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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (870-861)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#870 - Nicolas Savinaud

Nicolas Savinaud
Nantes (1995-2007)

Artisan des derniers trophées des Canaris avant 2022 (et notamment le sacre de 2001), du maintien miraculeux en 2005 lors de la dernière journée face à Metz (il est le passeur décisif sur le coup de casque décisif de Mamadou Diallo), mais aussi malheureusement de la descente en 2007, le polyvalent Nicolas Savinaud est resté dans les mémoires nantaises pour sa fidélité et sa longévité (douze ans en pro, 308 apparitions dans l’élite) et pour un souvenir : son match terminé dans le but, un soir de Saint-Valentin 2006 à la Beaujoire, au cours d’une rencontre surréaliste face à l’ESTAC, à la fin de laquelle chacune des deux équipes avait terminé avec un joueur de champ au poste de gardien (Enza Yamissi côté troyen) après les exclusions de leurs derniers remparts respectifs. Le temps pour le Sav’ d’encaisser, impuissant, un penalty de Benjamin Nivet synonyme de match nul (1-1). « Je m’en serais bien passé, se marrait Savinaud en 2015, pour So Foot. Je me rappelle que c’est Fred Da Rocha qui était supposé remplacer le gardien au cas où une telle situation arrivait, mais il n’était malheureusement pas là ce jour-là. Quand Micka (Landreau) a été expulsé, on avait déjà effectué tous nos changements, donc j’ai demandé à tout le monde qui voulait aller aux cages, mais comme personne n’était motivé, c’est moi qui ai dû m’y coller. Bon, j’ai pas pu arrêter le penalty, mais j’ai essayé de faire de mon mieux. C’est une situation un peu surréaliste à vivre. Après, à part le péno que je prends d’entrée, je n’ai pas eu grand-chose à faire, ça devait être à dix minutes de la fin, il me semble. Quand le ballon était de l’autre côté, je me suis contenté de profiter du match. »

La réaction de Nicolas Savinaud : « Comment ça je ne suis que 870e ? Vu mon classement je ne sais pas si je vais répondre favorablement ! (rires) »

#869 - Bernard Bureau

Bernard Bureau
PSG (1978-1981), Brest (1981-1983), Lille (1983-1986), Racing (1986-1988)

Du Paris Saint-Germain au Stade de Reims, en passant par Brest, Lille, le Racing et Nancy, Bernard Bureau a promené ses crampons un peu partout. Principalement en Ligue 1, où il présente 233 matchs et 52 buts. Alors qu’il vient d’obtenir un CAP de cuisinier, l’attaquant picard est recruté par le PSG en 1978. Buteur dès sa première titularisation, il restera trois saisons dans la capitale. Moins utilisé avec les arrivées de Nambatingue Toko et Dominique Rocheteau, il se rappellera au bon souvenir de son club formateur en janvier 1986, sous les couleurs du LOSC. Comment ? Par un doublé qui a stoppé la série parisienne de 26 matchs sans défaite. Une saison où Bureau marque pas moins de 13 buts en D1, soit un tiers du total des Dogues. Leçon : ne jamais laisser BB dans un coin.

#868 - Bruno Grougi

Bruno Grougi
Brest (2010-2013)

La querelle du Mont-Saint-Michel est surmontable : on peut naître normand et devenir une légende en terres bretonnes. Formé et lancé à Malherbe, Grougi a surtout brillé au Stade brestois, qu’il a fait monter en Ligue 1 (dix buts et autant d’assists en Ligue 2, en 2009-2010) avant de l’y maintenir jusqu’en 2013, formant avec Nolan Roux, Steve Elana et tous les autres une bande de pirates ayant fait quelques victimes au début des années 2010, avec notamment une place de leader dans l’élite après onze journées, l’année de la montée. Durant ces trois ans, le milieu aura eu le temps de faire admirer sa nuque tressée et son coup de patte sur coups de pied arrêtés, mais surtout d’être définitivement vénéré par le peuple de Francis-Le Blé. Pas un hasard si le singulier groupe local La Lucha Libre lui a dédié un son au titre sans équivoque : Saint Bruno Grougi. Et pourtant, tout n’avait pas si bien commencé entre la Grouge et la cité du Ponant, comme il le racontait pour So Foot en 2010, au sommet de la hype : « Quand Steve Elana m’a dit « Je vais jouer sur Brest », je lui ai répondu : « Waouh, t’es fou cousin. Tu viens de Marseille ! Qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? En Martinique, il fait chaud, et toi, tu vas là-bas. » Dans un premier temps, tu as cette réaction. Mais après, quand ils m’ont contacté, franchement j’étais passé par Cherbourg et je savais que ça avait été dur. Et Steve ne m’a dit que des bonnes choses sur Brest, donc je n’ai pas hésité. » Voilà à quoi ça tient, une histoire d’amour.


