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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (890-881)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#890 - Lucas Bernardi

Lucas Bernardi
Marseille (2001), Monaco (2001-2009)

« C’était la grande gueule, le capitaine, le mec qui ne se relâche jamais, qui te replace tout le temps et qui t’engueule. » Frédéric Piquionne ne s’est pas éternisé en Principauté (2007-2008), mais il a bien vite fait la connaissance du gros caractère de Lucas Bernardi. Travailleur de l’ombre, l’Argentin forme, avec son compère Andréas Zíkos, une paire de milieux récupérateurs tout simplement indispensables dans le 4-4-2 monégasque concocté par Didier Deschamps. Du haut de son 1,72 m, l’infatigable râtisseur de ballons n’est certes pas le joueur le plus sexy de l’ASM des années 2000. Mais assurément l’un de ses piliers les plus solides.

#889 - Hamada Jambay

Hamada Jambay
OM (1994 puis 1996-1999), Toulouse (2000-2001), Sedan (2002-2003)

De Hamada Jambay, Jean-Claude Nadon et Bruno Martini doivent surtout se souvenir d’une chose : sa frappe de mammouth qui les a terrorisés, au cours de la saison 1996-1997, à quelques mois d’intervalle. Le Comorien n’inscrira que trois buts en Ligue 1, tous lors de ce fameux exercice, mais il n’a pas fait dans la dentelle : on retiendra surtout sa double rafale contre Montpellier (objectif atteint à la deuxième) et surtout son chef d’oeuvre face à Lens, une volée supersonique venue d’ailleurs, tellement fluide qu’elle semble irréelle. Né aux Comores, issu des quartiers nord, formé au club et artisan de la remontée marseillaise en première division après l’affaire VA-OM, il a également participé au retour des Phocéens en coupe d’Europe (quatrième place en 1997-1998), avant des aventures entre Ligue 1 et Ligue 2 de Toulouse à Sedan. Le Top buts de Téléfoot, lui, aura toujours une place au chaud pour le latéral. C’est Christian Jeanpierre qui le dit : « Pas de doute, Jambay est le roi des missiles à longue portée » .

#888 - Nicolas Pallois

Nicolas Pallois
Valenciennes (2010-2011), Bordeaux (2014-2017), Nantes (2017-)

« Être reconnu et apprécié des supporters, c’est magnifique. Je suis comme je suis et je pense que ça plaît aux gens. Je ne suis peut-être pas le plus beau à voir jouer, mais je donne le maximum pour le club et les supporters et je me bats sur tous les ballons » : jeudi 18 août à la veille de son entrée dans ce top 1000, Nicolas Pallois résumait, avec ses mots et son détachement habituel, ce qui l’unit au peuple nantais, et la recette de son succès en Loire-Atlantique. Le Normand n’a jamais été le plus élégant sur un carré vert, mais il est autre chose. Pas conservé par le centre de formation du SM Caen à la fin de son adolescence, le singulier défenseur central a débuté sa carrière en amateur et pensait avoir trouvé sa voie dans la menuiserie, quand le monde pro l’a rattrapé pour qu’il devienne, quelques années plus tard, le joueur dont la Beaujoire crie le nom tous les quinze jours. Les images viennent toutes seules : son short retroussé le long de ses énormes cuisseaux, ses grandes foulées à la poursuite des attaquants, ses interventions pleines de testostérone, ses pralines envoyées sur le parking du stade, ses montées balle au pied jusqu’à la moitié adverse pour faire lever la foule… Et ses reprises de volée, de temps en temps, comme celle qui terrassa l’ennemi rennais, en mai dernier, quatre jours après un sacre en Coupe de France dont il avait été l’un des grands artisans. Meilleur ami d’Emiliano Sala, Pallois avait dû se relever de ce drame en 2019, et l’a fait en patron, avec pudeur et courage. Pas le plus beau, mais assurément l’un des plus touchants.

