ACTU MERCATO
Victor Osimhen de Lille à Naples : chaud devant
Cette fois, c'est fait. À 21 ans, Victor Osimhen va connaître un quatrième club européen. L'attaquant nigérian s'est engagé pour cinq années (plus une en option) avec le Napoli, qui devrait débourser près de 81,3 millions d'euros, bonus compris, pour renforcer sa ligne d'attaque. Un an seulement après son arrivée à Lille, Osimhen quitte le club nordiste et la Ligue 1 avec le sentiment du devoir accompli et l'envie de partir à la conquête d'un nouveau championnat.
À peine arrivé, Victor Osimhen était déjà sur le marché. Les supporters lillois n’ont pas attendu les premières rumeurs pour comprendre que l’étape nordiste de leur nouvelle star allait être courte, le début de saison canon de l’attaquant nigérian (huit buts en onze apparitions) ayant suffi à piquer la curiosité de nombreux clubs. « Comme tout le monde, j’aimerais qu’il reste. Mais il y a des clubs beaucoup plus riches que Lille, déroulait le très pragmatique Luis Campos au micro de RMC, le 18 octobre 2019, une quinzaine de jours après avoir vu Osimhen faire trembler les filets lors de la défaite du LOSC contre Chelsea (1-2). Un attaquant qui marque, ce sera difficile de le conserver. On est déjà sondés sur son cas et c’est normal. » Résultat, moins d’un an après avoir déboulé au domaine de Luchin, le joueur de 21 ans peut déjà refaire ses valises pour une nouvelle destination.
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— Official SSC Napoli (@sscnapoli) July 31, 2020
Courtisé en Angleterre, Osimhen a finalement choisi l’Italie après quelques jours d’hésitation, rythmés par la crainte d’être confronté au racisme dans certains stades transalpins, quelques tensions avec son ancien agent et quelques négociations afin de boucler le transfert imminent le plus long de l’été. Peu de monde aurait misé sur le Napoli, mais c’est bien sur le club du chef-lieu de la Campanie que le Nigérian a jeté son dévolu, s’engageant pour cinq années (plus une en option) et rapportant environ 81,3 millions d’euros (bonus compris) au LOSC. « S’il va là-bas, il va être leur superstar, se réjouissait le président Gérard Lopez auprès de La Voix du Nord au début du mois. Avoir Naples à ses pieds, ça doit être quelque chose dans la vie d’un footballeur. Victor a en plus cette force de réussir sous pression. » Il a aussi le talent pour ne pas perdre de temps : arrivé en Europe à l’hiver 2017, Osimhen va découvrir un quatrième club (et un quatrième championnat) en rejoignant Naples. Et ce n’est probablement que le début.
Osimhen la danse
Osimhen n’a pourtant pas toujours été un homme pressé. Ses dix-huit premiers mois sur le Vieux Continent, à Wolfsburg, ressemblent aujourd’hui à un mauvais souvenir avec zéro but au compteur et une ribambelle de blessures. La suite, c’est une révélation et une capacité d’adaptation express assez surprenante : prêté à Charleroi, en D1 belge, lors de la saison 2018-2019, le Nigérian a soigné ses stats en Belgique (20 pions, 4 passes décisives en 36 apparitions) et s’est forgé sa petite réputation. « Plus tu marques des buts, plus ta vie s’améliore. Un attaquant qui ne marque pas, personne ne vient le chercher. Tu dois marquer des buts, racontait à Sport/Foot Magazine celui qui a connu une enfance difficile dans la banlieue de Lagos. Je ne connais pas les trajectoires de tous les autres attaquants, mais moi, à chaque fois que je monte sur un terrain, je pense à ma famille. Je me rappelle d’où je viens et je me souviens que ce n’était pas terrible. » Dans le viseur de l’AC Milan, Osimhen a ensuite pris la direction de Lille, qui a lâché à l’époque un chèque de 14 millions d’euros à Charleroi (le club venait tout juste de l’acheter à Wolfsburg contre 3,5 millions). Là encore, il n’a pas eu besoin de temps d’adaptation.