#867 - René Alpsteg

René Alpsteg
Saint-Étienne (1944-1953)

Cinquième meilleur buteur de l’histoire de l’ASSE, René Alpsteg a fait vibrer le Chaudron dans les années 1940 et 1950, sous les ordres d’Ignac Tax et Jean Snella. Aux côtés de Cuissard et Rodríguez, l’attaquant touche du doigt le titre en 1946, que le LOSC chipera aux Verts pour un petit point supplémentaire. « Kiki » , qui joue plusieurs saisons avec son petit frère Léon, claque pas moins de 88 buts en D1, dont des quadruplés collés à Toulouse et à l’OM en 1951. Un René qui ne faisait pas la taupe.

#866 - Cédric Barbosa

Cédric Barbosa
Montpellier (1997-2000 puis 2001-2003), Rennes (2003-2006), Troyes (2006-2007), Metz (2007-2008), Évian (2011-2015)

25 ans. Entre le moment où Cédric Barbosa signe son premier contrat professionnel (en 1994) et celui où il raccroche les crampons (en 2019), il s’écoule 25 ans. Pendant cette période, l’Albenassien facture 331 matchs et quatorze saisons de D1/L1. Quand il rejoint Évian, alors en National, certains pensent peut-être ne plus le revoir parmi l’élite. Mais l’élégant milieu y revient avec brio, à 35 ans, à un poste plus avancé qui lui permet de davantage se mettre en lumière. Si le club haut-savoyard réussit à se maintenir à l’échelon le plus élevé du football français de 2011 à 2015, c’est en grande partie grâce au toucher de balle et à la vista de son indispensable numéro 14, dont la longévité en épate plus d’un. Il ne quitte d’ailleurs l’ETG qu’en 2016. À 40 ans.

La réaction de Cédric Barbosa : « Flatté de faire partie de cette belle liste, parmi de très grands joueurs et messieurs. Surtout quand je pense à tous ceux qui ont évolué dans le championnat de France depuis les années 1930 ! »

#865 - Louis Marcialis

Louis Marcialis
Bastia (1978-1985), Nancy (1985-1987)

La famille Marcialis a porté haut les couleurs du football corse. D’abord par Jean-Jean, qui a fait des ravages avec Étienne Sansonetti. Et ensuite par son fils, Louis. Connu pour son but lors de la finale de Coupe de France remportée 2-1 contre l’ASSE en 1981, le natif de Marseille a largement contribué à maintenir Bastia un bon moment dans l’élite en marquant à 39 reprises en championnat lors de ses sept saisons chez les Turchini. L’attaquant ajoutera onze pions à son total du côté de l’AS Nancy, mais rangera les crampons prématurément, dès 27 ans, à cause de blessures trop récurrentes. Avec une immense cote de popularité sur l’Île de Beauté, qui n’a jamais remis en cause son humilité. En témoigne cet échange à la télé au sujet de sa célébrité : « Peut-être qu’on me connaît, sans plus. Chez nous, la célébrité, on connaît pas ça. Chaque joueur a un nom et sans plus. » Tout le monde a un nom, mais tout le monde n’est pas dans ce top 1000.

#864 - Vicky Peretz

Vicky Peretz
Strasbourg (1980-1982)

Une étoile filante. Attaquant réputé en Israël, Vicky Isaac Peretz atterrit à Strasbourg en 1980. Le buteur moustachu ne tarde pas à prendre ses marques et à embraser le public alsacien, qui découvre un finisseur redoutable. Quatorze pions en D1 la première saison, treize la suivante : il n’y a pas à dire, c’est du travail de pro. Le Racing, lui, reste installé dans la première partie de tableau, mais finit par céder son canonnier à Rennes, qu’il contribuera activement à faire remonter dans l’élite. L’international israélien rentre ensuite au pays, où il se reconvertit comme entraîneur. Le 29 juin 2021, on apprend son suicide. Et fort logiquement, cela ne laisse pas de marbre les plus anciens des supporters strasbourgeois.

