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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (750-741)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#750 - Miralem Pjanić
Miralem Pjanić
FC Metz (2007-2008), Olympique lyonnais (2008-2011)
Ce soir d’août 2007, le stade Saint-Symphorien voit passer sous ses yeux « un avion » , comme le décrira le formateur messin Olivier Perrin, qui fend la torpeur d’un 0-0 anodin face au PSG. Cet engin, immatriculé « PJANIĆ 15 » , ne fait pas de bruit, n’est pas le plus rapide, mais fait voyager le ballon comme personne. « Oui, le ballon m’aime, je pense. On va dire qu’il est gentil avec moi. Il écoute mes pieds » , expliquait à France Football celui que l’on comparait alors à Tomáš Rosický. « À Metz, on a eu Robert Pirès, un joueur incroyable, qui pouvait éliminer tout le monde sur son côté gauche. On a eu Saha, un puncheur, un félin qui rentre dans l’arène. Il y a aussi eu Adebayor, aussi fort en l’air que dans les pieds. Mais Pjanić, c’est autre chose, des moments de talent à l’état pur, d’évidence, d’une beauté subjuguante… » , énonçait Francis De Taddeo. Le club à la croix de Lorraine a couvé son petit prince de nombreuses années, lui le gamin qui a débarqué à Schifflange au Luxembourg avec ses parents pour fuir la guerre de Bosnie, et s’est résolu à le lancer dans le grand bain à 17 ans, avant de le céder à l’Olympique lyonnais après une saison pleine (38 matchs, 5 buts).
Entre Rhône et Saône, c’est lui qui est le successeur tout désigné de Juninho, qui avec le temps lui laisse un coup franc sur deux, avant que Miré ne récupère le fameux numéro 8 une fois le Brésilien parti. Virevoltant entre les lignes, créateur de mouvement, il peaufine alors son rôle de meneur reculé, régale Govou, Carew, Fred ou Bastos, et participe aux nuits magiques d’un 5-5 contre l’OM ou d’un nul historique arrivé au Bernabéu. L’arrivée de Yoann Gourcuff en 2011 le poussera à s’épanouir de l’autre côté des Alpes, restant à l’OL un trait d’union entre une période faste et une période de disette à l’OL. Vous connaissez le dicton : « Pas de Pjanić, rien n’est sous contrôle. »
#749 - Lorik Cana
Lorik Cana
PSG (2002-2005), OM (2005-2009), Nantes (2015-2016)
Lorik Cana pèse 212 matchs de Ligue 1 et même s’il n’a jamais soulevé l’Hexagoal, le guerrier albanais a touché le titre du doigt en 2004 et en 2009. Avec le Paris Saint-Germain, et avec l’Olympique de Marseille. À l’été 2005, le milieu de terrain parisien décroche en effet son téléphone pour appeler le rival. « Je sortais de deux saisons très positives avec Paris puisqu’on avait gagné une Coupe de France, le club avait été vice-champion de L1 et il avait joué la Ligue des champions, contextualise-t-il auprès du Travail de l’ombre. Je me voyais m’inscrire dans le temps au PSG, mais il y a eu des choix faits en début de saison 2005 qui ont remis en cause tout ça. Dans ma tête, c’était clair : soit je restais à Paris pour me battre, soit je partais dans mon club de cœur qui était l’OM. J’ai dit à Pape Diouf et Jean Fernandez que je correspondais au profil qu’ils recherchaient au milieu de terrain et que je ferais le nécessaire pour partir du PSG si l’OM avait besoin de moi. » Cana devient haï à Paris, autant qu’il est adoré à Marseille. Surtout que l’intéressé fait ce qu’il faut en offrant le Classique à l’OM deux mois après son arrivée en reprenant victorieusement un corner de Samir Nasri, déclenchant une éruption de fumigènes au Vélodrome. Il marquera une deuxième fois contre son ancien club, cette fois au Parc, lors d’un succès 3-1 en mars 2009. Des buts qui contribueront à renforcer son énorme cote de popularité, déjà nourrie par son état d’esprit irréprochable, sa passion et sa détermination, dont il a notamment fait la démonstration en dépannant en défense centrale quand l’équipe en avait besoin. Tout le monde (ou presque) aime Lorik.
