- Ligue 2
- Vis ma vie de DS
- Épisode 8
Vis ma vie de directeur sportif de Ligue 2 : Comment convaincre un joueur de signer ?
Jusqu’au 1er septembre, le mercato va rythmer la vie des clubs de l’Hexagone. Au-delà des rumeurs farfelues, des offres mirobolantes et des fantasmes de supporters, il y a une réalité, que des dirigeants de formations de Ligue 2 ont accepté de nous raconter tout au long de l’été. Ce vendredi, Frédéric Hébert, directeur sportif du Paris FC, décrit sa méthode pour convaincre un joueur de s’engager en faveur de sa formation.
Faire sentir au joueur qu’on le connaît mieux que lui-même
« Au Paris FC, on ne gère pas des dossiers dans l’urgence. Le mercato est travaillé bien en amont, ce qui signifie qu’il y a de longues discussions, pendant plusieurs mois, avec le joueur ciblé. S’il manifeste de l’intérêt, on organise une visite des installations. C’est d’autant plus important que notre centre d’entraînement (basé à Orly, NDLR) est désormais de qualité, digne d’un club de Ligue 1. Ensuite, le process est très clair. Je reçois le joueur dans mon bureau et on échange pendant deux heures. Je lui dis comment on le perçoit, en m’appuyant sur un scouting report, pour lui exposer ses points forts, ses points faibles, et pas mal d’autres éléments dont je ne peux pas trop vous parler. Pour illustrer mon propos, je lui montre aussi une vidéo compilant certaines de ses actions. L’enjeu crucial, ici, c’est de lui faire comprendre qu’on le connaît très bien, en tant que footballeur et en tant que personne. Pour cela, on n’hésite pas non plus à lui soumettre des exercices de préférences motrices, qui permettent de savoir différentes choses sur le plan humain et physique. Ça fait partie des éléments que l’on met en place pour convaincre les joueurs ciblés de nous rejoindre. »
Valoriser au maximum le projet club
« Comme dans toutes les négociations, l’aspect financier occupe une place importante. Forcément, nos propositions salariales doivent convenir au joueur si l’on veut envisager un avenir commun. Mais au-delà du financier, je constate que nos recrues sont toutes très intéressées par le projet club que nous leur présentons. Il faut dire que ce projet est extrêmement attrayant : il s’agit de faire du Paris FC le deuxième club parisien de Ligue 1. Ce serait historique et les joueurs y sont évidemment sensibles. Si on parvient à faire monter le PFC dans l’élite, on sait très bien que cela aura une résonance française, européenne et même mondiale. Parce que le nom de notre club, c’est Paris. C’est une marque internationalement reconnue. Notre projet global fait vibrer les joueurs, c’est une certitude. Les six joueurs qu’on a recrutés cet été étaient sollicités par de gros clubs de Ligue 2, voire d’autres écuries, parfois même de Ligue 1. S’ils nous ont choisis malgré cette très forte concurrence, c’est bien parce que nous sommes attractifs. Depuis que je suis en poste (janvier 2020, NDLR), c’est arrivé très rarement qu’on ne nous réponde pas favorablement. Une ou deux fois, peut-être. »
Frédéric Hébert en discussion avec Thierry Laurey
L’entraîneur, autre atout majeur
« Mon rôle consiste donc à vanter ce projet global du club. En quelque sorte, j’offre au joueur une projection sur du moyen terme. Après, c’est au tour du président (Pierre Ferracci, NDLR) d’exposer sa vision du club sur le long terme. Enfin, le coach (Thierry Laurey, NDLR) intervient pour parler du court terme, du projet de jeu qu’il compte mettre en place, de la façon dont il souhaite utiliser la nouvelle recrue potentielle. Ça, c’est vraiment l’étape finale. On a la chance d’avoir un entraîneur habitué à la Ligue 2, qui est déjà monté à deux reprises (avec le Gazélec Ajaccio en 2015 et Strasbourg en 2017, NDLR). Son expérience est clairement un argument qui compte aux yeux des joueurs. Ça a pesé dans le choix de Pierre-Yves Hamel, qui a signé chez nous alors qu’il était très sollicité. Quoi qu’il en soit, on fonctionne de manière collégiale, avec une règle de base : le coach, le président et le directeur sportif doivent être tous les trois d’accord pour que l’on tente de recruter un joueur. Si ce n’est pas le cas, on ne va pas plus loin, parce qu’on risque de se planter. Dès à présent, on se projette déjà sur le mercato qui aura lieu dans un an, pour préparer la saison 2023-24. Avec deux scénarios : l’un en Ligue 2, et l’autre qu’on activera en cas de montée en Ligue 1… »
Pierre-Yves Hamel, l’une des recrues parisiennes de l’été
Propos recueillis par Raphaël Brosse
Épisode 1 : Comment préparer son mercato, avec John Williams (Amiens)
Épisode 2 : Comment gérer une montée, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)
Épisode 3 : Que faire avec les joueurs en fin de contrat, avec Grégory Ursule (Rodez)
Épisode 4 : Comment bien digérer une descente, avec Pierre Dréossi (Metz)
Épisode 5 : Comment se déroulent les discussions avec les agents, avec John Williams (Amiens)
Épisode 6 : Quelle place reste-t-il pour la vie privée, avec Grégory Ursule (Rodez)
Épisode 7 : Comment recruter malin avec un budget serré, avec Jean-Philippe Nallet (Annecy)