- Coupe de France
- 16es
- Rumilly-Vallières-FC Annecy (1-1, 6-5 tab)
Vincent Di Stefano : « Affronter le PSG de Mbappé et Neymar, ce serait le Graal ! »
Défenseur du GFA Rumilly-Vallières, vainqueur samedi du FC Annecy aux tirs au but et donc qualifié pour les huitièmes de finale de la Coupe de France, Vincent Di Stefano, expulsé avant de voir ses potes s'imposer, est passé par tous les états ce week-end. Un beau miroir de sa carrière, faite de hauts et de bas. Entretien avec un footballeur de 28 ans, formé à Grenoble, qui bosse également dans l'immobilier.
Salut Vincent ! Pas trop la gueule de bois après cette longue nuit de fête ? Non, je ne dors pas beaucoup de toute manière ! (Rires.) Avec le contexte actuel, ce n’était pas possible de faire les fous jusqu’à trois heures du mat, donc on a d’abord passé un beau moment juste après le match avec les supporters qui étaient collés contre le grillage du parking, puis on a célébré comme il faut dans le vestiaire en petit comité. Tout le monde, même le président, est passé sous la douche. Nous avons profité raisonnablement, même si cette victoire va rester un moment inoubliable pour le GFA.
Grâce à votre victoire contre le FC Annecy, le GFA Rumilly-Vallières est le 259e club français de l’histoire de la Coupe de France à atteindre le stade des huitièmes de finale. Comment as-tu vécu cette victoire ?
Avec le recul, c’est dommage que la ferveur ne soit pas aussi forte qu’en temps normal. Après, il se trouve que le stade de Rumilly laisse un angle de vue ouvert pour que les gens puissent voir le match depuis le parking. C’était sympa et atypique, les gens montaient dans les arbres pour essayer de voir le match, et malgré le huis clos, on se sentait à domicile.
C’était une affiche départementale, puisque les deux clubs sont de la Haute-Savoie. Vous vous êtes un peu branchés à distance avant de vous affronter ? À titre personnel, c’était très léger, car je faisais partie des rares joueurs de l’effectif à ne pas avoir joué au FC Annecy. Mais c’est certain que cela a rajouté un surplus de motivation chez mes coéquipiers ! Dans la vie quotidienne, ce sont deux clubs amis, il n’y a pas d’animosité particulière. Je connaissais quelques joueurs, et la Haute-Savoie n’est pas très grande… Annecy, c’est la locomotive régionale depuis la dissolution de l’ETG. Gagner ce match, cela nous permet aussi de rentrer dans l’histoire de la région et de gagner en notoriété.
Après Limonest (N3) et Prix-les-Mézières (N3), c’est le troisième tour que vous passez grâce à l’épreuve des tirs au but. Il y a une formule magique ? Les choses nous sourient, mais nous avons aussi des raisons de performer dans ce domaine. Notre gardien Dan Delaunay est extrêmement performant sur les tirs au but. Si mes calculs sont bons, il a sorti cinq arrêts sur les trois séries ! Il faut vraiment le mettre en lumière parce qu’il en impose dans sa cage. De notre côté, on se fait une séance de pénos par semaine juste avant la rencontre, mais sans se mettre de pression. Cela dit, c’est important de s’exercer là-dessus. Quand on voit que la prolongation a disparu dans cette édition, les tirs au but deviennent de plus en plus probables. Chaque frappe que l’on met, c’est avec beaucoup de conviction et d’envie. Cela résume bien l’état d’esprit collectif de notre groupe et c’est prometteur pour la suite.
La suite va être un peu différente de ton côté puisque tu as pris un carton rouge dans les arrêts de jeu à la suite d’un tacle engagé… C’est une décision logique selon toi ? Objectivement, je trouve cela sévère parce que je joue le ballon et que je ne fais pas une faute du match. En première période, un Annécien fait bien pire que cela et ne prend qu’un carton jaune… J’arrive fort, mais il n’y a aucune intention de faire mal et l’arbitre l’a spécifié dans son rapport. C’est une intervention rugueuse. Par ailleurs, l’arbitre a très bien géré la rencontre, mais sur ce coup-là, ça me laisse des sentiments contraires. Le tour prochain est le 7 avril, et le championnat reste suspendu… Bref, ça s’annonce compliqué de purger ma suspension avant le huitième. Si cela doit arriver, je sais que le gars qui prendra ma place donnera tout, donc ça m’aide à relativiser. Après le match, l’arbitre m’a dit que je serai dispo pour le quart de finale. Ça dépendra du rapport et du tirage…
Les deux derniers clubs de votre gardien sont Quevilly et les Herbiers, deux clubs finalistes de la Coupe de France… Sincèrement, il y a des raisons de croire à une épopée aussi folle ? Jamais deux sans trois ! (Rires.) Maintenant, les probabilités de prendre un club de Ligue 1 sont grandes, et ce serait une belle récompense d’affronter Marseille, Lyon ou Paris pour ne citer qu’eux. Après la rencontre, on s’est forcément dit qu’affronter le PSG de Mbappé et Neymar, ce serait le Graal ! À titre plus personnel, je serais ravi de tirer l’AS Monaco de mon pote d’enfance Ruben Aguilar ou mon ancien club de Montpellier. Mais si le tirage nous réserve Le Puy, Sedan, Saumur ou le vainqueur de Châteaubriand-Romorantin (à 18h30, NDLR), on se dira qu’on peut encore poursuivre le rêve un tour de plus ! Tout est permis dans ce sport.
