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Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : Quelle place donner à la formation ?

Propos recueillis par Adrien Hémard-Dohain
5 minutes
Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : Quelle place donner à la formation ?

Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Jean-Philippe Nallet s'attarde sur l'importance de la formation, et la place à lui donner sans non plus perdre de vue la nécessité de résultats immédiats.

La formation comme fondation « Aujourd’hui, on a 5-6 joueurs passés par notre formation. Pour un club issu du monde amateur, c’est plus que bien. Je n’ai pas fait les comptes chez les autres, mais pour une structure amateure comme on l’était jusque cette année, c’est exceptionnel. Et pas nouveau. Le FC Annecy, depuis 20 ans, progresse grâce à la formation des jeunes. On est revenu à ce niveau grâce à cela. En N2, on avait 75% de l’effectif qui était formé au club. On n’avait pas forcément de moyens financiers, et on voyait le potentiel de formation, donc on a lancé des sections sport-étude. Ça a été notre levier pour bâtir notre projet. Depuis 2017, le groupe savoyard Bontaz nous a permis de solidifier cette action envers les jeunes avec les Bontaz Academy. Les jeunes des U12 aux U18 sont tous en sport-étude. On n’a pas encore de centre de formation, mais on s’en rapproche avec ces horaires aménagés, le suivi scolaire, et le projet social aussi. Ça nous permet de bien connaître les joueurs pour les accompagner au mieux sportivement, scolairement et dans la vie. On a plusieurs académies dans la vallée de l’Arve, à côté d’Annecy, le pays de Geix et aussi une section féminine. La formation est dans l’ADN du club, ce n’est pas parce qu’on est en Ligue 2 qu’on l’oublie, qu’on oublie par où on est passé et d’où on revient grâce à elle. »

C’est toujours un crève-cœur d’annoncer à un joueur formé au club qu’on va continuer sans lui. C’est notre quotidien malheureusement, ça arrive tous les ans.

Former sans centre de formation « Notre modèle d’académie soutenue par un sponsor est unique en France. Le groupe Bontaz, qui est Savoyard, souhaitait avoir une action sur le territoire. Nous, ça nous permet d’avoir de l’expérience en formation, de faire profiter tout le territoire, de bien s’implanter comme club local. L’objectif, c’est de permettre à des joueurs à potentiel d’arriver au FC Annecy, d’y jouer. L’autre finalité, c’est de donner du temps à des jeunes moins talentueux pour qu’ils progressent et s’épanouissent. C’est un projet sportif, mais aussi socio-éducatif. Il ne suffit pas de sortir le joueur haut-savoyard de demain, il faut former tous les autres. Mais la formation renforce aussi l’équipe première, d’autant que c’est une volonté de nos actionnaires d’avoir des joueurs du cru, si possible formés au club, dans l’équipe fanion. Ces actions fédèrent autour du club sur le territoire. On a un voisin puissant avec l’Olympique lyonnais, mais on a d’excellentes relations avec eux, ils cherchent les tops joueurs. On ne joue pas dans la même cour, il y a de la place pour tout le monde. Le fait d’avoir monté ce projet nous aidera surtout lors du passage vers un centre de formation, parce qu’on aura déjà une belle expérience. Pour le moment, on ne peut pas avec notre budget, d’où notre modèle actuel. Ce système d’académies permet de prendre de l’expérience en formation, sans trop peser sur le budget du club. Si tu as un centre de formation très cher mais plus d’argent pour l’équipe première, les infrastructures, ce n’est pas cohérent. »

Le juste milieu entre formation et performance « La problématique aujourd’hui, c’est qu’on a une jeunesse très pressée. Il faut répondre à leurs attentes souvent élevées, mais la patience dans le football, c’est primordial. Quand on arrive en Ligue 2, on a forcément moins de place pour les jeunes du centre. Plus on monte, plus c’est difficile de sortir des joueurs. Il faut mettre les choses en place pour que les joueurs du club sortent au niveau de l’équipe première. On va devoir passer un cap là-dessus, identifier des profils, avoir un travail d’individualisation. Il faut que les jeunes soient prêts pour le monde pro, c’est notre prochain défi tant qu’on n’a pas de centre de formation. Nos jeunes s’entraînent 4 fois par semaine, il faut combler cela. Cela passera par un centre, et des suivis individuels de joueur. C’est toujours un crève-cœur d’annoncer à un joueur formé au club qu’on va continuer sans lui. C’est notre quotidien malheureusement, ça arrive tous les ans. On leur dit qu’on pense que c’est trop juste, sans avoir la science infuse. Des fois, certains nous donnent tort, mais il faut prendre les décisions. C’est aussi notre devoir de faire comprendre aux jeunes du club qu’il n’y a rien d’acquis. Ils ont une longueur d’avance parce qu’ils connaissent le club, mais il faut quand même travailler pour aller chercher sa place dans le groupe professionnel. On peut avoir toute la pédagogie du monde, à un moment donné, le terrain explique les choses. On a aussi beaucoup d’entretiens officiels et informels avec les joueurs pendant la saison, l’important c’est d’être clair, de ne pas raconter d’histoire. Si le joueur a des caps à franchir, il faut lui dire franchement, les fixer, et l’accompagner au quotidien pour qu’il y arrive. Tout est une question de niveau au final, et le terrain ne trompe pas là-dessus. Si un joueur arrive de l’extérieur et qu’il est meilleur que le jeune formé au club, ça se voit. C’est la réalité du haut niveau, surtout dans une Ligue 2 avec 4 descentes cette année. C’est tout le paradoxe entre donner du temps aux jeunes d’atteindre le niveau, mais la nécessité impérieuse d’être performant tout de suite. »
Dans cet article :
Pronostic Annecy Caen : Analyse, cotes et prono du match de Ligue 2
Dans cet article :

Propos recueillis par Adrien Hémard-Dohain

Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
Épisode 2 : Comment gérer une montée, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)
Épisode 3 : Que faire avec les joueurs en fin de contrat, avec Grégory Ursule (Rodez)
Épisode 4 : Comment bien digérer une descente, avec Pierre Dréossi (Metz)
Épisode 5 : Comment se déroulent les discussions avec les agents, avec John Williams (Amiens)
Épisode 6 : Quelle place reste-t-il pour la vie privée, avec Grégory Ursule (Rodez)
Épisode 7 : Comment recruter malin avec un budget serré, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)
Épisode 8 : Comment convaincre un joueur de signer, avec Frédéric Hébert (Paris FC)
Épisode 9 : Quelle stratégie adopter une fois la saison commencée, avec Grégory Ursule (Rodez)

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