Après seulement cinq jours d’entraînement avec ses nouveaux partenaires, Osimhen a livré une prestation aboutie pour sa première sortie sous le maillot lillois contre Nantes (2-1), claquant un doublé et dévoilant toute sa panoplie. « Avant d’être un joueur, c’est un équipier et un buteur, se réjouissait dans la foulée Christophe Galtier, qui avait déjà compris que le profil de son nouvel attaquant allait s’avérer précieux pour le jeu de son équipe. Il aime la profondeur et les espaces, mais il a aussi la capacité à être présent dans la surface de réparation. On n’avait pas ce profil dans l’équipe l’an dernier. » Dans un style pas toujours très académique, mais ultra-efficace, Osimhen s’est rapidement imposé comme une pièce essentielle dans les schémas de jeu du technicien lillois, obligé de faire évoluer son équipe différemment en l’absence de Nicolas Pépé. Après un nouveau succès contre Saint-Étienne deux semaines plus tard et un nouveau doublé pour Osimhen, Galtier n’a alors pas caché ses espoirs : « Il a été décisif de par les buts, mais aussi dans le jeu, ce que j’attendais de notre attaquant dans l’intensité qu’on doit mettre à la fois pour récupérer le ballon et pour se projeter vers l’avant. Physiquement, il va s’améliorer. Et il va prendre l’habitude de travailler avec ses partenaires, j’espère que ça ira de mieux en mieux. » Bingo : il restera incontournable tout au long d’une saison tronquée, mais remarquée (18 buts, 6 passes décisives en 38 apparitions toutes compétitions confondues).
Partenaire particulier
En plus de perdre son meilleur buteur, Christophe Galtier sait qu’il laisse filer un homme capable de faire le boulot dans plusieurs systèmes. Souvent utilisé dans un 4-2-3-1 en première partie de saison (de quoi mettre en avant sa qualité de jeu dos au but et sa capacité à recouvrir une grande partie du terrain), Osimhen aura aussi réussi à convaincre son monde dans le 4-4-2, un schéma utilisé par son entraîneur lors des sept derniers matchs avant la coupure. À chaque fois, le coach lillois a choisi d’aligner le duo Osimhen-Rémy – deux joueurs dont il ne disposera pas la saison prochaine, c’est dire le casse-tête à venir –, qui s’est montré très prolifique : sept buts, une passe décisive à eux deux sur ces sept rencontres (six victoires, une défaite contre l’OM). « Victor apporte beaucoup de profondeur et de percussion. Il amène sa valeur athlétique, tandis que Loïc nous donne son expérience, une meilleure maîtrise technique entre les lignes et son sens du déplacement, développait Galtier après un succès contre Strasbourg (2-1) début février. La présence d’un garçon aux côtés de Victor libère des espaces et relâche la pression qu’il peut subir quand il est associé à un deuxième attaquant en soutien. »
Dans un système à deux pointes, Osimhen avait fait très mal à la défense de l’OM en février, profitant du travail de sape de Rémy pour dévorer les espaces. Sur la première image, il file au but tromper Mandanda pour ouvrir le score. Sur la deuxième, il décolle une nouvelle fois entre les deux défenseurs pour prendre la profondeur, mais l’action se termine par un but refusé à Rémy pour une position de hors-jeu.
Reste maintenant à savoir dans quel système Gennaro Gattuso choisira d’utiliser sa nouvelle arme offensive. A priori, Osimhen devrait retrouver la pointe d’un 4-3-3, le schéma préféré de l’ancien milieu italien depuis son arrivée sur le banc de Naples, sachant qu’Arkadiusz Milik, le joueur au profil le plus ressemblant du Nigérian dans l’effectif napolitain cette saison, serait sur le départ. Mais quid de Mertens ? L’international belge est devenu un neuf, un vrai, depuis le passage de Sarri au Napoli. Chez les Partenopei, Osimhen va devoir trouver sa place afin de poursuivre sa progression et confirmer ses ambitions. « Je vais parfois trop vite dans mes mouvements, analysait-il plein de lucidité dans un entretien accordé à France Football à l’automne. Je dois être plus calme et savoir exactement où je vais mettre le ballon dans les filets. J’ai encore beaucoup à apprendre. À la fin de chaque match, je regarde ce que j’ai fait, mes mouvements. Et j’apprends des meilleurs attaquants, comme de mon idole, Didier Drogba. Mais je ne veux pas changer mon jeu. » Gattuso est prévenu, son nouveau poulain n’a pas l’intention de devenir quelqu’un d’autre en Serie A, au sein d’un club qui pourrait être un nouveau tremplin vers un autre championnat, comme la Premier League. « Je vois mon futur, prévenait Osimhen dans l’hebdomadaire. Je le vois encore plus brillant que maintenant. J’espère que dans cinq ans, je regarderai dans le rétroviseur et je me dirai : « Tu as bien avancé dans ta vie. » » En attendant, place au Napoli.
Par Clément Gavard