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Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : Que faire avec les joueurs en fin de contrat ?
Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Grégory Ursule, manager général de Rodez, dévoile ce qui entre en compte au moment de décider de prolonger – ou pas – un joueur en fin de contrat.
Le « premier mercato »
« À Rodez, nous avions une demi-douzaine de joueurs en fin de contrat au 30 juin 2022. Enfin, on tranche évidemment la question de leur avenir bien avant cette date, car il faut que tout le monde soit fixé avant d’entamer la préparation de la saison suivante. On s’y prend en amont, même si c’était plus difficile cette année, puisque la dynamique sportive était compliquée (le RAF a enchaîné 18 matchs sans victoire de décembre à mai et s’est maintenu de justesse, NDLR). On a été clairs avec les joueurs, on leur a expliqué qu’on parlerait de tout ça à l’issue du championnat, pour ne pas mettre en péril notre pérennité sportive. On dit souvent que la gestion des fins de contrat est le « premier mercato ». Pour un club comme le nôtre, il est primordial de savoir conserver nos meilleurs éléments et, seulement après, on attaque le « deuxième mercato », pendant lequel on cherche à recruter. C’est notre manière de penser depuis que nous sommes montés en Ligue 2, il y a trois ans, et c’était déjà le cas quand nous étions en National. Avant d’aller trouver des plus-values à l’extérieur, on essaie de garder nos plus-values en interne, parce que ce sont celles dont on est le plus sûrs concernant l’état d’esprit et les performances. »
En fin de contrat au 30 juin, Jordan Leborgne a quitté Rodez.
Facteurs déterminants et pierres d’achoppement
« Outre les performances sportives, il y a deux aspects à prendre en compte. La première chose, c’est la continuité du joueur dans le projet. Est-il lassé d’être ici ou garde-t-il toute sa motivation ? On doit vraiment savoir s’il est toujours dans une dynamique de progression. Ensuite, il y a l’aspect économique. La perspective d’avoir un contrat de meilleure facture ou de plus longue durée dans un autre club, ça peut faire pencher la balance. Je m’appuie beaucoup sur l’avis de l’entraîneur, pour savoir quel regard il porte sur les performances du joueur, quelle place il souhaite lui accorder dans l’effectif… On regarde aussi la formation. À niveau équivalent, on préférera faire monter un jeune du centre plutôt que prolonger un pro d’un certain âge. Actuellement, nous sommes en discussion avec des éléments que nous aimerions garder dans notre effectif. (L’entretien a été réalisé mi-juin, NDLR.) Là, on est dans de la négociation classique de gré à gré, directement avec le joueur ou avec ses représentants. Bien sûr, ça peut capoter si on ne trouve pas d’accord sur le plan financier ou sur la durée du contrat. »
La séparation
« Ce n’est jamais très agréable, je dirais même que c’est toujours douloureux d’annoncer à quelqu’un qu’il ne sera pas conservé. Malgré tout, le joueur n’est pas dupe. C’est son métier, on est dans le monde professionnel. Il sait qu’en fonction de ses performances, du nombre de matchs disputés dans la saison, de ses prétentions financières et du club dans lequel il se trouve, ça peut ne pas matcher. Ce sont des discussions d’homme à homme, très cordiales et professionnelles. Avec Enzo Zidane, par exemple, on était sur un deal commun : il souhaitait découvrir le championnat français de Ligue 2, et nous, on voulait un joueur de ce type dans notre effectif. Ça aurait pu fonctionner, on avait convenu d’un contrat d’un an pour voir ce que ça donnait. Mais il s’est avéré que la saison ne s’est pas passée comme on l’aurait espéré, de part et d’autre. Son temps de jeu a été décevant. On a décidé de ne pas prolonger son bail. »
Enzo Zidane
Propos recueillis par Raphaël Brosse
Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
Épisode 2 : Comment gérer une montée, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)