#748 - Júlio César
Júlio César
Brest (1986-1987), Montpellier (1987-1990)
Il n’est pas question du joueur aux dix-huit clubs, ni de l’ancien gardien de l’Inter Milan : le Júlio César dont il est ici question a, comme ses deux homonymes, aussi remporté la C1. Mais, surtout, il a laissé une trace de son passage en D1. Après une première expérience à Brest, le défenseur brésilien pose ses valises à Montpellier. Sa robustesse et la qualité de son jeu de tête en font un incontournable du onze de départ pailladin, avec lequel il dispute trois saisons pleines et décroche une Coupe de France, en 1990. « Quand je suis arrivé en Europe et que je suis parti à Brest, je n’ai pas été très content parce que le climat était très difficile, se souvient l’ancien international auriverde dans un entretien pour le site officiel du MHSC. À Montpellier, le climat me plaisait, et je savais que ça allait bien se passer. Le public de la Mosson a été fantastique, c’était chaud, et aussi j’ai plutôt bien joué. (…) L’année où nous gagnons la Coupe de France, nous étions des très bons joueurs : Blanc, Cantona, Paille, Valderrama… L’époque était super, parce qu’il y avait des adversaires de très haut niveau comme Papin. Montpellier, ce n’était pas un petit club, parce que ça m’a permis d’aller à la Juventus, à Dortmund. Quand je suis arrivé, j’étais jeune, et Montpellier a lancé ma carrière. » Bel hommage de la part de celui qui a été surnommé l’Imperatore à la Juve.
#747 - Jean II Makoun
Jean II Makoun
Lille (2002-2008), Lyon (2008-2011), Rennes (2012-2015)
Avant de finir sa carrière en Chypre du Nord, Jean Makoun, deuxième du nom, a eu le temps de découvrir tous les recoins de l’Hexagone. À l’âge de 19 ans, le milieu de terrain quitte le très pittoresque Tonnerre Yaoundé et rejoint le LOSC après avoir été repéré à la CAN des moins de 17 ans. Mais, faute de visa, Makoun doit patienter un an au Cameroun avant de rejoindre la France. Une fois ce dernier validé, Jean II Makoun peut enfin honorer son contrat avec les Dogues. Il y joue six saisons, devient incontournable aux yeux de Claude Puel et s’engage avec le septuple champion de France lyonnais en 2008. Il hérite comme un symbole du numéro 17, celui que son défunt compatriote, Marc-Vivien Foé, portait fièrement sur le dos jusqu’à un soir de juin 2003 à Gerland. D’abord titulaire à l’OL, Makoun perd au fur et à mesure en galon et quitte Lyon en 2011. Seulement un au revoir pour la Ligue 1, puisque après un transfert peu concluant à Aston Villa, Jean II Makoun choisit Rennes comme point de chute, où il passe trois saisons dans l’enceinte de la route de Lorient.
#746 - Jean-Louis Zanon
Jean-Louis Zanon
Saint-Étienne (1979-1984), OM (1984-1987), Metz (1987-1989), Nancy (1991-1992)
Le pied gauche de Jean-Louis Zanon ne sera, assurément, jamais oublié des supporters stéphanois, marseillais et messins. Le milieu de terrain, fils d’immigrés italiens, a ainsi entamé sa carrière aux côtés des plus grands, à l’AS Saint-Étienne. Arrivé en 1977, d’abord comme latéral, Zanon est en effet repositionné dans l’entrejeu la saison suivante, avant d’être rejoint par Michel Platini, deux ans plus tard, pour une association efficace au plus haut point. Le duo, accompagné de Jean-François Larios, alimentera idéalement le virevoltant Johnny Rep et l’adroit Laurent Roussey, pour décrocher le dernier titre de champion des Verts, en 1981.
« Michel Platini est incontestablement le meilleur joueur avec qui j’ai joué. Après, il y a Johnny Rep. Quand il voulait, c’était un génie. En revanche, quand il ne voulait pas… racontait Zanon dans les colonnes de L’Équipe. Je n’oublie pas Laurent Roussey, doté d’un talent exceptionnel, c’était le Mbappé d’aujourd’hui. Et Laurent Paganelli, dans le jeu réduit, c’était Lionel Messi. » Une part de modestie visible, pour celui qui aura pourtant apporté un bon nombre de succès, signés de ses coups francs précis (173 matchs disputés et 29 buts marqués avec Saint-Étienne). Seul joueur de l’ASSE a être médaillé d’or aux JO de 1984 à Los Angeles, le récupérateur sera vendu à l’OM, en cette même année. Trois saisons seulement au Vélodrome (83 rencontres), pour un garçon introverti, pâtissant rapidement de l’arrivée de Bernard Tapie et de ses ambitions, le poussant vers la sortie à l’été 1987. Tant pis, Jean-Louis Zanon ira briller plus au nord, à Metz, avec qui il décrochera la Coupe de France en 1988 (après quatre finales perdues, en 1981, 1982, 1986 et 1987). L’ultime tour de piste dans l’élite se fera pourtant chez le rival Nancy, lors de la campagne 1991-1992, achevé, malheureusement, par une relégation. On ne peut pas tout réussir dans la vie. Encore moins dans le football.
