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Un Andrés vous manque…
Blessé mi-octobre, Andrés Iniesta est de retour pour le Clásico. Un renfort de poids, tant son absence semble avoir été préjudiciable à Barcelone. Qui, visiblement, ne peut toujours pas se passer de son milieu espagnol.
C’était à Valence, un soir d’octobre. Le 22, précisément. Sur la pelouse du stade de Mestalla, Andrés Iniesta danse avec le ballon, comme à son habitude. Sur son chemin, Enzo Pérez. Sur le coup, le tacle régulier du milieu de terrain ne semble pas particulièrement violent. Sauf que l’artiste ne se relève pas. Pire : il souffre. Il se tient le genou et son visage est déformé par la douleur. Connaissant le bonhomme, on sait que la simulation est impossible. Le poing frappe l’herbe, la main l’agrippe, les doigts la frottent : les plus émotifs ont déjà les yeux mouillés. La civière arrive et embarque le Barcelonais qui cache ses larmes, l’amenant loin, très loin du lieu où il donne du plaisir depuis maintenant plus de quinze ans. À savoir un terrain de football.
Peu après, les médias font état d’une grave blessure potentielle pour l’Espagnol. Certains évoquent carrément plusieurs mois d’indisponibilité. Victime d’une lésion partielle du ligament externe du genou droit, le joueur ne devrait finalement louper « que » six à huit semaines de compétition, rassure le club dans un communiqué, qui estime donc que l’année 2016 d’Iniesta est terminée. Un peu plus d’un mois après, le garçon est déjà de retour dans le groupe pour affronter le Real Madrid, déjouant tous les pronostics. Et pour Barcelone, c’est évidemment une excellente nouvelle. Car s’il ne sera sûrement pas titulaire d’entrée lors du Clásico – le risque de rechute étant beaucoup trop grand dans un match qui promet une forte intensité et des duels plutôt costauds -, Andrés Iniesta va sans doute faire énormément de bien dans les semaines à venir à une équipe qui, actuellement, patine dans la semoule.
Une salade catalane sans sa vinaigrette
L’information ne date pas d’aujourd’hui, mais se confirme année après année, saison après saison. Le FC Barcelone sans Iniesta, c’est comme des frites sans mayonnaise, comme Joey Starr sans Kool Shen, comme Dragon Ball Z sans Vegeta : ça manque de goût, de poésie et d’inspiration. À ceux qui osaient reprocher au champion du monde 2010 ses trente-deux ans et la lenteur qui les accompagne, l’absence du monsieur a une nouvelle montré combien Andrés restait indispensable à son équipe de cœur. Depuis que son genou a lâché, sa team a en effet beaucoup de mal à retrouver son football. Les Catalans n’ont pas gagné une seule fois par deux buts d’écart sur la scène nationale et restent sur trois matchs nuls (0-0 à Málaga où ils auraient dû gagner, 1-1 à la Sociedad où ils auraient dû perdre et 1-1 à Alicante en coupe). Les occasions se font moins nettes et moins nombreuses. Au terme de la 9e journée, celle qui a vu Iniesta se blesser, le leader madrilène était à trois unités. En un mois, cette avance a doublé et le FCB compte désormais six points de retard. Surtout, avec son maestro, le champion d’Espagne en titre sortait d’un superbe succès au Camp Nou face à Manchester City (4-0). Sans lui, les Blaugrana ont coulé en Angleterre quinze jours plus tard (1-3).
Indispensable
Coïncidence ? Concours de circonstances ? Pas vraiment. Depuis le départ de l’ami Xavi en 2014, le Barça s’appuie sur un milieu triangulaire composé de Sergio Busquets, Ivan Rakitić et Iniesta. Sans cette triplette, la bande à Messi n’y arrive pas, ou avec grande difficulté. Dans cet entrejeu, Iniesta joue le rôle du créateur, de l’artiste de l’ombre dont la reconnaissance est muselée par le spectacle grandiose offert par la MSN. Pourtant, c’est bien lui qui est chargé de trouver la première faille, l’espace fatal à l’adversaire, la première différence, la passe magique. Or, sur le banc catalan, personne ne lui arrive à la cheville. André Gomes fait ce qu’il peut, mais sa bonne frappe de balle ne masque pas l’évidence. Rafinha n’a jamais réussi à s’imposer dans le onze type et les dernières prestations ne plaident pas forcément en sa faveur. Denis Suárez vient juste d’arriver (ou de revenir, c’est selon) et n’a pas encore totalement incorporé la philosophie barcelonaise. Dès lors, peut-on considérer Andrés Iniesta comme un irremplaçable ? La réponse est oui. Encore et toujours. Et peut-être pour plus longtemps qu’on ne l’imagine.
Par Florian Cadu