Bon, elle ressemble à quoi une journée de veille de match à 18h30, à l’extérieur ?
On avait rendez-vous à 16h30 à l’aéroport jeudi. On décolle à 17h30 et, en général, on arrive une heure plus tard. Bah là, on n’a mis qu’une demi-heure vu qu’on est à Caen. On arrive à l’hôtel, on pose nos affaires dans les chambres, on va manger et après le repas, on se pose dans les chambres jusqu’au lendemain matin. Après, déjeuner, promenade, vidéo, on mange, on se repose et on va au stade. Si le match avait été à 20 heures, on serait parti le jour du match. Mais en gros, ça ne change pas grand-chose pour nous, un match à 18h30.
Quelque chose a changé pour toi depuis le week-end dernier : tu as marqué pour la première fois en Ligue 1, contre Troyes. T’as reçu combien de messages à peu près ?
Oulala, je compte les réseaux sociaux ou pas ? Franchement, sans les réseaux sociaux, j’ai dû recevoir une centaine de SMS, et avec les réseaux sociaux, j’ai dû en recevoir 300. Des messages persos, hein. Après, on m’a identifié dans des liens ou des tweets. C’était surtout des messages de félicitations, des messages de gamins aussi qui disaient que j’étais leur joueur préféré, que j’étais leur idole, que j’étais trop fort (rires). Enfin, tu vois un peu le genre, les petits qui s’identifient à nous… Sinon, c’était essentiellement mes potes ou alors des gens avec qui j’avais pas causé depuis longtemps qui sont redevenus des potes (rires). « Ah, j’ai vu ton but et tout, c’est vachement bien… T’aurais pas une paire de chaussures ? » Non, je déconne, même si j’ai déjà reçu des messages comme ça. En tout cas, j’ai pas pu répondre à tout le monde. Je dirais à la moitié.
Une fois que tu marques contre Troyes, t’as l’air tout surpris, tu réalises pas tout de suite…
En fait, c’est allé super vite. La balle vient, je frappe, je la vois au fond des filets. Directement, j’ai pensé à mes parents et ma copine qui étaient à la Beaujoire dans la tribune, et c’est pour ça que je les montre direct du doigt. On le voit bien sur le ralenti. Oui, parce que je l’ai regardé, le ralenti. Et après, dans ma course, j’ai commencé à le réaliser et je suis allé le célébrer avec Léo (Léo Dubois, ndlr). J’étais content dès le but marqué, mais j’étais dans l’euphorie, je savais pas trop comment réagir, sur l’instant. J’ai pas trop l’habitude, en plus, de ce genre de situations.
T’envoies un sacré pétard quand même… On t’a crié un truc du genre « Fraaaappe, fraappe » ?
Non, pas du tout. J’entends surtout Wilfried (Moimbé, ndlr) qui fait un appel sur ma gauche, parce qu’il est vraiment tout seul. Moi, je demande à Adrien (Adrien Thomasson, ndlr) de la remiser et j’ai eu l’idée de frapper. Et puis c’est rentré.
Plutôt relâché le mec sur la frappe…
Ouais, ouais. Quand on revoit les images, on voit que je mets pas beaucoup de puissance finalement. Le ballon vient bien et ma jambe est bien relâchée. Et ça part tout seul.
Tant qu’on te tient, qu’est-ce qui cloche à Troyes ? On a l’impression qu’ils ne sont pas embêtés avec le ballon, mais ils arrivent à en prendre 6 contre un OM mal en point et 3 contre un Nantes qu’on a déjà vu meilleur. Comment on peut expliquer ça ?