#887 - Michel Rio

Michel Rio
Nantes (1986-1988), Metz (1988-1989), Caen (1989-1992), Le Havre (1992-1994)

Marquer le but le plus rapide de l’histoire de la D1 ? Fort. Le faire en claquant l’une des reprises de volée les plus bluffantes que ce championnat a connu ? Trop fort. Parmi les 29 réalisations qu’il a inscrites dans l’élite, Michel Rio a choisi sa quinzième pour signer le chef d’oeuvre de sa carrière, face à l’AS Cannes de Luis Fernandez et Zinédine Zidane, le 15 février 1992 : le coup d’envoi qui retentit, le Néerlandais Willy Görter qui envoie une ogive bien sentie, la chorégraphie de Rio dans un mouvement parfait et la magie qui opère après huit minuscules secondes de jeu… Rio en collera un deuxième à Michel Dussuyer, ce soir-là, et terminera l’exercice à huit pions en permettant à Malherbe d’accrocher une cinquième place, sa meilleure performance à ce jour. Michel Rio, c’est le Brésil.

#886 - Vladan Lukic

Vladan Lukic
Metz (1997-1999)

Sacrée entrée en matière. Pour son premier match sous le maillot de Metz, Vladan Lukić envoie un missile dans la lucarne de Grégory Coupet et permet à sa nouvelle équipe de lancer sa saison par un succès à Gerland (0-1). Avec leur attaquant venu tout droit des Balkans, les Grenats réalisent un exercice 1997-98 de folie, échouant à ravir le titre de champion de France à cause d’une moins bonne différence de buts que Lens. L’aventure mosellane du buteur né à Sopot s’arrête toutefois quelques mois plus tard, lorsqu’il décide de tout plaquer pour rejoindre l’armée serbe, alors engagée dans la guerre du Kosovo. Passer de Joël Muller à Slobodan Milošević, la transition est rude. « Aujourd’hui, si tout était à refaire, je referais la même chose, assure celui qui est devenu président de l’Étoile rouge par la suite. Ma carrière n’est pas grand-chose face à ce que représente pour moi l’idée que je me fais de mon pays. »

#885 - Marc-Vivien Foé

Marc-Vivien Foé
RC Lens (1994-1999), Lyon (2000-2002)

L’expression qui veut que les meilleurs partent toujours en premier n’a jamais sonné aussi vraie que ce 26 juin 2003 quand Marc-Vivien Foé s’écroule sur la pelouse de Gerland lors de la demi-finale de Coupe des confédérations entre le Cameroun et la Colombie. Annoncé mort quelques minutes plus tard suite à son arrêt cardiaque, le Camerounais laisse derrière lui des milliers de supporters en larmes dans l’hexagone. Que ce soit à Lens, où il est arrivé en 1994 après que le club nordiste ait grillé la priorité à l’AJ Auxerre, ou à Lyon, deux clubs avec lesquels Foé a été sacré champion de France. Si les deux camps se rappellent forcément du joueur qu’il était sur la pelouse – un milieu de terrain combatif qui enchaînait les kilomètres -, ils n’ont pas non plus oublié l’homme attachant qu’il était. De quoi expliquer les nombreux hommages qui lui ont été rendus par les deux clubs qui avaient pendant des années retirés son numéro 17, ainsi que par RFI qui remet chaque année le prix Marc-Vivien Foé au meilleur joueur africain évoluant dans le championnat de France. Un prix qu’il aurait sans doute remporté lorsqu’il évoluait du côté de Lens ou de Lyon.

#884 - Johnny Ecker

Johnny Ecker
Lille (2000-2002), Marseille (2002-2005)

La Coupe du monde a connu le bras en écharpe de Franz Beckenbauer, la Ligue 1 a, elle, eu le droit au plâtre à la main droite de Johnny Ecker lorsqu’il évoluait à l’Olympique de Marseille. Un plâtre que celui qui a tout connu avec le LOSC – la Ligue 2, la montée en Ligue 1 et la Ligue des champions – a exhibé durant plusieurs semaines sur les pelouses de l’hexagone. Au point d’être cité dans un morceau du rappeur Kemmler : «  J’aurais toujours le cœur cassé, comme le bras de Johnny Ecker.  » Ce plâtre résume finalement assez bien la carrière de Johnny Ecker, un défenseur dur sur l’homme prêt à tout pour repousser les attaquants adverses. De quoi expliquer qu’il ait fait l’unanimité partout où il est passé. Et en plus, il a même joué dans un épisode de Plus belle la vie avec José Anigo, Demetrius Ferreira, Steve Marlet ou encore Fabrice Fiorèse.

