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Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : Quelle place reste-t-il pour la vie privée ?
Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Grégory Ursule, manager général de Rodez, évoque ses journées de travail particulièrement chargées et sa méthode pour profiter - un peu - de sa famille.
Un emploi du temps très copieux
« J’arrive au bureau assez tôt, en général vers 8 heures. Je commence par traiter mes mails et les nombreux messages que je reçois sur mon téléphone. C’est très chronophage de répondre à toutes ces sollicitations, mais je le faisais déjà quand on était en CFA (il est manager général de Rodez depuis 2013, NDLR) et je garde cette rigueur, car même si des propositions ne nous intéressent pas, on sait qu’un jour ou l’autre, on aura de nouveau affaire à ces interlocuteurs. Ensuite, je me mets sur le logiciel datas que l’on a, pour savoir si les joueurs proposés correspondent à ce qu’on recherche. Il y a aussi toute la partie gestion des ressources humaines, qui consiste à veiller à l’installation et au bien-être des joueurs qui viennent de signer leur contrat. Tout ça, ce sont des missions du quotidien. Et il faut faire la même chose pour l’équipe féminine (les Rafettes ont obtenu leur montée en D1, NDLR), ce qui double la charge de travail. En fonction des retours que l’on a dans la journée, j’essaie de passer à l’entraînement, pour discuter avec le coach, échanger sur les profils souhaités. Ça nous prend une petite demi-heure. Je finis souvent vers 19h30-20h. Ce sont de grosses journées. Heureusement qu’il y a la pause de midi, pendant laquelle je fais un peu de sport pour libérer de l’endorphine. Durant cette période stressante, j’en ai bien besoin ! »
Décrocher, plus facile à dire qu’à faire
« Quand on est footballeur, on est concentrés sur sa performance sportive immédiate, par sa préparation. Je dirais qu’on travaille trois, quatre, voire cinq heures par jour pour les plus assidus, entre la préparation invisible et l’entraînement. Là, en tant que manager, je bosse dix heures par jour, sept jours sur sept. Il n’y a pas de dépense physique, mais une implication et une présence permanentes nécessaires pour que le projet global avance. Forcément, ça occupe pas mal l’esprit. Quand je dors, je rêve souvent de foot. Il m’arrive même de me lever en pleine nuit pour noter deux-trois trucs sur un carnet, afin de ne pas les oublier le lendemain. Le téléphone sonne toute la journée, mais je m’oblige à le couper quand je suis chez moi, pour bien marquer la frontière entre travail et vie de famille. C’est vraiment un point sur lequel j’essaie d’être rigoureux. Bon, c’est vrai que je réponds parfois alors que je ne devrais pas, ce que certains me reprochent d’ailleurs ! Le soir, une fois que les enfants sont au lit, je traite quelques mails, entre 22h et 23h30, pour faire avancer un peu plus vite les dossiers du lendemain. »
Grégory Ursule à son époque de joueur.
Un court répit avant le rush final
« D’habitude, les managers et directeurs sportifs partent en vacances dès que la saison est terminée, en même temps que les joueurs, et reviennent quinze jours plus tard. Moi, j’ai une vie de famille bien remplie, avec quatre enfants. Et comme j’ai envie de passer du temps avec eux avant que la saison ne soit véritablement lancée, je prends deux semaines de congés en août. Je suis de retour au club dix jours avant la fin du mercato, quand ça s’agite un peu. Développer ce jeune projet qu’est le Rodez Aveyron Football est très prenant au quotidien, c’est vrai, mais j’en tire un réel épanouissement, personnel et professionnel. Je suis sur mon territoire, dans ma ville natale, qui est aussi celle de ma femme. C’est encore plus valorisant, c’est pour ça que j’y dépense toute mon énergie. Plus tard, j’aurai peut-être besoin de prendre un peu de recul, mais pour l’instant, ma passion et mon organisation personnelle me permettent de faire ce boulot à fond. Être dirigeant dans un autre club, ce serait totalement différent pour moi. Mais dans une structure plus grande, j’aurais sans doute plus de moyens et, probablement, un peu plus de tranquillité ! »
Propos recueillis par Raphaël Brosse
Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
Épisode 2 : Comment gérer une montée, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)
Épisode 3 : Que faire avec les joueurs en fin de contrat, avec Grégory Ursule (Rodez)
Épisode 4 : Comment bien digérer une descente, avec Pierre Dréossi (Metz)
Épisode 5 : Comment se déroulent les discussions avec les agents, avec John Williams (Amiens)