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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (600-591)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#600 - Yann M'Vila

Yann M’Vila
Rennes (2008-2013), Saint-Étienne (2018-2020)

Il faut fouiller très loin dans les souvenirs pour se rappeler que Yann M’Vila était encore un joueur de Ligue 1 il y a seulement deux ans, à Saint-Étienne. Il ne faut en revanche pas très longtemps pour réveiller ceux des supporters rennais quand il s’agit de se remémorer les débuts du milieu de terrain chez les professionnels. Le 22 août 2009, une semaine après une entrée en jeu à Nice, le gamin âgé d’à peine 19 ans connaît sa première titularisation face à l’OM au stade de la route de Lorient. Une révélation, une illumination, et surtout l’éclosion d’un joueur bluffant de maturité et au-dessus du lot techniquement. Pendant plusieurs saisons, M’Vila règnera sur les pelouses françaises, enchaînant les prestations convaincantes et distillant ses fameuses « passes Ligue des champions » chères à Frédéric Antonetti, le coach qui l’a lancé. Seulement, le technicien corse n’a rien pu faire pour empêcher ce milieu élégant et complet de se perdre dans des affaires extra-sportives, comme celle de la fameuse virée des Espoirs en taxi au Havre en 2012 à la veille d’un match décisif. « Je ne dis pas que c’est malheureux car c’est de ma faute. J’ai fait une bêtise, mais c’est derrière moi. C’est important l’exemple, il faut toujours écouter ses entraîneurs quand on débute, admettra plus tard M’Vila dans un entretien au Parisien. Voilà mon plus gros regret : c’est de ne pas avoir écouté Frédéric Antonetti à Rennes. Il m’avait dit : attention, tu vas te brûler les ailes. Moi, à l’époque, je rigolais, tout se passait bien. J’étais jeune et en équipe de France, mais c’est lui qui avait raison. » Fredo, la voix de la raison.

#599 - Lucien Leduc

Lucien Leduc
Red Star (1945-1946), Roubaix (1946-1947), Racing Paris (1947-1949), Saint-Etienne (1951-1952)

Lucien Leduc a placé « l’AS Monaco sur la carte de France » , dixit le club de la Principauté, dont il fut l’entraîneur de 1958 à 1963 puis de 1976 à 1979. Mais avant cela, le Nordiste a mis un peu de couleur au championnat de France au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Né dans une famille de bouchers, « Lulu » , qui a grandi en jouant sur la plage, est allé jusqu’à taper le ballon au stade olympique de Colombes avec le maillot des Bleus. Champion de France 1947 avec le CO Roubaix et vainqueur de la Coupe de France avec le RC Paris en 1949, le milieu de terrain « avait vraiment le sens du football » selon sa femme Andrée. « Le football, j’y pense sans cesse, confiait lui-même le joueur. Lorsque je suis dans un train, je ne regarde pas défiler le paysage comme tout le monde. Je me dis : « Tiens, ici on pourrait faire un très beau terrain ». » La vision du jeu, toujours.

La réaction de sa petite-fille Célia : « Je suis extrêmement fière de mon grand-père : c’était un vrai passionné du foot qui vivait pour ce sport et n’a jamais rien lâché dans son travail, même dans les moments les plus difficiles de sa carrière. C’est un réel plaisir et honneur pour ma grand-mère Andrée et moi-même de le voir présent dans votre classement du top 1000 des joueurs du championnat de France. Merci pour lui ! »

#598 - Patrick Müller

Patrick Müller
Lyon (2000-2004 puis 2006-2008), Monaco (2008-2009)

Le garde suisse de l’OL pendant les années dorées, c’est lui. Patrick Müller n’est certes pas le défenseur le plus rapide de l’histoire de la Ligue 1 – « 99% des attaquant étaient plus rapides que moi » , avoue-t-il à L’Équipe. Tacler ? Ce n’est pas non plus son truc, à en croire une interview accordée à So Foot : « Je n’étais pas un défenseur qui avait l’habitude de beaucoup tacler. L’autre jour, je discutais avec Sonny Anderson et Greg Coupet et ils m’ont dit : « De toute façon, toi, le seul tacle que t’as mis dans ta vie, c’était au Stade de France, en finale de la Coupe de la Ligue, pour marquer le but du 2-1. » Et ce n’est pas faux du tout. » Qu’importe, puisque le Genevois compense avec sa science du placement et la qualité de ses passes claquées. Très utilisé pendant son premier mandat entre Rhône et Saône, davantage contrarié par les blessures lors du second, l’international helvète s’offre quand même six titres de champion de France. Plutôt solide.

