’août. Un coup maladroit, un autre hésitant, le buteur des Rouge et Blanc peine à retrouver le niveau qui était le sien en fin de saison dernière où il empilait les pions. À l’image de son équipe, avec dix buts inscrits depuis la reprise du championnat, mais seulement quatre dans le jeu – les six autres provenant de coups de pied arrêtés -, les Asémistes pataugent pour se trouver sur le terrain.
Comble de l’ironie, au moment où l’ancien Sévillan aurait pu profiter de ces phases arrêtées, et d’un penalty face à Rennes – le seul obtenu par l’ASM cette saison – pour ouvrir son compteur, il avait déjà regagné le banc à la suite du carton rouge prématuré de Youssouf Fofana lors de la 2e journée face à Rennes. « Ben Yedder n’avait pas de problèmes dans la tête, autrement il n’aurait pas marqué ce but. Il a aussi eu d’autres occasions, mais le gardien adverse était très bon », rappelait Philippe Clément en conférence de presse ce dimanche. Pourtant, malgré la confiance accordée à son buteur, le Belge le place régulièrement sur le banc (six titularisations en dix matchs toutes compétitions confondues), déclarant au passage qu’il est plus efficace quand il ne joue pas un match tous les trois jours. Ce pion, planté alors que le Français traînait encore son spleen sur la pelouse jeudi face à Ferencváros, prouve pourtant le contraire.
Il n’avait raté aucun rendez-vous en Bleu depuis juin 2019
En plus de devoir se battre pour regagner sa place en club, Ben Yedder doit également le faire pour retrouver Clairefontaine. « Il ne traverse pas sa meilleure période depuis quelques semaines, à travers ce qu’il peut faire sur le terrain et son temps de jeu. Il a été appelé régulièrement avec nous, expliquait Didier Deschamps pour justifier ses choix jeudi dernier et notamment celui d’écarter le Monégasque. Pour les joueurs qui ont eu l’habitude de venir, Wissam, Lucas (Digne) ou Moussa (Sissoko), ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas là aujourd’hui qu’ils ne pourront pas venir après. » Pourtant présent, sauf Covid, à tous les rassemblements des Bleus depuis juin 2019, y compris le dernier Euro qu’il aura passé sur le banc ou en tribune, Ben Yedder va vivre la prochaine trêve internationale depuis son canapé. Un choix qui ressemble à un sacré déclassement de la part du sélectionneur, encore plus avec l’absence de Karim Benzema. Il faut dire que malgré ses dix-neuf sélections, le natif de Sarcelles n’a jamais réussi à se rendre indispensable chez les Tricolores. Ce pion face à Reims pourrait donc compter double pour Ben Yedder. En club, où il doit retrouver son statut de buteur numéro un. Et en sélection, où la prochaine liste enverra les heureux élus disputer le Mondial au Qatar. Une échéance que, comme ses duels avec les gardiens qui croiseront sa route dans les deux prochains mois, Wissam Ben Yedder ne peut pas se permettre de manquer.
Par Florian Porta