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Top 5 : Ils ont chambré… Ils n’auraient pas dû
Mardi soir, lors du match retour des barrages de l'Euro Espoirs 2015, entre la Suède et la France, Layvin Kurzawa a bien cru qualifier les siens en scorant à la 87e minute. Il y croyait d'ailleurs tellement fort qu'il s'est permis de chambrer les joueurs suédois après son but. Sauf que, dommage pour lui, la Suède a marqué immédiatement derrière, enterrant les espoirs de qualifications des minis Bleus. Un chambrage prématuré, donc. Mais dans l'histoire du foot, il n'est pas le seul à qui c'est arrivé. Qu'ils soient joueurs, entraîneurs, supporters ou même journalistes, ils n'auraient pas toujours dû l'ouvrir. La preuve par cinq.
Pablo Osvaldo : Lazio Rome – AS Roma (2-1), 2011
Les derbys sont souvent l’occasion de chambrer les supporters adverses. Seulement, il est préférable de le faire au bon moment. Une question que ne s’est visiblement pas posée Pablo Osvaldo, un soir d’octobre 2011. Fraîchement débarqué à Rome pour jouer sous les couleurs de la Louve, l’Italo-Argentin dispute son premier derby quelques semaines à peine après son arrivée. Et l’histoire commence plutôt bien, puisque c’est lui qui ouvre le score pour la Roma, après seulement cinq minutes de jeu. Confiant, l’attaquant soulève alors son maillot pour montrer fièrement le T-shirt qu’il porte en dessous, destiné aux supporters de la Lazio. Sur celui-ci est inscrit : « Vi ho purgato anch’io » , soit, en français, « je vous l’ai mise à l’envers, moi aussi » . Un clin d’œil à un T-shirt qu’avait dégainé Totti dans un derby, onze ans plus tôt. La différence entre les deux, c’est que le but de Totti était celui du 3-1 pour la Roma, dans les arrêts de jeu. Là, il reste encore… 85 minutes. D’ailleurs, le geste n’est clairement pas du goût du Capitano, qui remonte légèrement les bretelles de son coéquipier à la mi-temps en lui faisant comprendre que le moment n’était absolument pas approprié. Évidemment, ce bon Francesco avait vu juste, car en seconde période, les Laziali retournent la situation et s’imposent finalement 2-1, grâce à un but de Klose à la 93e minute. Alors, non, Pablo, tu ne leur as pas mise à l’envers du tout. Les supporters de la Lazio ne sont pas privés de le lui rappeler.
Ruud van Nistelrooy : Pays-Bas – Andorre (6-0), 2005
Tout le monde le sait, Ruud van Nistelrooy, c’est avant tout un remarquable buteur. Du moins, lorsque l’on se penche sur son immense carrière. Et à vrai dire, c’est peut-être une chose qu’Antoni Lima aurait dû faire avant de croiser la route du diabolique attaquant de Manchester United. En accueillant la modeste équipe d’Andorre dans son Philips Stadion de Eindhoven, les Pays-Bas prennent rapidement la mesure de leur adversaire en inscrivant trois buts en première période par Rafael van der Vaart, Phillip Cocu et… Ruud, lui-même. Non content d’avoir inscrit un pion, le buteur des Oranje a l’occasion d’aggraver le score sur penalty. Manque de pot, sa frappe touche le poteau et ressort. De quoi réjouir le défenseur andorran, qui obtient sa minute de célébrité en chambrant l’intéressé. Mais l’ancien du PSV veut rester maître en son royaume. Oublié au second poteau sur un coup franc anodin, Ruud est de nouveau buteur à la 89e minute. Facile, il n’oublie pas son acolyte et célèbre son œuvre en prince, devant sa victime. Une attitude qui lui vaudra un carton jaune et une réputation de « garçon sans classe » . Tout de suite, les grands mots…
Alexy Bosetti : Nice – Bordeaux (1-3), 2014
L’art de chambrer, c’est un peu la cerise sur le gâteau dans le monde des ultras. Et ça, Alexy Bosetti en sait quelque chose. Toujours membre de la Brigade Sud niçoise, le vivace attaquant des Aiglons sait aussi rendre hommage à ses supporters afin de dorer leur réputation de têtes brûlées. Ainsi, lors de la réception des Girondins de Bordeaux début août 2014, le buteur claque une superbe frappe de l’extérieur du pied droit sur laquelle Cédric Carrasso ne peut rien. Visiblement en quête de sensations, le bad boy va tout de suite courir en direction du parcage des Ultras Marines, pour imiter un lapin. Si le mime semble assez fou à première vue, la symbolique est, elle, bien plus grande : lors d’un affrontement prévu entre la BSN et ses homologues bordelais, les Girondins auraient détalé de peur, comme le font les petits animaux aux grandes oreilles à la vue du danger. Une belle célébration donc, mais qui va vite être rembarrée. Car si l’OGC Nice a ouvert le score en début de rencontre, Cheikh Diabaté, Nicolas Maurice-Belay et Grégory Sertic se chargeront d’inverser la tendance pour asseoir la victoire des Girondins (3-1). On ne peut pas gagner sur tous les terrains.
