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Top 50 : Les meilleurs surnoms du foot (20 à 11)

Par Antoine Beaudet et Adrien Candau

Poétique, comique ou tragique, le surnom est le b.a.-ba de l'« iconisation » du joueur de foot. Revue d'effectif lyrique - mais non exhaustive - des plus beaux blases qui ont participé à mythifier l'histoire du jeu.

#20 - Juan Alberto Schiaffino - El Dios del fútbol

Juan Alberto Schiaffino – El Dios del fútbol

Un homme de superlatifs. Souvent présenté comme le plus grand joueur uruguayen de tous les temps, Schiaffino participe à traumatiser le Brésil tout entier, en terrassant la Seleção au Maracanã, en finale du mondial 1950. La faute, notamment, à un but de Don Juan. Grand architecte du drame du Maracanaço, ce numéro 10 hors norme gagne partout où il passe. À Peñarol, où il remporte quatre championnats nationaux, puis à l’AC Milan, avec qui il soulève trois Scudetti. Son coéquipier Cesare Maldini dira de lui « qu’il avait un radar à la place du cerveau » . L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano sera un poil plus lyrique : « Schiaffino, avec son jeu magistral, organisait le jeu de son équipe comme s’il observait le terrain depuis la plus haute tour du stade. » Et si Schiaffino avait toujours pu observer la terre vue du ciel ? C’est du moins ce que semble indiquer son surnom céleste : El Dios del fútbol.

#19 - Claude Makélélé - Mi-cuisse

Claude Makélélé – Mi-cuisse

Lors de son arrivée à Nantes, il se murmure que les coéquipiers de Claude furent passablement impressionnés par sa troisième jambe. Un don du ciel qui donnera lieu à l’une des anecdotes les plus mythiques de la Division 1. À la sortie des douches nantaises, le milieu de terrain tombe sur son coach, Coco Suaudeau. L’entraîneur ne manque alors pas de complimenter la physionomie de son joueur : « Vous avez vu la queue qu’il a, il doit faire du bien à sa copine. » Ce que Jean-Claude ne savait pas, c’est que la chère et tendre du jeune milieu défensif était alors sa fille. La suite a évidemment pris des airs de telenovela, comme le raconte l’ex-Canari Nicolas Ouédec : « La femme de Jean-René, le meilleur pote de Coco, a su que Claude fréquentait sa fille. Donc forcément, Jean-René l’a su, et l’a dit à Coco. Coco avait sa fille à la maison encore… Ça a complètement fait foirer le stage de début de saison… Coco était abattu. On le voyait à sa tête, il n’avait plus d’enthousiasme. D’un seul coup, il ne voyait plus Claude comme un de ses « fistons  », mais comme s’il avait été trahi, un peu. » Une histoire qui est décidément partie en zgeg.

#18 - Luis Suárez - Le Cannibale

Luis Suárez – Le Cannibale

Trois. C’est le nombre de cas de morsures recensés par la FIFA contre Luis Suárez. Une première à l’Ajax, sur la jugulaire de l’attaquant du PSV Otman Bakkal. Une seconde avec Liverpool : l’Uruguayen avait saisi le bras d’Ivanović, avant de le croquer goulument pendant plusieurs secondes. La troisième, lors de la Coupe du monde 2014 avec la Celeste: Suárez tente un coup de mâchoire par derrière, sur l’épaule de Giorgio Chiellini. Et se fait dès lors connaître dans le monde entier pour ses pétages de plomb anthropophages. Mais pas de panique : Luis se soigne, en se rendant depuis régulièrement chez un psychologue pour traiter ses pulsions.

#17 - Carlo Parola - Signor Rovesciata

Carlo Parola – Signor Rovesciata

Longtemps représenté en action sur les pochettes Panini, ce classieux défenseur de la Juventus a été immortalisé sur l’un des clichés les plus célèbres du football italien d’après-guerre. On l’y voit lors d’un match face à la Fiorentina réaliser une bicyclette majestueuse, son geste de prédilection. Présent ce 15 janvier 1950, le journaliste Corrado Banchi n’en croit pas ses yeux : « Soudain, j’ai vu un saut impérieux. Une envolée dans le ciel. Un geste au style unique. Une ovation accompagne alors l’exploit de Parola. » Celui qui alignera plus de 300 matchs avec la Juve maîtrisait si bien son affaire qu’elle lui vaudra son majestueux surnom : «  Signor Rovesciata . » Monsieur Bicyclette.

#16 - Telmo Zarra - Telmito Le Peureux

Telmo Zarra – Telmito Le Peureux

Si vous tapez « footballeur monstrueux inconnu » sur votre moteur de recherche préféré, il est probable que vous tombiez sur Telmo Zarra. Lors de ses 15 saisons à l’Athletic Bilbao, l’Espagnol aura été six fois Pichichi, soulevé cinq Copa Del Rey et même une Liga. Le tout en plantant 251 buts en championnat. Un record qui sera battu par Léo Messi en 2014, soit presque 60 ans après. Pas sûr, néanmoins, que Zarra ait mal pris la chose. Furtif, maladivement timide, Telmo se tient éloigné des lumières médiatiques. Il dira lui-même : « J’ai toujours été très peureux et gêné. Même quand je jouais, je l’étais. […] J’ai toujours été très prudent. Si le défenseur était très dur et que j’y allais avec un désavantage, j’essayais de ne pas disputer le ballon. » Pour toujours, le Basque sera donc Telmito le peureux.

