- France
- Ligue 1
- Retraite Mickaël Landreau
Tu sais que tu as grandi en aimant Mickaël Landreau
Mickaël Landreau a confirmé sa retraite après le Bastia-Nantes qui clôture la saison. Micka retraité à 35 ans... Tu prends un petit coup de vieux, parce que dans le fond, tu as grandi avec lui.
– quand tu l’appelles « Micka » . S’il s’était appelé Kévin, tu l’aurais sans doute affublé de « Kéké » .
– quand toi aussi, t’as longtemps hésité entre deux sports. Sauf que toi, comme un con, t’as choisi les études.
– quand tu te demandes ce que devient Anne-Gaëlle Sidot, l’un des seuls rayons de soleil esthétiques du tennis féminin français, avec Mathilde Johansson. D’ailleurs, tu n’aimes pas trop Sandrine Testud ou Julie Halard. Encore moins Nathalie Tauziat.
– quand tu te demandes ce que devient McFadden, mais pas pour les mêmes raisons.
– quand tu tentes des panenkas en jogging dans ton jardin. Parce que oui, le Stade de France, c’est un peu le jardin de Micka.
– quand tu allais au Cookoo, une boîte de Nantes connue des Canaris. La légende urbaine raconte qu’elle appartient à Makelele, ou à Karembeu ou à Desailly, selon l’alcool choisi. Sur la piste, Landreau était d’ailleurs bien plus sage que Greg’ Pujol, un sacré ambianceur.
– quand, au milieu droit de la tribune Erdre, tu entendais, à tous les matchs, lors d’un moment de silence, un supporter chauve à bouc, sosie discount de Barthez, crier « Landreau, dans tes buts » . Oui, Micka aime participer au jeu.
– quand tu as chanté l’hymne à la Beaujoire, une belle saleté pour l’oreille qui t’a tout de même porté bonheur.
– quand tu t’es mis à soutenir la lutte contre l’insécurité routière.
– quand tu trouves logique la comparaison à Ettorri. Sans parler du talent, rien que pour leur nez cabossé. Et t’as une pensée pour Jean Mamère d’ailleurs, si t’as plus de 25 ans.
– quand tu t’es demandé ce qu’il y avait derrière ce sponsor Eurest. Synergie, tu le sais en revanche, c’est une boîte d’intérim. Bien meilleure que Manpower et Adecco.
– quand tu sais comment prononcer Machecoul ou Arthon-en-Retz. Ouais, pas loin du Safari Parc de Port-Saint-Père. Une pépite du 4-4.
– quand, même avec Loïc Guillon ou Pascal Delhommeau derrière, t’étais assez serein sur ta défense. Pierre-Yves André devant, ça t’inquiétait un peu plus en revanche.
– quand, à un tournoi de sixte avec tes potes, t’as partagé le lever de coupe du vainqueur avec le capitaine adverse.
– quand tu n’aimes pas l’hélicoptère, un truc juste bon pour transporter les hommes d’affaires brésiliens ou les accidentés en montagne.
– quand tu as horreur de Tignes, une station surfaite. La montagne, c’est pour l’hiver, glacier ou pas. L’été, tu le sais très bien, c’est pas pour un camp d’oxygénation de footeux, à coller la chiasse à Lassana Diarra. L’été, la montagne n’a qu’une seule utilité : le Tour de France.
– quand tu attendais la même chose de Micka sur pénalty, que Lyon de Juninho sur coup franc.
– quand tu sais que le seul qui a eu raison de se positionner un peu plus à gauche, c’est Micka face à Ronaldinho. Pas François Bayrou.
– quand toi aussi, tu savais que Loïc Amisse n’était pas fait pour la situation au FC Nantes. Entraîneur, c’est pas un truc d’ailier. Comme si l’immense Christian Pérez était devenu coach de Nîmes. Non, aujourd’hui, il bosse chez Lotto, au service commercial.
– quand, au poste de gardien de but, tu ne restes jamais inactif dans ta surface. Même sur corner adverse, ou quand ton équipe marche sur l’adversaire, tu t’entretiens dans tes 18.
– quand tu loues l’importance du jeu au pied dans le foot moderne. Moins le duel aérien. ça reste quand même la mission de tes stoppeurs.
– quand tu aimes les joggins fuseaux de gardien. Un goal, ça se met pas en short. T’as déjà vu Bernard Lama en short toi ?
– quand tu défends contre vents et marées la carrière couteau-suisse de Nicolas Savinaud. Un mec bien. Parce que pote de Micka déjà.
– quand pour toi, le renouveau du Coq Sportif, c’est grâce au FC Nantes de Micka. Et pas à Yannick Noah, que tu associes inévitablement à Sloggi.
– quand tu t’impliques, parfois trop, à tort ou à raison, dans les discussions tactiques du coach.
– quand tu as déjà faisandé un dégagement aux poings. Mais un seul. Sur plus de 700 matchs.
– quand tu es parfois la victime d’une hype. Micka, c’était la Sébastien Frey et un poivre et sel qui n’avait rien de naturel. Imposteur.
– quand tu dis que le PSG doit son maintien en Ligue 1 un peu plus à Micka Landreau qu’à Amara Diané, sur l’ensemble de son œuvre. Et quelque part, on se dit qu’il y a une justice.
– quand tu sais que son départ de Nantes allait être dur à digérer. T’avais pas confiance en Gripond, encore moins en Roussillon. Un mec en sous-pull.
– quand tu ne t’en fais pas trop pour le genou que tu vas te flinguer au ski cet hiver. Trois mois plus tard, tu seras sur pieds, pour faire les derniers matchs de la saison. Les meilleurs, avec les premiers soleils et la sueur qui pique les yeux.
– quand tu sais qu’il n’a pas eu besoin de Cécile Simeone pour avoir la reconnaissance de ses pairs.
– quand tu n’as pas peur de courir un marathon, sans entraînement, sous 50 degrés. Comme Micka, pour sa première dans les cages, à Furiani, à 17 ans.
– quand tu aimes le maillot Nouvelles Frontières du Bastia de l’époque. Celui du génial Lubo Moravcik a permis de sublimer et de crédibiliser Micka dans l’élite.
– quand tu sais que même avec Landreau dans les buts, même pas 16 ans, tu n’aurais jamais pris une branlée à Leverkusen en 1995. Et tu filais droit vers une victoire en C3. Saloperie d’Ulf Kirsten. Et de Jean-Louis Garcia surtout.
* Papier publié en décembre dernier à l’occasion du record battu par Landreau de matchs disputés en Ligue 1
Par Ronan Boscher