#597 - Noureddine Naybet

Noureddine Naybet
Nantes (1993-1994)

Considéré comme l’un des meilleurs défenseurs africains de l’Histoire, celui qui compte 115 capes et une finale de CAN avec la sélection marocaine ainsi qu’un palmarès long comme le bras en club (de multiples trophées dans son pays avec le Wydad Athletic Club, une Coupe du Portugal avec le Sporting CP, un championnat, une Copa del Rey, une demie de C1 et le statut de meilleur défenseur de Liga pendant trois saisons de rang avec le Super Depor dans les années 2000) n’est en revanche resté qu’une saison en D1. C’était en 1993-1994 sous les couleurs du FCNA, pour sa première expérience en Europe. Suffisant pour marquer les esprits avec une saison pleine (34 apparitions dont 33 titularisations), des prestations impeccables et une cinquième place décrochée par les Canaris à l’arrivée, un an avant le titre de 95 auquel Naybet ne prendra pas part, déjà parti briller au coeur de la péninsule ibérique. Depuis, on pense forcément à lui lorsqu’un défenseur marocain atterrit en Ligue 1 pour s’y faire une place : « Noureddine Naybet est une légende de la sélection marocaine, c’est un honneur de pouvoir discuter avec lui et surtout d’apprendre de son expérience, de ses recommandations, afin que je puisse suivre ses pas » , exprimait Achraf Hakimi, pour le média Jeune Afrique, quelques semaines après son arrivée au PSG.

#596 - Rod Fanni

Rod Fanni
Lens (2002-2004), Nice (2005-2007), Rennes (2007-2011), Marseille (2011-2015 et 2016-2017)

Il est facile de laisser une bonne image dans un club. Il est plus difficile de le faire dans plusieurs. C’est pourtant ce qu’à réussi Rod Fanni qui a prouvé, partout où il est passé, qu’il était un bon latéral droit. Alors non, il n’a jamais été Dani Alves, mais il restait un latéral sérieux, avec une bonne qualité de centre. D’ailleurs, ce n’est pas pour son sourire qu’il a été élu deux fois dans l’équipe-type de la saison aux trophées UNFP lorsqu’il évoluait à Rennes et qu’il a été appelé à plusieurs reprises en équipe de France (5 sélections), il fait d’ailleurs partie des sept joueurs qui ont eu la chance d’être écarté par Raymond Domenech avant le début du Mondial 2010. Et puis surtout, grâce à lui, l’admirateur de Bolsonaro Lucas Moura ne figure pas dans ce classement puisqu’il a privé le Brésilien d’un but qui aurait été l’un des plus beaux de l’histoire du championnat. Alors rien que pour ça, il méritait une bonne place.

#595 - Maurice Lafont

Maurice Lafont
Nîmes (1952-1959), Toulon (1959-1960)

Sept saisons de D1 peuvent parfois suffire à construire une légende. Et c’est l’histoire qu’a vécue Maurice Lafont avec le Nîmes Olympique. Défenseur rugueux et vaillant soldat, à défaut de jouer les premiers rôles, le Parisien de naissance débarque en 1949 dans le Gard. Il doit pourtant patienter jusqu’en 1952 avant d’avoir le droit à sa chance, la faute à un statut de remplaçant tenace et à un détour par Grenoble, en D2, afin de gratter du temps de jeu.

C’est ainsi lors de l’exercice 1952-1953 que Lafont s’affirme à l’arrière, se targuant d’une trentaine de rencontres par saison, ainsi que d’une campagne 1957-1958 mémorable (232 matchs de D1, 266 au total). Club du ventre mou, le NO s’offre en effet un bond en avant, terminant à la deuxième place, à quelques encablures du grand Stade de Reims, contre qui il perdra également la finale de la Coupe de France. Avant de réitérer l’exploit l’année suivante, cette fois derrière Nice (Nîmes sera également troisième en 1959-1960, sans Lafont). Le capitaine, surnommé « La Bielle » , en raison de sa carrière de cheminot, glane même la récompense ultime en cette fameuse année 1958, intégrant l’équipe de France troisième de la Coupe du monde suédoise (4 sélections en Bleu). Il quittera finalement sa formation de toujours en 1959, à 32 ans, pour Toulon. Une pige achevée avec fracas, par une relégation et un départ précipité du côté de Montpellier, l’éternel rival des Crocos. Pour Maurice Lafont, la fin aura donc été un peu moins belle, mais elle ne fera jamais oublier les débuts.