#15 - Roberto Baggio - Il Divin Codino

Roberto Baggio – Il Divin Codino

La paternité du surnom du Divin à la queue de cheval reste inconnue. Le mystère de la coupe de cheveux singulière de Baggio a en revanche été levé par le principal intéressé. En congé dans un hôtel aux USA, le prodige de la Juve complimente une serveuse pour ses tresses, qui lui suggère en retour de s’essayer à quelques expérimentations capillaires. « Je les ai attachés avec un simple élastique, et ça m’a tout de suite plu. » Suffisant pour que les journalistes lui inventent un surnom devenu légendaire. Mais aussi pour faire craquer Madonna, qui le qualifiera de « joueur le plus mignon » de la Coupe du monde 1994. Même les compliments de la Reine de la pop ne pourront cependant pas consoler le fuoriclasse, tragique perdant d’une finale marquée par son tir au but manqué face au Brésil cette année-là.

#14 - Falcão - Le Huitième Roi de Rome

Falcão – Le Huitième Roi de Rome

Ils voulaient le Pelé Blanc, ils ont eu leur 8e Roi. En 1980, l’AS Roma voulait signer Zico, mais se fait couper l’herbe sous le pied par l’Udinese. Finalement, c’est un milieu brésilien inconnu en Europe, Paulo Roberto Falcão, qui quitte le SC Internacional pour intégrer le club de la capitale. Dès sa première saison, le natif d’Abelardo Luz soulève une Coppa et emmène la Louve à la seconde place du Calcio. Avant que sa maestria technique ne hisse les Giallorossi encore un cran plus haut. D’abord en Italie, alors que la Roma empoche le second Scudetto de son histoire, en 1983. Puis en Europe, la Louve atteignant la finale de la C1 1984, où elle s’incline face à Liverpool aux tirs au but. Falcao quittera la Ville Éternelle un an plus tard, pour retourner au pays. Il lui aura fallu cinq petites années pour passer de quidam à Roi de Rome. Sacré glow-up.

#13 - Emilio Butragueño - Le Vautour

Emilio Butragueño – Le Vautour

Novembre 1983. Le journaliste d’El Pais Julio Cesa Iglesias repère cinq joueurs du Real Madrid Castilla, l’équipe réserve madrilène, qui survolent le championnat de leur catégorie. Leurs noms ? Miguel Pardeza, Manolo Sanchis, Michel, Rafael Martin et Emilio Butragueño. Favorablement impressionné, le rédacteur leur donne un surnom qui deviendra rapidement iconique : « La  Quinta del Buitre  » . Soit le cinq du Vautour, en référence au leader du groupe, Emilio Butragueño. Un drôle de piaf, pas franchement tape à l’œil. Petit et chétif, l’oiseau de proie compense son manque d’impact physique par un sens du placement hors du commun et un flair inné, qui lui permettent d’aimanter les ballons dans la surface. Le rapace des 16 mètres gagne ses galons de titulaire en 1984-1985, alors que ses quatre compères le suivent aussi en équipe A du Real. Butragueño remportera pas moins de six Liga et deux coupes de l’UEFA avec la Maison-Blanche. Il est souvent considéré comme l’un des derniers grands symboles d’un Real aux accents locaux et identitaires, avant que le club n’opte pour une politique sportive starifiée et mondialisée.

#12 - Ruud Gullit - La Tulipe noire

Ruud Gullit – La Tulipe noire

Voilà le surnom que lui avait attribué le journaliste et fan de l’AC Milan, Carlo Pellegatti. Élémentaire, mais superbement évocateur. Éblouissante lors de ses deux premières années milanaises sous le soleil d’Arrigo Sacchi, la Tulipe noire perd progressivement ses pétales, fanée par une succession de blessures et le football rigoriste de Fabio Capello. Elle ne retrouvera de sa superbe qu’après avoir pris racine à la Sampdoria, où Gullit sera transféré en 1993. Régénéré, le Batave ne cessera cependant jamais de regretter son départ précipité de Lombardie : « Les médecins du Milan pensaient que j’étais fini. Ça me rendait malade d’être traité comme ça. Mais la Samp m’a donné la liberté dont j’avais besoin pour m’exprimer. Bien sûr, le Milan est resté dans mon cœur, mais il m’a aussi frappé là où ça fait mal. »

#11 - Matthias Sindelar - L'Homme de papier

Matthias Sindelar – L’Homme de papier

Dur, dur de faire 1,75m pour 60 kilos, quand on est footballeur professionnel. Sauf pour Matthias Sindelar, le plus grand joueur autrichien de l’histoire du football. Le meneur de jeu fait les beaux jours de l’Austria Vienne pendant plus de 700 matchs, pour 600 buts inscrits. Des statistiques folles, qui le placent dans le top 10 des buteurs européens les plus prolifiques, aux côtés de monstres physiques comme Eusébio, Lewandowski ou Ibrahimović. Avec sa technique superlative et son centre de gravité au ras des pâquerettes, Sindelar arrive toujours à déceler les infimes espaces adverses pour s’y glisser, à l’image d’une feuille de papier. Insaisissable, celui qu’on surnomme aussi Le Mozart du football défiera en personne Hitler en mars 1938, alors que la Wunderteam autrichienne défait la Mannschaft en match amical, sous les yeux du Führer. Il perdra néanmoins tragiquement la vie en janvier 1939, dans des circonstances restées troubles. Des milliers de personnes accompagneront sa dépouille dans les rues de Vienne, le jour de ses funérailles.

Par Antoine Beaudet et Adrien Candau

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