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Wenger, le Paris manqué

Par Maxime Brigand
4 minutes
Wenger, le Paris manqué

L'histoire dure depuis maintenant presque vingt ans. Vingt longues années à regarder Arsène Wenger construire son Arsenal où il est aujourd'hui critiqué par moments, mais dont il ne peut finalement pas partir facilement. Car entre 2011 et 2014, le PSG a essayé d'attirer l'entraîneur français sur son banc à plusieurs reprises. Chronique d'un rendez-vous manqué.

Arsène Wenger a toujours eu peur du temps. Voilà maintenant soixante-six ans qu’il s’amuse pourtant à jouer avec, à en repousser les limites et la raison. Il explique avoir une relation « angoissante » avec, que « le passé donne des regrets(…)et le futur des incertitudes » . Alors il a tranché que « le seul moment de bonheur possible, c’est le présent » . Pourtant, alors que l’Alsacien s’apprête à fêter sa vingtième année à Londres, le voilà qui affirme « avoir peur de la retraite » à une période où l’Arsenal qu’il a construit se trouve à un carrefour. Cela fait maintenant plusieurs mois que Wenger est dans le viseur, qu’on lui reproche de ne pas assez dépenser, de se la jouer petits bras ou qu’on lui balance au visage l’absence de titre majeur depuis 2004. Mardi soir, sur les coups de 20h45, Arsène Wenger sera pourtant toujours en place. Il portera probablement son costume, sa fine chemise blanche et continuera à se battre pour que « les hommes unissent leurs énergies pour exprimer une idée commune » . L’entraîneur des Gunners est un humaniste, un optimiste, mais surtout un homme de foi. Alors c’est la tête haute qu’il sortira dans la nuit parisienne de son couloir pour une nouvelle campagne européenne qui débute cette fois face au PSG. Paris, là où toute l’histoire aurait finalement pu être réécrite.

Sarkozy, Al-Jazeera et engouement

L’histoire dure depuis maintenant plus de cinq ans. Il faut replacer le curseur au printemps 2011. Une époque où le PSG navigue sans trop savoir où se situer, mais surtout où Sébastien Bazin, alors président du club via le fonds d’investissement Colony Capital, tente de vendre sa vitrine. Autour de la table, Bazin et sa garde rapprochée multiplient les rendez-vous avec Qatar Sports Investments (QSI) pour finalement signer un accord définitif le 30 juin. Le dossier est spécial et mêle les sphères politico-médiatiques où Nicolas Sarkozy s’amuse à souffler sur les braises. On parle après finalisation d’une nouvelle ère, d’une révolution et la suite est aujourd’hui connue. Sauf qu’à cet instant, les nouveaux dirigeants parisiens ont un rêve, un idéal. Un truc auquel le Real a pensé un jour, le Bayern Munich aussi, mais qu’ils croient alors possible. L’idée sur le papier est belle et voir Arsène Wenger sur le banc du PSG aurait de la gueule. Le prince al-Thani, le nouveau boss, a toujours cité Wenger comme référence, alors il active ses contacts dans l’entourage d’un homme que les Qatariens ont découvert alors qu’il était consultant pour Al-Jazeera.

Arsène Wenger a quitté le foot français en 1994. Son CV comptait alors un titre de champion de France avec Monaco et une Coupe de France grattée en 91. Puis, il y a eu le Japon et l’Angleterre donc, où Tony Adams, l’historique capitaine d’Arsenal, s’est demandé au départ qui était ce mec qui « porte des lunettes et ressemble à un instituteur. Qu’est-ce que ce Français connaît au foot ? » Avant de retourner les avis dans ses bras. C’est cette image qui plaît à al-Thani, au président Nasser al-Khelaïfi et aux nouveaux dirigeants. Sauf que malgré la cour insistante, malgré les nombreux messages, les multiples repas, Wenger n’a jamais craqué. Son argument évoque le « manque de concurrence, d’engouement dans la ville pour le club » , mais aussi son pouvoir qui serait inférieur à Paris par rapport à ce qu’il possède à Londres. La dernière fois que le PSG a essayé de recruter Wenger était lors de l’été 2014. Depuis, les deux parties ne se sont plus revues. Pourquoi ? D’abord parce que l’Alsacien a toujours tenu à aller au bout de ses contrats et à chaque fois que les dirigeants parisiens ont débarqué, il était encore lié à Arsenal. La seule ouverture a eu lieu à l’hiver 2014 avant que Wenger ne prolonge jusqu’en juin 2017. Il expliquait alors que les Gunners entraient « dans une période très excitante » : « J’ai envie de rester et de continuer à développer l’équipe et le club. »

« Une Ligue des champions ne se gagne pas sur commande »

Arsène Wenger a toujours été fidèle, c’est comme ça. Alors il n’a jamais voulu passer après Blanc ou Ancelotti, il n’a jamais voulu quitter un club qu’il appelle aujourd’hui « sa famille » . Par peur de se planter ? C’est possible, surtout dans un pays comme la France qui a toujours rêvé de le voir revenir à la maison, en club comme en sélection. Plus que ça, le technicien français a aussi ses convictions et avoue souvent qu’une C1 « ne se gagne pas sur commande » . Wenger a construit son Arsenal sur la durée, par la formation, un recrutement rodé, mais aussi une force de conviction dans ses idées qui lui est parfois même reprochée. Il ne jure que par le projet à long terme et avoue ne penser que par « l’œuvre collective » . Le voir partir d’Arsenal semble désormais impossible et le contrat qui le lie à beIN Sports jusqu’en 2018 laisse deviner la fonction qu’il pourrait occuper ensuite. Paris ne verra jamais Arsène Wenger dans son costume, le rêve du prince ne sera jamais réalisé, et ce, malgré un contrat qui s’arrêtera en juin prochain. Comme quoi on peut rêver plus grand et avoir des limites.

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Propos d'Arsène Wenger tirés de Sport&Style.

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