#863 - Olivier Echouafni

Olivier Echouafni
OM (1996-1998), Strasbourg (1998-2000), Rennes (2000-2003), Nice (2003-2010)

Avec 391 matchs au compteur, Olivier Echouafni est un visage bien connu de la Ligue 1 des années 2000. Le milieu de terrain formé à Monaco a écumé les terrains de l’Hexagone sous les couleurs de Marseille, Strasbourg, Rennes et surtout Nice, où il a passé sept saisons. Capitaine sur la Côte d’Azur, il a même porté un brassard siglé BSN, preuve du respect réciproque que se témoignaient les supporters et le joueur. Et s’il y a bien une chose avec laquelle «  Chouf  » ne rigolait pas, c’était justement le respect. « Une fois, contre Lyon, j’avais mis une bonne charge à Michel Bastos, rappelait-il à So Foot. Lyon menait 3-0, il restait cinq minutes avant que tout le monde rentre aux vestiaires. Et là, il a commencé à prendre le ballon et à jongler… Franchement, ça ne m’a pas plu du tout. J’ai trouvé ça irrespectueux. Lui, il ne nous avait pas respectés sur le coup, donc je me suis dit : « Toi, l’action suivante, je vais te choper ! » Et j’ai tenu parole. » Un homme de devoir.

#862 - Bonaventure Kalou

Bonaventure Kalou
Auxerre (2003-2005), PSG (2005-2007), Lens (2007)

Lors de la saison 2004-2005, 15 joueurs ont inscrit plus de buts que Bonaventure Kalou (10 pions) en championnat et bien plus ont fait plus de passes décisives que l’international ivoirien (1 offrande). Pourtant, c’est bien l’attaquant auxerrois qui figurait dans l’équipe type et qui était nommé aux côtés de Juninho, Essien et Frei pour le titre de meilleur joueur de la saison. C’est dire à quel point celui qui a marqué dans deux finales consécutives de Coupe de France a régalé lors de cet exercice 2004-2005 avec ses dribbles, sa puissance et sa frappe de mammouth. En signant au PSG dans la foulée, Bonaventure Kalou est parti sur les mêmes bases en claquant trois passes décisives et un but pour son premier match sous ses nouvelles couleurs. Avant de lever le pied petit à petit et de sombrer lors de son court passage à Lens. Des années plus tard, son petit frère Salomon affolera les compteurs lors de ses deux saisons avec le LOSC (30 buts en 67 rencontres de Ligue 1). Sauf que l’ancien de Chelsea, contrairement à son frère aîné, n’a pas été élu maire en Côte d’Ivoire et ne peut donc pas intégrer ce classement.

#861 - Aljoša Asanović

Aljoša Asanović
Metz (1990-1991), Cannes (1991-1992), Montpellier (1992-1994)

L’été 1990 a vu un joueur d’une élégance rare débarquer dans l’Hexagone. Élu meilleur joueur de Yougoslavie cette même année, Aljoša Asanović arrive en effet au FC Metz avec un statut de fuoriclasse affirmé. Meneur de jeu ultra technique, l’enfant de Split est en réalité repéré par Carlo Molinari dès 1988, lui offrant un précontrat salutaire. Exfiltré d’une région alors aux prémices d’une terrible guerre, Asanović s’installe donc en D1 en compagnie de Dragan Stojković, enrôlé par l’OM. Pourtant, « Aljo » ne restera qu’une seule saison en Moselle, avec un maintien arraché aux côtés de Nicolas Huysman ou Olivier Ichoua, pour 35 matchs disputés et 13 buts inscrits. Des chiffres honorables, lui permettant de rejoindre l’AS Cannes et un ambitieux projet, dans lequel il sera notamment pris pour exemple par le tout jeune Zinédine Zidane, conscient du niveau de son coéquipier. Mais là encore, la déception est irritante, symbolisée par une pige individuelle en demi-teinte (7 réalisation en 28 rencontres) et une amère relégation pour des Cannois dépassés. C’est finalement à Montpellier que l’aventure française se termine, entre 1992 et 1994 (43 matchs, 10 buts), avant une bourlingue aux quatre coins de l’Europe et, surtout, un parcours majuscule en sélection croate (62 capes, accompagnées d’une médaille de bronze lors du Mondial 1998). Encore un joueur dont on retiendra les images et non les statistiques.

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

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