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Vente de Chelsea : quelle nuance de bleu à l’horizon ?

Par Nicolas Jucha
Vente de Chelsea : quelle nuance de bleu à l’horizon ?

Sauf revirement de situation, Chelsea changera de mains à la fin du mois de mai. Terminé l'ère Roman Abramovitch, ses deux Ligues des champions et sa stabilité sportive, place à un consortium mené par l'homme d'affaires américain Todd Boehly. Avec de nouveaux propriétaires, les Blues se maintiendront-ils dans l'élite européenne ?

La journée était presque parfaite, pour Todd Boehly. Le matin, un communiqué pour annoncer le deal avec Roman Abramovitch pour environ 4,5 milliards d’euros. L’après-midi, un doublé de Romelu Lukaku pour fêter sous les meilleurs auspices le futur changement d’ère à Chelsea. Puis, la machine s’est grippée avec une réduction du score de Trincão avant l’égalisation dans le bout du bout du temps additionnel par Coady (2-2)… La place en Ligue des champions des Bluesne sera donc pas sécurisée ce week-end, à l’image d’un processus de vente qui devra quant à lui passer au révélateur du « owner’s and director’s test » de la Premier League et du gouvernement britannique avant d’être acté. Ce qui permettrait au club londonien de reprendre une vie économique normale, de l’exploitation de son stade à la vente de produits dérivés, sans oublier la reprise des négociations de transferts ou de renouvellements de contrat.

Diversification d’activités dans le sport business pour Boehly

Contraint de vendre son jouet onéreux depuis que ses actifs britanniques ont été gelés, Roman Abramovitch avait donc porté son choix vendredi sur le consortium mené par Boehly pour une négociation exclusive de maximum cinq jours. L’offre : l’équivalent de 3 milliards d’euros pour racheter les parts du milliardaire russe, et environ 1,5 de plus pour investir dans l’institution dans la décennie à venir. La solvabilité de l’acheteur ? Plutôt convaincante. Boehly n’est pas néophyte du sport business : 20% des parts de la franchise de baseball des Los Angeles Dodgers, d’autres parts dans la franchise de basket des Los Angeles Lakers ou celles des Los Angeles Sparks, dans la ligue féminine. Aux côtés de celui qui avait déjà tenté d’acheter Chelsea en 2019, quelques autres poids lourds sur le plan financier : Mark Walter, partenaire récurrent de Boehly dans ses investissements sportifs, le milliardaire suisse Hansjörg Wyss ou encore Jonathan Goldstein, un entrepreneur britannique.

Joue-la comme Liverpool ?

Qu’attendre de ce nouvel actionnariat, pour les amoureux des Blues? Roman Abramovitch était arrivé à la tête du club à l’été 2003, bien avant le fair-play financier, Abu Dhabi et le Qatar. Ses investissements record d’il y a deux décennies ne seront, a priori, pas le mode opératoire des nouveaux patrons. D’une part car les Londoniens étaient revenus à une approche plus équilibrée dans la dernière décennie, avec une balance des transferts régulièrement bénéficiaires. D’autre part car Boehly et son collectif ne seront pas là pour faire du mécénat ou du soft power, mais bien du business. L’approche devrait donc plus ressembler à l’influence de Fenway Sports Group à Liverpool qu’à celle d’Abu Dhabi sur Manchester City. Du rationnel…

Mount, James, Kanté : premières urgences

À court terme, cela impliquerait un accent mis sur la continuité sportive plutôt que la révolution. Il se dit que Thomas Tuchel, sous contrat jusqu’en 2024, serait voué à garder sa place et même à gagner en influence. Dans l’effectif, on prête à la nouvelle direction le souhait d’entamer au plus vite les négociations pour garder les pépites locales Mason Mount et Reece James. Les éventuels chamboulements à venir viendront plus des contraintes contractuelles – fins d’engagement de Jorginho ou N’Golo Kanté en 2023, pour lesquels des choix devront être faits – ou des desiderata de joueurs mécontents de leurs temps de jeu, comme Christian Pulisic. Si Jim Ratcliffe – qui s’était positionné trop tardivement pour le rachat – disait vouloir agrandir Stamford Bridge et faire des Bluesun Real Madrid sauce londonienne, Boehly et sa team ne promettent ni clinquant ni spectaculaire : limiter la fuite des talents à la suite des sanctions – Rüdiger a déjà un accord avec le Real Madrid, et Christiansen devrait plier bagages pour Barcelone -, sécuriser la force de frappe sportive de l’effectif puis valoriser l’institution pour tenter fort probablement de la revendre avec une grosse plus-value dans les dix ou quinze ans. Un gros challenge, pour un club qui a gagné deux C1 dans la dernière décennie.

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