#745 - Peguy Luyindula
Peguy Luyindula
Strasbourg (1998-2001), Lyon (2001-2004), Marseille (2004-2005), Auxerre (2005-2006), PSG (2007-2012)
Pour les supporters du Paris Saint-Germain, Peguy Luyindula rappelle forcément le souvenir de cette folle soirée européenne face à Twente à l’hiver 2008 où un doublé de l’international français avait permis au PSG de se qualifier pour les 16es de finale de la Coupe de l’UEFA dans un Parc des Princes bouillonnant. Mais ces mêmes supporters n’ont pas non plus oublié les débuts de l’homme aux dreadlocks dix-huit mois plus tôt et ces trois buts en quatre matchs pour permettre à Paris de sortir de la zone de relégation dans le sprint final de la saison 2006-2007. Pas étonnant vu le CV du bonhomme, qui a toujours su marquer des buts. Que ce soit à Strasbourg, où il est toujours le plus jeune auteur d’un triplé du club en Ligue 1. Mais surtout à Lyon, où il a remporté le titre à trois reprises, en trois saisons, dont une dernière ponctuée de 16 pions en championnat. C’est bien simple, sur les sept titres de l’OL, seul Benzema a fait mieux (20) que Peguy. À ce moment-là, une saison « ratée » de Luyindula se situe à dix buts, sa marque à l’OM ou à l’AJ Auxerre. Une marque qu’il n’a jamais atteint avec Paris. Cela ne l’a pas empêché de laisser des souvenirs mémorables. Et une plainte pour harcèlement moral envers le club qui l’avait écarté du groupe pro.
#744 - Seydou Keita
Seydou Keita
OM (1999-2000), Lorient (2000-2002), Lens (2002-2007)
Passer d’une série de prêts au statut de légende du football africain : Seydou Keita l’a sereinement réalisé au cours de la décennie écoulée. Digne successeur au sein de la dynastie Keita, qui a vu son oncle Salif gagner ses galons de mythe puis son cousin réaliser une honorable carrière en Europe, le milieu de terrain n’a pas tardé à confirmer les espoirs placés en lui.
Repéré par l’OM en 1999, à l’occasion de la Coupe du monde U20 organisée au Nigeria et durant laquelle il est élu meilleur joueur (devant Ronaldinho et Frank Lampard), Seydou ne fait pas de vieux os à Marseille. Une seule saison (9 matchs), avant d’être prêté à Lorient : « Quand j’avais été prêté à Lorient par Marseille, on avait fait un amical de début de saison contre l’OM, et Bernard Tapie m’avait dit à la fin de ce match : « Il faut que tu reviennes tout de suite à Marseille ! », détaillait-il dans Ouest-France. Mais moi, j’ai vite rassuré le président André Jégouzo, en lui disant que je me sentais bien au FCL, et que je restais au club. » Devenu indispensable en D2, il est l’un des garants de la remontée morbihannaise dans l’élite en 2001, et du succès en Coupe de France, au printemps 2002, malgré un deuxième exercice haché par les blessures (64 rencontres jouées durant ces deux campagnes). « Lorient, c’était le début de quelque chose de grand pour moi, détaillait-il dans Ouest-France. Ce club m’a permis d’exploser et de connaître la carrière que j’ai pu avoir par la suite. Vous imaginez, je suis parti de Lorient, et j’ai pu évoluer dans les plus grandes équipes. »
Suffisant, néanmoins, pour attirer le RC Lens alors habitué du top 5 et des joutes européennes. De 2002 à 2007, Keita explose les compteurs, disputant 40 matchs par saison (210 au total). En accord avec Gervais Martel, qui lui promit un transfert à l’étranger après ces nombreux services rendus, l’Aigle se dirigea finalement vers l’Espagne, à Séville puis Barcelone, afin d’entamer le deuxième chapitre de sa riche carrière. Celui de la consécration.