#883 - Guillaume Hoarau

Guillaume Hoarau
PSG (2008-2013), Bordeaux (2014)

Guillaume Hoarau avait beau sortir d’une saison à 28 buts en Ligue 2 avec le HAC, le Réunionnais avait de quoi avoir la pression lorsqu’il débarque à Paris à l’été 2008. Déjà parce que c’est le club de la capitale, et surtout parce qu’il devait remplacer le légendaire Pedro Miguel Pauleta, parti à la retraite et dont il a repris le numéro 9. Sauf que Hoarau a vite prouvé qu’il n’était pas du genre à crouler sous la pression en claquant une première saison dans l’élite à 17 pions en championnat – dont un doublé pour son premier Classique au Vélodrome – participant grandement à la 6e place du PSG qui se battait pour le maintien un an plus tôt. Devenu très vite l’un des chouchous du Parc des Princes par ses buts, son sourire, sa gentillesse, son humour ou encore ses vidéos où il chante à la guitare, celui qui était sur la jaquette française de FIFA 10 aurait pu devenir une véritable légende à Paris si le club n’était pas devenu trop grand pour lui avec l’arrivée des Qataris et de Zlatan Ibrahimović. Il n’en restera pas moins un joueur dont le passage en Ligue 1 n’a laissé personne indifférent. Pas même les supporters bordelais qui n’ont vu qu’une pâle copie de l’international français avant que celui-ci aille enfiler les buts du côté de la Suisse.

#882 - Jérôme Bonnissel

Jérôme Bonnissel
Montpellier (1992-1996), Bordeaux (1999-2003), Marseille (2005-2006)

Jérôme Bonnissel est un adepte de la course camarguaise et des chevaux. Mais il était surtout un latéral réputé, qui a disputé plus de 200 matchs de Ligue 1 entre Montpellier et Bordeaux. A deux reprises, l’Héraultais a même été élu meilleur arrière gauche français. L’ancien capitaine de l’équipe de France espoirs a même inspiré un certain Benoît Trémoulinas. Il a aussi mis fin à la carrière de Sylvain Kastendeuch quelques minutes plus tôt que prévu, de manière tout à fait involontaire, en lui envoyant un centre en pleine poire. Il est désormais responsable du recrutement du Stade rennais. Dédicace à notre fidèle sofootix bordelais, le bien nommé Bonnissel de la batte.

#881 - Matt Moussilou

Matt Moussilou
Lille (2001-2006), Nice (2006), Saint-Étienne (2007), Marseille (2007)

Si l’on garde en mémoire le bref passage du FC Istres en Ligue 1, c’est avant tout en raison de ce qu’il s’est passé le 2 avril 2005. Ce jour-là, à Villeneuve-d’Ascq, Lille éparpille le promu provençal (8-0). Une entreprise de démolition menée en grande partie par Matt Moussilou. L’avant-centre des Dogues s’offre un quadruplé, dont trois premiers buts en l’espace de… cinq minutes. Il s’agit du triplé le rapide jamais réalisé lors d’un match du championnat de France. Le moment de gloire d’un joueur qui disparaît ensuite progressivement des radars. Mais dont le nom reste gravé dans le marbre grâce à son record. « Je pense que personne ne le battra, affirme l’international congolais au Petit Lillois. On fait ce métier pour laisser des souvenirs à notre progéniture, alors quand je vois que quinze ans plus tard, mes enfants en parlent encore à leurs copains dans la cour de récré, ça fait quelque chose… »

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