Parlons un peu de toi. Tu es passé par l’équipe de France U19 où tu as partagé le vestiaire avec Samuel Umtiti, Lucas Digne ou encore Paul Pogba. Quand tu vois où ils sont maintenant, est-ce que tu te dis qu’une longue carrière dans le football professionnel ne s’est pas jouée à grand-chose pour toi ?Ce sont des souvenirs merveilleux qui me paraissent un peu lointains maintenant. Tous les suiveurs te le diront : j’ai toujours été dans les meilleurs de ma catégorie d’âge, mais je n’ai jamais été considéré comme un phénomène que tout le monde attendait comme Pogba. J’étais un très bon joueur, mais sans rien de plus. J’étais aussi un défenseur, donc je ne mettais pas trois buts par match non plus. Cela dit, j’ai eu la chance de signer pro à Montpellier en 2011, juste après leur titre de champion de France. Ils étaient en C1 et ils leur manquaient des jeunes pour compléter le groupe les lendemains de matchs, je faisais partie des heureux élus et c’était fantastique. On peut toujours refaire l’histoire, mais la réalité, c’est que la concurrence que j’avais s’appelait Vitorino Hilton, Mapou Yanga-Mbiwa, Henri Bedimo… Bref, des joueurs de très haut niveau. Vito, dix ans plus tard, il est encore là !
Qu’est-ce qui t’a manqué pour percer au MHSC ? Peut-être deux ou trois opportunités de me montrer dans des matchs de Coupe de la Ligue par exemple. Au moins, j’aurais eu une réponse claire pour savoir si oui ou non, j’avais le niveau pour jouer dans l’élite. Une carrière professionnelle de dix ans dans un club de Ligue 1 peut se jouer sur des détails. Ensuite, j’ai choisi de partir à Tubize en D2 belge où nous ratons la montée de peu, puis je signe à Sedan pour jouer la montée en Ligue 2 et finalement l’équipe descend… C’est une question de choix et de planètes qui s’alignent. Un footballeur est aussi jugé en fonction des résultats collectifs, c’est le jeu. Mais la Paillade, la famille Nicollin, ce sont des choses que je n’oublierai jamais. Hier, j’ai reçu des messages de Fabien Lefèvre et Jean-François Domergue (respectivement entraîneur adjoint au RC Strasbourg et directeur sportif du MHSC, NDLR) pour me féliciter, ça fait chaud au cœur. Même ce midi, j’ai mangé avec un collègue du centre de formation à l’époque, les liens restent.
Depuis l’été 2018, tu es désormais responsable de développement immobilier chez European Homes en parallèle de ton parcours dans le foot. Comment s’est présentée cette opportunité ? À mon époque montpelliéraine, j’avais pu poursuivre un cursus en DUT techniques de commercialisation et obtenir mon diplôme. Là, j’étais à Sète, et à 25 ans, le rêve de la Ligue 1 commençait à s’éloigner un peu. Bien sûr, il y a toujours la belle histoire du mec de 28 ans qui revient dans le haut niveau et je suis ouvert à toute discussion là-dessus hein, mais il se trouve qu’à ce moment, j’ai voulu mettre ma vie familiale en priorité. Le deal, c’était de mettre la carrière professionnelle entre parenthèses, repasser en amateur et trouver un emploi pour avoir les ressources nécessaires à la vie quotidienne. De fil en aiguille, j’ai pu rejoindre Annecy avec ma femme, c’était un coin que je connaissais bien et où il fait bon vivre. Le GFA a été le club le plus vif et le plus conciliant pour faciliter mon intégration.
Propos recueillis par Antoine Donnarieix