#743 - Paul Sauvage
Paul Sauvage
Limoges (1958-1959), Reims (1960-1964), Valenciennes (1964-1967)
Avec ses treize pions en D2 en 1957-1958, Paul Sauvage fait partie de ceux grâce à qui son club formateur, Limoges, au tournant des années 1950-1960, a pu connaître la première division. Transféré au Stade de Reims en 1960, cet ailier virevoltant deviendra international français en 1961 (six capes) et champion de France en 1962 (le dernier du club champenois) au sein d’une équipe de rêve comprenant également Roger Piantoni, Raymond Kopa ou encore Just Fontaine. Après une deuxième place en 1963 en une relégation la saison suivante, il signe à Valenciennes et continue de rayonner : quinze caramels lors de sa première saison à Nungesser, dont un quadruplé lors d’un derby face au RC Lens, le 7 février 1965 pour une rouste (6-1) infligée aux Sang et or et à son pote le gardien Jean Taillandier. « J’avais dit « tout sauf Valenciennes. Ici, il faut prendre le soleil en photo si on veut le voir tous les jours », confiera-t-il à La Voix du Nord. Je suis arrivé à reculons et quand je suis parti, j’étais bien triste. » En 1965 et 1966, Valenciennes termine deux fois de suite sur la troisième marche du podium – ce qui reste encore son meilleur classement à l’heure actuelle – avant qu’une grave blessure au genou droit ne mette fin à la carrière de haut niveau de Paul Sauvage, qui se reconvertira rapidement entraîneur. Partout où il est passé, le natif de La Souterraine (Creuse) aura marqué l’histoire, et ses 52 réalisations dans l’élite peuvent en témoigner. Il s’est éteint le 17 décembre 2019 – à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux – à 80 ans tout rond.
#742 - Daniel Congré
Daniel Congré
Toulouse (2004-2012), Montpellier (2012-2021)
Toulouse, Montpellier, ou les deux ? Voici une question épineuse, qui doit encore être posée de temps à autre à Daniel Congré. Né dans la Ville rose, le défenseur aux origines guadeloupéennes y effectue ses premiers pas professionnels en 2004, à 19 ans. Huit saisons plus tard, c’est en tant que capitaine qu’il guide les troupes violettes sur la pelouse. Parmi les supporters, beaucoup voient en lui le « Maldini toulousain » , et pas uniquement parce qu’il a les yeux clairs. Las, le MHSC, fraîchement sacré champion de France et en passe de disputer la Ligue des champions, frappe à la porte. Les débuts sont laborieux, mais le numéro 3 s’accroche et porte finalement le maillot héraultais pendant neuf ans. « C’est vrai que quand j’étais jeune, je me voyais bien terminer ma carrière à Toulouse, concède l’homme aux 490 matchs en Ligue 1. Ma vie de footballeur a fait que ce n’est pas le cas. » Et il ne le regrette sans doute pas.
#741 - Aimé Jacquet
Aimé Jacquet
Saint-Etienne (1960-1973), OL (1973-1975)
D’Aimé Jacquet, beaucoup connaissent sa carrière d’entraîneur, marquée par trois titres de champion de France, deux Coupes de France et évidemment la Coupe du monde 1998. Mais dans un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, l’ancien sélectionneur des Bleus a été milieu de terrain. « Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, à 19 ans, Jean Snella m’a tout de suite formaté, nous confiait-il. J’avais l’habitude de faire des gros casse-croûtes. Un jour, il m’a dit : « Tu vas t’asseoir en face de moi et tenir ta fourchette et ton couteau. » J’ai tout compris. Je mangeais trop de pain, je beurrais et tout ça… » Dans les années 1960, il abandonne son boulot de fraiseur à l’usine et fait les belles heures de l’ASSE, avec qui il remporte cinq fois le championnat. Le train Jacquet se met en marche en 1965 et file à toute allure. « C’est entre 1966 et 1968 que je pense avoir été le meilleur. J’ai travaillé jusqu’en 1963. Le football n’était alors qu’une passion. À aucun moment, je pensais que cela deviendrait mon métier » , expliquait-il sur le site des Verts. Titulaire 227 fois sur 231 matchs avec l’ASSE, pour 26 buts marqués, Jacquet devient international français en 1968. Une rupture du tendon d’Achille précipite toutefois la fin de son aventure stéphanoise et le pousse à finir sa carrière chez le voisin lyonnais. Ce qui n’entachera en rien sa réputation.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF