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Upamecano, Dayot et des bas
Après avoir fêté sa première sélection samedi, Dayot Upamecano a inscrit son premier but en sélection contre la Croatie. Un coup de casque qui ne doit pas faire oublier une prestation difficile pour le défenseur de 21 ans, paralysé par les évènements et en plein apprentissage.
Quand il ne restera plus que le tableau d’affichage pour se souvenir de cette rencontre entre la France et la Croatie, Dayot Upamecano lâchera sûrement un sourire. Ce mardi soir, sur la pelouse d’une enceinte dyonisienne tristement silencieuse, le défenseur de 21 ans s’est offert une jolie relique en marquant le premier but de sa carrière internationale. 65e minute : comme son modèle Sergio Ramos, le colosse du RB Leipzig prend son envol sur un corner botté par Griezmann et claque une tête piquée, touchée par Dominik Livaković, mais suffisante pour redonner l’avantage aux Bleus. Un grand moment pour Upamecano ? Peut-être, mais la célébration est à l’image du bonhomme : discrète. Un bref câlin à Giroud, un doigt levé vers le ciel, quelques tapes dans les mimines des copains et un sourire à peine esquissé. L’ancien gars de VA n’est pas du genre à verser dans l’exubérance. Mieux : par souci de perfectionnisme, il sait peut-être que ce premier pion le sauve d’un match complètement manqué.
Pression et leçons
« J’ai envie d’apprendre de Didier Deschamps », lâchait timidement Upamecano la semaine dernière lors de son premier point presse chez les Bleus. En l’espace de trois jours, le jeune nouveau aura surtout appris sur le terrain, disputant l’intégralité des deux rencontres face à la Suède et la Croatie (le seul du groupe dans ce cas avec Hugo Lloris). Pas de public ? Peu d’enjeu ? Cela n’aura pas empêché Upamecano de faire figure de bizut au milieu des grands. Son aventure tricolore avait commencé par une faute de cochon – qui aurait presque pu lui coûter un rouge direct – et une biscotte après seulement deux minutes de jeu, samedi soir à Solna. Elle s’est poursuivie soixante-douze heures plus tard avec une grande joie, mais aussi une prestation très médiocre contre la Croatie. Au-delà du coup de casque, Upamecano a trop longtemps bafouillé son football, affichant une fébrilité étonnante défensivement comme à la relance. Pas impérial dans les airs, ni au sol, le défenseur lipsien s’est montré beaucoup trop imprécis dans ses interventions, brouillon dans ses passes (11 pertes de balle) et naïf dans les duels (50% de gagnés). Une scène pour illustrer cette faiblesse : un ballon perdu à droite de la surface à la 14e minute, qui aurait dû se transformer en but si les Croates n’avaient pas mal joué le coup.
Comment expliquer le délitement d’un homme qui avait regardé les costauds de l’Atlético dans les yeux le mois dernier, avant d’être le seul Lipsien à ne pas se noyer face au PSG ? Une image pour une différence frappante : Eduardo Camavinga, l’autre novice de ce rassemblement, aura montré en trente minutes qu’il préférait glisser sur la pression plutôt que de la prendre en pleine tronche façon Upamecano. Dans le système en 3-5-2 concocté par Didier Deschamps sur ces deux sorties, le défenseur était pourtant dans son élément, son entraîneur en club Julian Nagelsmann le faisant très régulièrement jouer dans une défense à trois. « Il a dégagé beaucoup de présence dans le domaine défensif et il est dans un système qu’il connaît, même s’il a plutôt tendance à jouer dans une position axiale dans les trois de Leipzig, complétait Deschamps après le succès en Suède. Il faut prendre plein de choses en compte dans l’analyse. Forcément, il est capable de dégager plus de maîtrise, mais c’est un tout jeune joueur, et ce match va lui servir pour les suivants. » Comparé à Marcel Desailly par Gérard Houllier, Upamecano n’aura pas vraiment su dévoiler toute sa panoplie sur ses deux premières sorties sous le maillot bleu, ne parvenant pas à faire parler sa qualité de relance ou sa capacité à se projeter vers l’avant. « Ça n’a pas été le seul à connaître des difficultés, on a été un peu passifs dans les trente premières minutes, a tempéré Hugo Lloris devant les médias, en bon capitaine. Il y a eu un peu de fébrilité par moment, mais à titre individuel, il a su montrer de la personnalité et marquer. Ça reste un jeune joueur, ce n’était que son deuxième match international, il faut mettre en avant le positif. Il apprendra de ces deux matchs, c’est sûr. » Vivement le mois d’octobre pour les prochaines leçons.
Par Clément Gavard, au Stade de France
Propos de Lloris recueillis par MB