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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (530-521)

Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#530 - Jean Sécember

Jean Sécember
Excelsior de Roubaix-Tourcoing (1933-1939)

Le nom de Jean Sécember a été dépoussiéré sur les vieux grimoires de l’histoire des Bleus en novembre 2021 quand Kylian Mbappé est devenu le sixième joueur français à inscrire quatre buts dans un même match officiel en sélection, face au Kazakhstan. L’attaquant des années 1930 avait lui été le second à réaliser pareille prouesse, vingt ans après le quintuplé d’Eugène Maës contre la Bulgarie, en enfilant quatre pions lors d’un succès tricolore face à la Belgique (5-3), le 9 juin 1932. Une partie mémorable intervenant quelques semaines seulement avant de voir le joueur de 22 ans prendre part à la première saison de l’ère professionnelle. En dehors d’un passage éclair à Lens en D2, Sécember aura passé près de six ans à régaler l’Excelsior de Roubaix-Tourcoing, un club généralement classé en première partie de tableau, sans jamais aller voir trop haut. Pas de quoi empêcher le garçon du pays faire ce qu’il préfère sur un terrain de foot : marquer des buts. Il en aura ainsi planté 22 en 1934-1935 ou encore 17 la saison suivante jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale ne relègue le ballon rond au second plan. On sait finalement peu de choses de Jean Sécember, mais ce n’était pas une raison pour qu’il ne fasse pas partie de cette grande aventure.

Crédit photo : FFF

#529 - Michel Mézy

Michel Mézy
Nîmes (1965-1967 puis 1968-1975 et 1977-1979), Lille (1975-1977), Montpellier (1981-1982)

Si Will Smith n’avait pas été dispo, Francis Lawrence aurait aisément pu se tourner vers Michel Mézy pour le rôle principal du film Je suis une légende. Adulé à Nîmes, MM a réussi la performance de l’être tout autant chez le rival montpelliérain. Arrivé à 12 ans chez les Crocos, il joue un rôle déterminant dans les bons résultats du NO dans les années 1970, avec en point d’orgue une deuxième place derrière l’OM en 1972. « Nîmes c’est passionnel, un petit Marseille, résumait-il pour Le Parisien. Au début des années 1970, j’avais des propositions de Barcelone, l’Atlético de Madrid, Saint-Étienne, Marseille ou Nantes. Mais mon père est tombé malade. Comme je suis fils unique, je ne pouvais pas m’éloigner de mes parents. Et puis j’étais, et je suis toujours, profondément attaché à ma région. Le matin quand je regarde les flamants roses prendre leur envol sur l’étang ou les taureaux de Camargue courir dans la brume, je suis le plus heureux des hommes. » Après une pige à Lille, le milieu de terrain a terminé sa carrière de joueur sous les couleurs de Montpellier, qu’il a aidé à remonter dans l’élite en 1981, avant d’en devenir l’entraîneur emblématique. Immense.

#528 - Jacky Simon

Jacky Simon
Nantes (1963-1968), Bordeaux (1968-1970), Red Star (1970-1973)

L’élégant Jacques Simon, dit Jacky Simon, n’a pas fait partie de ceux qui ont validé la première montée du FC Nantes en D1, mais a grimpé dans le train en marche, en 1963 en provenance de Cherbourg (contre 120 000 francs), pour compléter l’équipe de tueurs de José Arribas qui squattera les sommets du championnat de France et signera les premiers exploits du club jaune et vert (titres en 1965 et 1966, deuxième place en 1967, plus une Coupe de France en 1966). L’année de la première consécration, en 65 (et pour sa deuxième saison chez les Canaris), Simon est le plus gros buteur de l’Hexagone, avec 24 pions en 32 apparitions, et est même carrément nommé meilleur joueur français. Ce ne sera pas son seul accomplissement, puisqu’il restera comme le premier buteur de l’histoire de Nantes en D1 (à Marcel-Saupin, face à Sedan), le premier international français du club (à partir de 1963, quinze capes et un attentat mémorable de l’Anglais Nobby Stiles lors du Mondial 1966), le meilleur buteur de la maison jaune sur trois de ses cinq saisons en Loire-Atlantique, et le premier Nantais à signer chez l’ennemi bordelais (avec qui il jouera une autre finale de CDF avant une fin de carrière au Red Star). La plus grande figure du football manchois s’arrêtera à 98 buts dans le championnat, en 302 apparitions, et s’est éteinte le 5 décembre 2017 dans sa Normandie natale. Et dire qu’il n’était qu’ailier ou numéro 10…

#527 - Gustave Kemp

Gustave Kemp
Metz (1945-1948)

Petits pieds, grand talent. Gustave Kemp a joué moins de trois ans en France, mais l’attaquant aux chaussures taille 35 a immédiatement montré qu’il était une pointure. Auteur de dix réalisations en 1945-1946, il passe la surmultipliée lors de l’exercice suivant. Il fait mouche 30 fois en 38 matchs dans une équipe du FC Metz qui finit avec l’attaque numéro 1 de l’Hexagone. S’il n’était pas tombé sur un Pierre Sinibaldi de gala cette saison-là (33 buts), son CV afficherait d’ailleurs un titre de meilleur artificier du championnat. Après 97 matchs et 63 réalisations sous le maillot grenat, le Luxembourgeois est dramatiquement coupé dans son élan dans un accident de voiture qui lui coûte la vie le 13 avril 1948. Un « Super canonnier » auquel le FC Metz rend hommage de la façon suivante sur son site : « Doté d’une puissance de frappe incroyable, cette force de la nature semait la terreur dans les défenses adverses sur son côté gauche. Il ne chaussait pourtant que du 35 ! Malgré ce « handicap », il pouvait faire mouche des 30-40 mètres. » Un attaquant de Lux’.

#526 - Grégory Tafforeau

Grégory Tafforeau
Lille (2001-2009), Caen (2010-2011)

Dans les années 2000, le LOSC n’a pas encore de stade avec toit rétractable, mais peut compter sur une formation souvent très compétitive, capable d’enquiquiner le grand Lyon pendant la majeure partie de la saison et de taper Manchester United ou l’AC Milan en Ligue des champions. Parmi cette meute de Dogues sacrément affamés, il y a Grégory Tafforeau. Arrivé sur la pointe des pieds en 2001, le latéral gauche devient vite indispensable dans le Nord, à tel point qu’il récupère même le brassard de capitaine. Quant à l’éventualité d’aller voir si l’herbe ne serait pas plus verte ailleurs, ce n’est même pas la peine d’y penser. « J’ai eu l’occasion de partir plusieurs fois, avoue-t-il à So Foot. Monaco me suivait, l’Angleterre aussi, mais j’ai toujours été assez sécuritaire. Je savais ce que j’avais au LOSC et je me méfiais vachement de ce vers quoi je pouvais aller. Après, je ne regrette rien. Je suis fier de mon parcours et de ma carrière. » Sincèrement, il y a de quoi.

#525 - Éric Cantona

Éric Cantona
Auxerre (1983-1985 puis 1986-1988), OM (1988 puis 1990-1991), Bordeaux (1989), Montpellier (1989-1990), Nîmes (1991)

Avant de devenir le King de Manchester, Canto a été une figure du championnat de France, dans lequel il aura eu le temps de porter les couleurs de cinq écuries en moins de dix ans après avoir notamment été baladé de club en club par l’OM. Révélé à l’AJA – son club formateur – sous les ordres, évidemment, de son deuxième père Guy Roux, il a rapidement fait étalage de ses talents sur le front de l’attaque, mais aussi de son caractère bien trempé. Comme ce jour où, à 21 ans seulement, il se fritte avec Michel Der Zakarian lors d’un Nantes-Auxerre : «  Vous pouvez préparer le rouge  » , lance-t-il à l’arbitre après avoir pris sa première biscotte, parole tenue deux minutes plus tard avec un véritable attentat sur l’Arménien. Les histoires comme celles-ci, l’attaquant les collectionnera en D1, entre une paire de crampons envoyée dans la poire de son coéquipier à Montpellier Jean-Claude Lemoult en octobre 1989, ou une prise de bec rocambolesque avec l’homme en noir Jean-Pierre Blouet pendant un Nîmes-Sainté en décembre 1991 : un ballon envoyé dans les jambes de ce dernier, puis un «  Si c’est comme ça, je m’en vais, et je t’emmerde  » qui lui vaudra quatre matchs de suspension… Et un « bande d’idiots » adressé aux membres de la commission de discipline pour prolonger sa mise à l’écart. Tout ça à cause de Sylvain Kastendeuch qui avouera à Canal+ : « J’ai utilisé quelques ficelles et quelques artifices pour le faire disjoncter. » Parfois étincelant (54 pions en 182 apparitions de D1, participation aux titres de l’OM en 1989 et 1991 et au sacre du MHSC en Coupe de France), parfois transparent, il finira dégoûté du foot français après son expérience ratée dans le Gard, annonçant même sa retraite sportive à 25 ans, après le clash avec Blouet. Ce ne sera en fait que le début de quelque chose d’encore plus grand, de l’autre côté de la Manche.

#524 - Roger Couard

Roger Couard
RC Paris (1935-1938), Le Havre (1938-1939)

Roger Couard n’a pas seulement en commun avec Zinédine Zidane d’avoir eu des racines familiales en petite Kabylie. Les contemporains de l’attaquant n’ont jamais oublié ce qu’il était capable de faire sur un terrain. Il n’était peut-être pas un virtuose comme le double Z, mais il se distinguait à la fois par son intelligence de jeu et son obstination à sauter sur des ballons pour faire trembler les filets adverses. « Il n’abandonne jamais une balle, s’acharne après elle, la poursuit, la tracasse, la malmène et dès qu’il voit une faille, il botte, d’où qu’il soit, d’un shoot terriblement dur » , pouvait-on lire dans la presse à l’époque selon les dires d’un article publié dans L’Algérianiste en 1999. Le blond aux yeux bleus était même comparé à un « gladiateur romain » et il aura commencé à briller en Algérie avec le Racing universitaire d’Alger, suivant les traces de son frère Raymond, qui était lui défenseur.

C’est au moment d’honorer son service militaire que le RC Paris saisit la magnifique opportunité de l’attirer sous les couleurs bleue et blanche, les mêmes que le RUA, à la différence près que les bandes sont horizontales. Sous ce maillot emblématique des premières années de la D1, Couard s’impose comme une terreur pour les gardiens adverses et enchaîne deux saisons remarquables : une première créditée de 23 caramels en 1935-1936 puis une autre à 22 réalisations pour ne pas s’ennuyer. L’apogée de l’attaquant, freiné ensuite par de nombreuses blessures aux genoux, et dont la fin de l’aventure dans l’Hexagone se fera au Havre, avec un peu moins d’éclat que dans la capitale.

La suite, ce sera la guerre et surtout un retour au pays pour Roger Couard, très attaché à Alger, où il aura noué une certaine amitié avec… Albert Camus, le futur prix Nobel de la littérature, lors de leurs années communes passées au Grand Lycée. « Ce Camus de ma jeunesse, je l’ai revu en 1955 à Alger, racontera Couard dans des propos relatés par L’Algérianiste. Préoccupé par les événements, il y était venu de Paris pour s’informer et tenter d’obtenir une trêve dans les attentats. Le RUA (Racing universitaire d’Alger) lui fit grande fête, mais son moral était bas. Pour le divertir, je devais le mener voir un match le dimanche suivant au stade de Saint-Eugène. Tiraillé de toutes parts, il ne put m’accompagner. Au nom du RUA et au mien, je vais me recueillir sur sa tombe à Lourmarin, en souvenir de notre cher passé. » Des paroles prononcées quelques années avant son décès, survenu en mars 2001, à Marseille. La ville de naissance de Zinédine Zidane.

#523 - Stanislas Golinski

Stanislas Golinski
Lens (1946-1948), Nîmes (1950-1958)

À l’entame du XXe siècle, le football endossait plus que jamais le rôle de sauveur. Pour Stanislas Golinski, il a même certainement permis de sauver une vie. Fils de mineur, à Montigny-en-Gohelle, dans le Nord, le jeune Stanislas suit effectivement les traces de son paternel, contraint et forcé, à seulement 14 ans. Dans les entrailles de la Terre, l’adolescent risque sa vie pour quelques deniers, ne trouvant alors du plaisir qu’au moment de taper dans le ballon, au sein du club de sa petite ville. Doué, il séduit finalement les dirigeants du RC Lens, venus lui offrir son premier contrat en 1946, pour ses 21 ans. Doté d’un physique robuste, forgé par ces années de labeur, Golinski est ainsi placé en défense centrale. Position qu’il ne quittera plus. Au RCL, jusqu’en 1948, s’enchaînent en effet 60 rencontres et une finale de Coupe de France, avant un transfert surprenant à Nîmes, alors en deuxième division.

Chez les Crocos, l’arrière ne passe finalement que deux saisons à l’échelon inférieur, revenant dans l’élite au printemps 1950. Le club et son homme de base se stabilisent dès lors en D1 (317 matchs) et atteignent les sommets durant la campagne 1957-1958. Les Nîmois terminent à ce titre deuxièmes du classement en championnat, mais également finalistes en Coupe de France. À chaque fois devancés par le Stade de Reims. Cette saison sera d’ailleurs la dernière de Stanislas Golinski, qui raccrochera les crampons dans la foulée à 34 ans. Et quel plus bel hommage que celui de Gunnar Andersson pour résumer la solidité de ce rempart ? « Expliquez cela comme vous voudrez, je ne peux pas jouer contre ce garçon, il me paralyse » , avouait ainsi le canonnier suédois dans L’Équipe, en 1954. Beaucoup d’attaquants ont dû faire le même constat.