Zinédine Zidane : France – Espagne (3-1), 2006
Avant même le début de la Coupe du monde 2006, Zinédine Zidane s’est montré très clair : cette compétition sera la dernière qu’il dispute en tant que joueur. Quelle qu’en soit l’issue. Autrement dit, chaque match qu’il dispute en Allemagne peut potentiellement être son dernier. Et lorsque se profile un huitième de finale entre l’Espagne et la France, les Ibériques ont bien l’intention de voir Zizou disputer son ultime rencontre crampons aux pieds. Ainsi, le quotidien Marca ne se fait pas prier pour titrer en une, le jour du match, « On va mettre Zidane à la retraite. » Les Espagnols semblent d’ailleurs bien partis pour réellement stopper prématurément la carrière de Zizou, puisque David Villa ouvre le score sur penalty. Il n’en faut pas plus pour que les supporters de la Roja présents au stade entonnent un petit : « Au revoir Zinédine Zidane ! » C’est facile, mais c’est peut-être un peu tôt, les gars. Derrière, le jeune Ribéry parvient à remettre les deux équipes à égalité, avant que Vieira ne donne l’avantage aux Bleus, sur un coup franc de Zizou, justement. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, car bien sûr, comme un symbole, le n° 10 français vient personnellement inscrire le troisième but tricolore. Pas de retraite pour lui, mais un retour à la maison pour la Roja, en revanche. Si après le match, Zizou se contente d’un très sobre : « Ce n’était pas encore mon jubilé. J’ai envie de dire aux Espagnols, parce qu’ils nous ont assez chambrés là-dessus, que ça n’est pas pour cette fois. L’aventure continue » , son coéquipier, Willy Sagnol, se permet de chambrer gentiment les Ibériques : « Ce troisième but, c’est un beau symbole. C’est pas mal pour un mec de 72 ans. »
Nuri Şahin : Cologne – Borussia (1-2) – 2010
En octobre 2010, Cologne et Dortmund s’affrontent dans le cadre de la dixième journée de Bundesliga. Alors que les visiteurs mènent 1-0, l’enfant du club local, Lukas Podolski, égalise d’une merveille de frappe dans la lucarne, à la 82e minute de jeu. Costaud. Quelques minutes plus tard, sûrement encore très content de son égalisation, Podi envoie une petite balayette sur Nuri Şahin, lequel demande alors des explications assez viriles à l’Allemand. Chambreur, celui qui n’est pas encore joueur d’Arsenal rappelle à son adversaire le score qu’il y a eu, quelques jours plus tôt, entre l’Allemagne et la Turquie (match auquel les deux joueurs avaient pris part), en lui faisant un beau 3-0 avec les doigts. Un chambrage en règle, mais c’était sans compter sur le fait que, dans les dernières secondes de la rencontre, Şahin donne la victoire au Borussia. Un but qu’il vient célébrer en pétant une superbe glissade sous les yeux de Podolski. Belle vengeance.
Bonus : Chelsea – PSG (2-0), 2014
L’année dernière, le PSG pense enfin pouvoir disputer les demi-finales de la Ligue des champions après s’être imposé 3-1 contre Chelsea, à domicile. Le community manager du club de la capitale s’enflamme d’ailleurs un peu, en publiant une photo un brin provocatrice sur le compte Twitter du club : « Chers fans de Chelsea, pour de meilleurs souvenirs de Paris, il vaut mieux essayer Montmartre. » C’est drôle, hein, mais c’était sans compter sur le match retour. Un match que les Blues remportent 2-0, assurant ainsi leur qualification. Pour de meilleurs souvenirs de Londres, les supporters parisiens auraient mieux fait d’essayer Tower Bridge.
Par Gaspard Manet et Antoine Donnarieix