- CDM 2019
- Demies
- Pays-Bas-Suède
Van de Sanden, Oranje fluo
Lieke Martens étant incertaine, les espoirs offensifs des Pays-Bas reposeront sur la joueuse de l’OL Shanice van de Sanden pour faire péter la défense de la Suède, ce mercredi, en demi-finale du Mondial. Et quoi de mieux que le Groupama Stadium de Lyon pour lancer enfin un Mondial que cette adepte des coiffures extravagantes devait maquiller de son empreinte ?
Loin des yeux, loin du cœur. À Lyon, pour défier la Suède en demi-finale du Mondial, l’équipe des Pays-Bas débarquerait presque la boule au ventre, à des centaines de kilomètres de son stade du Hainaut valenciennois chéri. Là où 20 000 fans des Oranje avaient soutenu leur équipe dans le Nord, ils ne seront que 2500 à s’époumoner devant les exploits des leurs. Les joueuses néerlandaises sont-elles vraiment prêtes pour ça ? Prêtes pour apprivoiser l’antre du meilleur club féminin européen et ses 60 000 places ? Oui, à en croire la sélectionneuse Sarina Wiegman, grâce à la présence d’une infiltrée dans son groupe. « C’est un magnifique stade à Lyon. J’ai déjà vu Shanice y jouer en Ligue des champions, j’ai aimé l’ambiance » , racontait l’ancienne internationale en conférence de presse. Shanice, c’est Shanice van de Sanden, pilier des Oranjevrouwen, qui évolue depuis 2017 à l’OL et qui se sentira comme un poisson dans l’eau au Groupama Stadium.
« Je suis de retour à la maison, Lyon ! » Sur les réseaux sociaux, l’ailière droite de 26 ans ne cachait pas sa joie de retrouver son chez-soi. Aux Pays-Bas, tout le monde s’en réjouit aussi, et pas seulement pour que « Sjaan » fasse office de concierge auprès de ses partenaires. L’objectif est surtout de permettre à la native d’Utrecht de lancer véritablement son Mondial dans un environnement familier. Car jusqu’ici, celle qui devait illuminer l’attaque des Lionnes avec Lieke Martens se distingue surtout par ses ratés, à l’image de son quart de finale contre l’Italie (2-0) où elle a accumulé accélérations sans queue ni tête et centres indignes. Largement de quoi faire resurgir les critiques sur son style de jeu, que d’aucuns résument grossièrement à sa pointe de vitesse.
« Ma vie est quand même géniale »
Mais là où nombre de joueuses tireraient la tronche, se feraient petites et fuiraient supporters et médias comme la peste, l’ancienne joueuse de Liverpool reste la Néerlandaise la plus en vue. Et pas uniquement pour son style extravagant, coiffure léopard et rouge à lèvres rouge vif à l’appui. « Je suis une vraie expressive. Ça, c’est Sjaan. Certains trouveront ça exagéré, mais c’est comme ça que je me comporte en dehors du foot. Je suis ouverte, même envers les inconnus, et j’aime apprendre à connaître de nouveaux gens. J’essaye toujours d’aider et d’être positive. » Un caractère qui lui a rapidement permis de devenir la coqueluche des supporters néerlandais, et de le rester en France malgré ses actuelles contre-performances. Pendant le Mondial, chaque prise de balle de la joueuse d’origine surinamienne est saluée par des vivats, quand Sjaan ne les provoque pas elle-même en se fendant de son move caractéristique – une main derrière l’oreille façon Depay.
Le sourire Colgate jusqu’aux oreilles vissé en permanence sur son visage, Van de Sanden ne l’a pourtant pas toujours arboré. Élevée dans une famille de six enfants nés de trois pères différents, la petite Shanice a très tôt dû mettre la main à la pâte pour aider sa mère financièrement, en faisant la tournée des journaux de son quartier sur son vélo. L’une des rares occasions pour elle de pointer le nez hors de sa chambre, elle la solitaire rivée sur MSN ou son portable. Ce n’est qu’à l’âge de 12 ans que la petite Shanice apprend l’existence du football, quand son voisin l’inscrit au club du coin. Quatre ans plus tard, l’Euro 2009 se dispute avec elle. Huit de plus et la voilà sacrée championne d’Europe à domicile. « Et aujourd’hui, je gagne des titres avec Lyon.(…)Ma vie est quand même géniale » , confiait elle à Voetbal International.
Un parcours presque trop beau pour être vrai qu’a choisi de retenir Van de Sanden en toutes circonstances, pour continuer de voir la vie en rose malgré les passages à vide (comme ses cinq ans d’absence en équipe nationale) et les haters, nombreux à s’attaquer à son style. « Certains me disent : « Elle fait juste ça pour attirer l’attention. » En fait, je voulais faire quelque chose de spécial pour le Mondial. Je suis comme ça, j’aime les choses un peu à part. » À partir de là, impossible de voir la Lyonnaise douter, et surtout pas contre la Suède ce mercredi. « Si je ne fais rien de bien pendant trois matchs, il se peut que la sélectionneuse me remplace. Mais je pense que pendant une rencontre où je joue mal, il y a toujours un « moment Sjaan« . » Et ça, le Groupama Stadium le sait mieux que personne.
Par Douglas de Graaf