#594 - Olivier Dacourt

Olivier Dacourt
Strasbourg (1992-1998), Lens (1999-2000)

C’est vrai, Olivier Dacourt est davantage estampillé Serie A ou Premier League que D1. Mais avant de briller avec Leeds, la Roma ou l’Inter, le talentueux milieu défensif originaire de la région parisienne fait ses gammes à Strasbourg. C’est là, sous la tunique bleue du Racing et avec la confiance de Jacky Duguépéroux, qu’il devient un titulaire à part entière en 1995, à 20 ans, après plusieurs saisons d’apprentissage. « Strasbourg m’a tout donné, reconnaît d’ailleurs bien volontiers l’homme aux 21 sélections en équipe de France. Si j’ai fait la carrière que j’ai faite, c’est grâce à tout ce que j’ai vécu ici. Je suis arrivé à 13 ans, je vivais au centre de formation, alors forcément, ça marque. Je me suis formé au football mais aussi humainement. »

#593 - Daniel Eon

Daniel Eon
Nantes (1963-1968)

Dans la longue et glorieuse histoire du FC Nantes, ce gardien a fait partie des fondations. Car les deux premiers de ses huit titres de champion de France, c’est avec Daniel Eon dans la cage que la Maison jaune est allé les chercher, sous les ordres d’un José Arribas qui faisait alors naître le célèbre Jeu à la nantaise. Artisan de la première montée des Canaris dans l’élite en 1963, le Nazairien Eon est aussi déterminant lorsque le FCN se hisse pour la première fois au sommet du pays, conservant même son titre la saison suivante (1964-1965 puis 1965-1966), ou encore lors du parcours jusqu’en finale de Coupe de France lors de cette même année 1966 ou la deuxième place décrochée en 1967. « Juste après Monaco, le terrain a été envahi, racontait-il à Ouest-France pour les 50 ans du titre de 65. Une heure après, 5000 ou 6000 personnes nous attendaient dehors. En buvant des coups. C’était la grosse gloire parce que c’était la première du club, un club qui avait toujours végété. »

La gloire, lors de la saison suivante, sera gâchée, pour lui, par un incident aussi cocasse que tragique, narré par le site du FC Nantes : « En bonne position pour garder les cages tricolores lors du Mondial en Angleterre (11 au 30 juillet 1966), Daniel Eon voit son rêve s’envoler par un terrible coup de malchance. Déjà assurés du titre, les Jaunes se déplacent sur la pelouse de l’AS Cannes dans le cadre de la 38e et dernière journée. À la 82e minute de jeu, Philippe Gondet marque son troisième but de la soirée pour porter le score à 5-1. Avec cette réalisation, « Philippe la foudre » bat le record de buts sur une même saison dans l’élite (36). Dans un élan d’admiration et afin de célébrer collectivement cet exploit, Daniel Eon se précipite vers ses coéquipiers et saute de joie : il se rompt le tendon d’Achille. Le Mondial s’envole. Le rêve du portier, également.  » Joueur d’un seul club ou presque (il est également passé par La Roche-sur-Yon, Ancenis et Saint-Nazaire à des étages plus bas), il n’aura ainsi droit, en tout et pour tout, qu’à trois sélections au cours de sa carrière. Daniel Eon s’est éteint le 15 mars 2021 à l’âge de 81 ans, dans la ville où il aura tout connu : Nantes. Laissant le souvenir d’un portier excessivement polyvalent, dixit son ex-coéquipier Bernard Blanchet, toujours pour Ouest-France : « C’était un gardien exceptionnel. C’était aussi un très bon joueur sur le terrain. Très adroit. Il était capable d’évoluer derrière ou au milieu. Comme on jouait très haut avec Monsieur Arribas, Daniel jouait souvent en dehors des 18 mètres. Il était très, très bon. »

#592 - Franck Silvestre

Franck Silvestre
Sochaux (1985-1993), Auxerre (1993-1998), Montpellier (1998-2003), Bastia (2003)

Sochaux, Auxerre et Montpellier sont autant de clubs parvenus à jouer les trouble fête dans la D1 des années 1990. Et cela tombe bien, les trois écuries ont permis l’éclosion d’un soldat antillais : Franck Silvestre. C’est ainsi dans le Doubs que le défenseur central, débarqué à seulement 13 ans, lance sa carrière, s’associant au non moins robuste Faruk Hadžibegić en charnière. Lent et puissant, malgré un physique standard (1,80 mètre, 70 kilos), Silvestre s’offre 218 rencontres dans l’élite, entre 1985 et 1993, auréolées d’une finale de Coupe de France en 1988 (perdue contre Metz), d’un titre de champion d’Europe Espoir la même année, aux côtés de son coéquipier et ami Stéphane Paille, mais également d’une participation à l’Euro 1992 (onze capes au total). Un véritable exploit pour un joueur du FCSM.

Cependant, le temps des ambitions a vite pris le pas sur celui de la romance. Voyant ses compères quitter uns à uns le navire de la maison Peugeot, le Guadeloupéen s’est, à son tour, décidé à filer, après huit ans de bons et loyaux services. Direction Auxerre et la rigueur de Guy Roux, pour un passage qui s’avérera mémorable. Au sein d’une AJA au sommet, Silvestre glane en effet une première Coupe de France en 1994, réalise le doublé en 1996 et accroche un mythique quart de finale de Ligue des champions en 1997, face au Borussia Dortmund. Le tout, évidemment agrémenté de 169 matchs en D1, durant lesquels les Auxerrois ne descendront jamais en dessous de la septième place : « À Auxerre, j’étais très proche de Bruno Martini, détaillait-il au Midi Libre. Nous avions une super relation. Et je me souviens que Bruno avait également une relation privilégiée avec Guy Roux, c’était son relais dans le vestiaire. Du coup, on s’amusait toujours à faire les cons, exprès. Je me souviens qu’il y avait toujours de la soupe aux repas d’avant-match. Alors avant que le coach arrive, nous avions versé tout le sel et le poivre dans son assiette et, comme souvent, Bruno s’était précipité pour nous crier dessus. Mais Guy Roux est arrivé avant que Bruno ne puisse réagir, et il a avalé son assiette sans broncher. Bruno était le premier mort de rire. »

À l’été 1998, alors âgé de 31 ans, Silvestre est malgré tout poussé vers la sortie, obligé de quitter l’ambiance familiale. Mais là encore, le point d’atterrissage est bien choisi. Désiré par Michel Mézy et séduit par Louis Nicollin, qui en font leur capitaine, il s’impose comme le leader d’une arrière garde composée de Bruno Carotti, Pascal Baills, Nenad Džodić ou Pascal Fugier, entre autres : « Avoir été capitaine de ce club est un honneur, s’émouvait l’intéressé sur MHSC OnAir. C’était la confiance des entraîneurs et du président parce que ça faisait deux-trois ans que le président me voulait. Il savait que j’avais eu d’autres contacts avec des clubs qui me proposaient beaucoup mieux sportivement et financièrement mais j’avais déjà donné ma parole au président Nicollin et venir à Montpellier en tant que joueur, pour moi, c’était inespéré. » Sa dernière expérience longue durée, faite de hauts et de bas collectivement (avec une relégation et une remontée immédiate entre 1999 et 2001) avant une ultime pige en 2003, à Bastia. De l’Est au Sud, la France a donc connu Silvestre et son talent.

#591 - Laurent Leroy

Laurent Leroy
Cannes (1996-1998), PSG (1998-2003), Troyes (2003), Bordeaux (2005)

« Je ne faisais pas de talonnades, pas de passements de jambe. Je n’étais pas Ronaldinho ou Okocha, mais je me battais sur le terrain. Courir, tacler et faire plaisir aux supporters. » Ne vous fiez pas à cette déclaration de Laurent Leroy, non, l’ancien Parisien n’était pas milieu de terrain, ni défenseur mais bien attaquant. Attaquant et non buteur, car le Nordiste n’était pas connu pour enchaîner les saisons à 20 buts. En revanche, chaque but marqué par Laurent Leroy était un bijou, à l’image de ses deux retournés en trois matchs pour ses débuts en Ligue 1 avec Cannes qui lui ont permis d’être surnommé « Leroy de la bicyclette » ou de son golazo digne de CR7 avec le PSG en Ligue des champions face au Deportivo la Corogne. Mais comme le monde du football attend d’un attaquant qu’il marque des pions à la pelle, Laurent Leroy a souvent goûté au banc même s’il a laissé un bon souvenir aux Parisiens et à toute la Ligue 1. Et pas seulement pour sa bagarre avec son homonyme et ancien coéquipier Jérôme Leroy, avec qui il s’est confié dans un entretien fleuve à So Foot en 2015, en plein Classique qui lui fait gagner 300 places.

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