Le problème, c’est qu’ils sont tellement offensifs, tellement dans la générosité, dans les appels les uns pour les autres qu’ils en oublient l’aspect défensif, en fait. Après, ils se découvrent complètement et il y a des espaces de malade. Alors après, sur les buts qu’on marque, ils étaient à peu près en place, mais ils ne réagissent pas assez rapidement sur le porteur. Sur mon but, tu vois, ils me laissent frapper. Quand tu vois le but de Youssouf (Sabaly, ndlr), tu vois que le défenseur de Troyes (Quentin Othon, ndlr) le laisse complètement faire, et le dernier but, c’est une erreur de Mavinga. Mais on l’avait vu à la vidéo : ils courent, ils courent pour attaquer, ils y vont, ils font des assauts à 5, 6, 7, mais après, ils prennent des contres dans la tête. Mais ils auraient pu nous mettre un ou deux buts. Le score peut même paraître sévère. Ils nous ont mis en difficulté, et puis ils vont vite vers l’avant, ils prennent les intervalles, ils sont explosifs.
Je vais emmener mon Thermomix dans mon nouvel appart. Je me ferai des bons petits plats, même si je n’ai pas appris de nouvelles recettes depuis un an
Revenons à ton but. As-tu découvert la valeur d’une prime de but de Valentin Rongier au FC Nantes depuis samedi dernier ?
Nan, je ne fais pas encore partie de ces joueurs-là, qui ont la prime quand ils marquent un but.
Pas de prime de beau but non plus ?
Ah non, malheureusement. Je ne me sens pas encore prêt pour demander au président une prime pour un but. Mais tu sais, les primes de but ne sont pas dans tous les contrats, hein. Elles sont essentiellement dans ceux des attaquants, je pense. Ou alors un milieu de terrain qui renégocie son contrat et qui a déjà une bonne centaine de matchs en pro, parce qu’il peut demander des choses. Mais ici, c’est pas fréquent pour les milieux.
Tu l’avais déjà rêvé ton premier but ou pas ?
Je te cache pas que je me suis déjà fait des films, mais jamais particulièrement mon premier but. Mais dans mes films, je marquais pas forcément de loin, plus des buts de raccroc. Mais je me suis déjà fait un ou deux films où je marquais à la Beaujoire. Ça m’a quand même mis un sacré coup d’adrénaline ce but dans mon stade, avec Nantes. J’ai essayé de me reconcentrer directement parce que, même quand l’arbitre a sifflé, j’étais encore un peu dans l’euphorie et je voulais pas faire de boulette qui aurait pu annuler mon but. Donc je me suis remis dans le truc pour pouvoir en profiter après la rencontre.
Y a un bizutage quand on marque son premier but chez les pros ?
Ils ont essayé de me faire payer les pizzas, mais comme j’avais déjà marqué en Coupe de France, c’est bon, je suis passé au travers. J’ai eu un peu de chance.
Tu sais que tu suis les traces de Rémi Maréval, Fodil Hadjadj et Ariza Makukula, tous les trois auteurs des dernières grosses mines nantaises ? Pas rien…
Ah mais je me souviens très bien du but de Maréval. Il était exceptionnel quand même. Fantastique. Elle est bien plus impressionnante que ma frappe, hein. Il est plus loin, la courbe est plus belle, c’est contre Marseille. Bon, y a pas de débats quoi.
Pour finir, prenons des nouvelles de ce futur appartement ? As-tu quitté la maison familiale ?
Et bien écoute, je peux t’annoncer que j’ai signé le compromis d’achat il y a trois semaines. La date butoir pour emménager, c’est le 7 janvier, c’est vu avec le notaire. Donc d’ici début janvier, je serai installé dans mon appartement. Je serai dans le centre de Nantes, pas loin du marché de Talensac. Ce sera parfait pour le dimanche matin après l’entraînement, pour aller se chercher un petit poulet, des petits légumes. Et je ferai peut-être mon velouté de carottes. Je vais emmener mon Thermomix, t’inquiète pas. Je me ferai des bons petits plats. Mais je n’ai pas appris de nouvelles recettes depuis un an. Ma mère fait tellement bien la cuisine que je lui laisse ce plaisir-là. Faut que j’en profite, ça va pas durer. Quoique… je suis sûr que quand je serai en rade ou que j’aurai la flemme, je pourrai toujours retourner chez ma petite maman pour repartir avec des petites boîtes…
Lucas, Digne de confiance