#522 - Zlatko Vujović

Zlatko Vujović
Zlatko : Bordeaux (1986-1988), Cannes (1988-1989), PSG (1989-1991), Sochaux (1991-1992) ; Zoran : Bordeaux (1986-1989), Cannes (1989 et 1991-1992)

Les liens unissant les jumeaux restent un mystère insoluble. Et en football, les frères Vujović n’ont pas dérogé à la règle. En effet, Zlatko et Zoran se sont lancés dans un long périple dans l’Hexagone, sans jamais vraiment se quitter. À l’été 1986, à 28 ans, l’âge autorisé en Yougoslavie pour signer à l’étranger, Zlatko, attaquant de l’Hajduk Split, est ainsi la cible de plusieurs écuries françaises, désireuses de s’attacher les services du meilleur buteur du championnat yougoslave en 1985, avec 25 réalisations. En tête de liste, le RC Paris, version Matra, de Jean-Luc Lagardère. Un temps attiré, le buteur décline cependant l’offre, refusant de quitter son frère et coéquipier (285 matchs disputés ensemble à Split). Flairant la bonne affaire, Claude Bez décide alors de recruter les deux joueurs, pour faire d’une pierre deux coups.

Zlatko, l’avant-centre, et Zoran, le défenseur, deviennent rapidement indiscutables dans le onze type d’Aimé Jacquet et s’offrent les sommets dès leur première saison, avec un doublé championnat-Coupe de France au printemps 1987. Attendu au tournant, le buteur se permet même un rendement personnel satisfaisant, en marquant douze fois. Pourtant, en 1988, il choisit de se séparer de son frère, pour rejoindre l’AS Cannes. Resté à Bordeaux, Zoran vit très mal la distance. Incapable de retrouver le niveau qui était le sien lors de ses deux précédentes campagnes, à mesure que Zlatko enquille les pions pour sa seule saison en rouge et blanc (18 buts lors de la saison 1988-1989 en championnat). La fratrie se retrouve finalement en janvier 1989, Francis Borelli acceptant de reformer le duo.

Une réussite humaine, plus que sportive, puisque Zlatko, trop imposant pour les modestes Dragons, séduit le Paris Saint-Germain durant le mercato estival, et Zoran, ne disputant que neuf rencontres, choisit de rentrer au pays, à l’Étoile rouge de Belgrade (il reviendra en France, à Vallauris, de nouveau Cannes puis Nice, où il retrouvera son jumeau, sans jamais s’imposer). Seul, mais suffisamment expérimenté pour affronter cet isolement, Zlatko réalisera par ailleurs un exercice 1990-1991 honorable, avec dix buts en D1, avant de décliner petit à petit, achevant son tour dans l’élite du côté de Sochaux. Comme un symbole, c’est donc à Nice, en deuxième division, que les inséparables se rabibochent, durant quelques mois, avant d’annoncer leur retraite commune à 35 ans. Who’s Who in France.

#521 - Beto Márcico

Beto Márcico
Toulouse (1985-1992)

Le pire cauchemar des nutritionnistes. Au cours de son long bail à Toulouse, Alberto Márcico a pour habitude d’ingurgiter entre huit et dix pizzas par semaine. Un régime alimentaire a priori peu recommandé pour la pratique du sport de haut niveau, mais qui n’empêche pas le feu follet argentin de régaler le Stadium pendant sept ans. Car en plus d’être un bon vivant, jovial et souriant, Beto est un milieu offensif doté d’un gros bagage technique et d’un goût évident pour le spectacle. En témoigne son plus beau but en violet, qu’il décrit pour La Dépêche du Midi : « C’était lors d’un TFC-Rennes. Je revenais de blessure et j’étais sur le banc des remplaçants. On était menés à la mi-temps. Je suis entré, j’ai dribblé trois défenseurs puis le gardien, j’ai attendu que le gardien revienne, je l’ai redribblé, et j’ai marqué. On a gagné 4-2. » Nous, on retient surtout que dans la Ville rose, on peut alors commander une pizza à base d’œufs durs, de jambon et de fromage, baptisée la Márcico.

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