- Bundesliga
- J11
- Dortmund-Stuttgart (1-5)
Viré du Borussia Dortmund, Lucien Favre est-il trop fade pour les gros ?
Licencié du Borussia Dortmund au lendemain d'une raclée reçue par Stuttgart, Lucien Favre n'était pas capable de faire passer un cap au club allemand selon ses anciens dirigeants et ne serait pas le candidat idéal pour entraîner une grosse cylindrée. Arguments valables ou reproches exagérés ?
Parfois, les explications justifiant la décision sont encore plus difficiles à entendre que la mauvaise nouvelle en elle-même. Lucien Favre s’est sans doute trouvé dans ce cas ce week-end, lorsqu’il a appris qu’il n’était plus l’entraîneur du Borussia Dortmund. Après tout, se faire éjecter en raison de résultats considérés mauvais par son employeur est devenu une fréquente habitude pour un entraîneur de football. En revanche, les raisons évoquées à son encontre pour soutenir ce choix ont dû faire mal à son ego et à sa confiance.
« Nous avons du mal à franchir un cap, nous sommes d’avis que la réalisation de nos objectifs pour la saison est très menacée en raison de la récente mauvaise dynamique de l’équipe actuelle et c’est pourquoi nous devons donc agir », a en effet déclaré le directeur général Hans-Joachim Watzke, au moment d’officialiser le départ de son désormais ex-coach sur les réseaux sociaux. Autrement dit, le Suisse n’aurait en substance pas réussi à démontrer qu’il pouvait emmener le club un peu plus haut depuis son arrivée (il y a deux ans et demi) et ne serait pas capable de diriger un club vers les sommets. Difficile à digérer.
Pas de trophée, la faute à qui ?
Comme souvent, les avis à ce sujet sont partagés en deux catégories : certains seront d’accord avec le fait que Favre ne soit pas le candidat idéal à de grandes ambitions, quand d’autres trouveront ce constat sévère. Les premiers, confortés par la raclée concédée contre le promu de Stuttgart et la mauvaise dynamique de Dortmund sur le plan national (une seule victoire en Bundesliga sur les cinq dernières journées dont trois défaites, douze buts encaissés et une cinquième place à cinq unités de la tête les décrochant déjà de la course au titre), mettront en avant le palmarès du technicien : des trophées en Suisse (deux coupes, deux championnats), une Supercoupe allemande et… c’est tout, en l’espace de 30 années de carrière.
Lucien #Favre ist nicht mehr Trainer von Borussia Dortmund. Die Entscheidungsträger des #BVB haben sich nach der 1:5-Heimniederlage bei #BVBVFB einmütig darauf verständigt, Favre und seinen Co-Trainer Manfred #Stefes mit sofortiger Wirkung freizustellen.
— Borussia Dortmund (@BVB) December 13, 2020
Concernant son apport plus concret au Borussia, ses détracteurs avancent le manque de régularité dont ses joueurs ont fait preuve durant son mandat. L’absence relative de caractère, également, qui serait à l’image de l’ancien Niçois jugé parfois trop lisse et au tempérament pas assez « gagnant » . Compliqué, dès lors, de transmettre une véritable rage de vaincre à ses poulains dans les moments importants malgré le bon boulot quotidien. Enfin, les critiques estiment aussi que l’homme de 63 piges aurait dû mieux faire avec un effectif de cette qualité (renforcé durant son passage par Erling Braut Haaland ou Axel Witsel, par exemple). Peut-être pas en arrachant le trône aux fesses du Bayern Munich, mais en se posant définitivement comme la première force d’opposition grâce aux investissements réalisés.
Trouver le bon projet
Les investissements, justement. Si des dépenses financières ont bien été effectuées, les défenseurs de Favre répondront qu’elles sont beaucoup moins conséquentes que celles des Bavarois ou des autres mastodontes européens. À leurs yeux, celui qui s’est fait débarquer s’est au contre super bien démerdé à Dortmund en proposant du jeu de qualité et en répondant présent en Allemagne (deux fois dauphin du Bayern) comme sur la scène continentale (deux présences en huitièmes de finale en sortant de poules pas forcément simples, sans oublier une nouvelle qualification récente avec un statut de leader du groupe). Alors, difficile de faire mieux à sa place ?
« Je pense que c’est dommage que nous nous séparions ici, nous avons passé deux années très réussies et nous avons une équipe qui aurait pu réussir une belle saison. J’en suis toujours convaincu », a en tout cas regretté le principal intéressé, pour l’agence de presse dpa-AFX. Qu’il se rassure : plus orienté vers un management à l’ancienne avec un travail porté sur le long terme, Lucien ne devrait pas avoir à pointer à Pôle Emploi pour gratter un nouveau job. Dont le projet sera, à coup sûr, encore passionnant.
Par Florian Cadu