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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (380-371)

Par Clément Gavard

Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.

#380 - Bernard Lefèvre

Bernard Lefèvre
Lille (1949-1956), Saint-Étienne (1956-1957), Nancy (1957-1960)

Durant sa carrière, Bernard Lefèvre a eu la chance de remporter le championnat et la Coupe de France par deux fois. Un exploit que seuls une poignée de joueurs sont parvenus à réaliser et dont le Nordiste a donc accompli. Lui le milieu de terrain emblématique du LOSC, qu’il permettra de hisser haut sur l’échelle du football hexagonal.

L’histoire d’amour entre Lefèvre et Lille naît au soir du 6 mai 1945. Dans une France encore tourmentée par la guerre, le jeune Bernard, 14 ans, voit en effet les Dogues perdre leur première finale de coupe nationale, face au RC Paris : « Je me suis entêté. Lille était pour moi le meilleur lors de cette finale, et je suis devenu un supporter inconditionnel de ce club » , narrait-il à La Voix du Nord. Débutent alors les prémices de 162 rencontres dans l’élite entre 1949 et 1956, qui le verront marquer à 72 reprises tout de même et glaner trois titres consécutifs : d’abord la D1 en 1953, puis la Coupe de France, donc, en 1954 et 1955. Rien de tout cela n’aurait pourtant pu arriver si, en 1950, au sortir d’une sérieuse blessure à la cheville et d’un médecin fataliste ( « monsieur Lefèvre, vous n’allez jamais recourir ! » lui aurait-on glissé après ses examens), le relayeur n’avait pas cru en ses capacités.

Le palmarès suffisamment chargé, Lefèvre choisit alors de bouger. À Saint-Étienne, pour la seule saison 1956-1957, durant laquelle il remporte le premier titre de champion des Verts, ensuite à Nancy, jusqu’en 1960 (99 matchs) où il alternera entre élite et antichambre, avant de définitivement s’installer en deuxième division, avec l’OM et le LOSC. Pour mieux boucler une carrière achevée en 1963, à 33 ans.

#379 - Louis Cardiet

Louis Cardiet
Rennes (1962-1973), PSG (1973-1976)

Le latéral gauche a terminé sa carrière au sein du tout jeune Paris Saint-Germain, mais c’est sa grande décennie au Stade rennais, avec lequel il a soulevé deux fois la Coupe de France, qui caractérise le capitaine historique du club breton. Ce Finistérien de naissance aurait pourtant pu passer à côté de ce mariage sportif, comme il l’expliquait dans un entretien accordé à Rouge Mémoire : « Un jour, François Pleyer, qui était dirigeant du Stade rennais, est venu me voir à Lorient et m’a demandé de rejoindre Rennes. Je ne suivais pas du tout le football professionnel. Je travaillais à Lorient comme peintre en lettres. Je faisais les enseignes sur les vitrines, les camions. Les dirigeants rennais sont d’abord venus voir mes parents. Mon père n’était pas trop favorable à ce que je devienne footballeur professionnel. Il ne savait pas trop où cela allait me mener, alors que j’avais un bon boulot à Lorient et que je n’avais jamais joué au football avant, à part tard au FC Lorient. Mon patron de l’époque, René Duval, était un fanatique de football. Quand il a appris que le club voulait m’avoir, c’était comme si c’était lui qui partait jouer en professionnel à Rennes. Il m’a dit que si ça ne se passait pas bien, il me reprendrait dans son entreprise à Lorient. C’est lui qui a convaincu mes parents de me laisser partir au Stade rennais. »

Il disputera finalement plus de 300 matchs en rouge et noir, se baladant dans son couloir gauche, sans souvent marquer, mais en restant essentiel dans le jeu de l’équipe. « Je ne pensais pas à marquer. En revanche, j’ai amené beaucoup de buts. Mais j’aurais pu en marquer beaucoup plus en étant encore davantage offensif, mais ce n’était pas notre but à cette époque-là. J’étais plus concentré sur la défense que sur l’attaque, posait-il. J’aimais bien aussi donner des bons ballons, notamment à Daniel Rodighiero à qui j’en ai beaucoup donné et à Marcel Loncle. J’aimais bien déborder pour centrer en retrait. Mais je me replaçais aussitôt. Surtout que j’étais physique : je pouvais aller devant à fond la caisse et revenir me replacer immédiatement en défense. Rarement, j’allais au charbon dans la surface de réparation. » Loulou est décédé en avril 2020, laissant un grand vide chez les anciens à Rennes, comme ce supporter qui avait pris la plume pour écrire à Ouest-France en apprenant la disparition du capitane rennais : « Il était élégant et athlétique. Il fut carrément héroïque en demi-finales de la Coupe de France de 1971 face à Magnusson et l’OM de Skoblar, que Marcel Aubour allait désespérer aux tirs au but. Bien sûr, avec d’autres postiers, je suis allé au stade de Colombes en 1971 pour la finale. Quelle aventure ! Dans le train, à Montparnasse et dans le stade… Et quel retour avec la réception à la mairie de Rennes (30 000 personnes). Et des scènes qu’on ne peut pas raconter au Centre-Bar. Oui, j’ai été heureux grâce au Stade rennais avec son capitaine historique Louis Cardiet. »

#378 - Anto Drobnjak

Anto Drobnjak
Bastia (1994-1997), Lens (1997-1998)

Une occasion en or. Promu en D1 en 1994, Bastia cherche activement à renforcer son secteur offensif. Ancien du Sporting, Dragan Džajić propose alors à son ancien club l’un de ses protégés de l’Étoile rouge Belgrade (dont il est le directeur sportif) : Anto Drobnjak. Ce dernier s’engage finalement pour trois ans avec le SCB. « J’étais content de mon choix, car il y avait de gros problèmes politiques chez moi, et puis sur le plan sportif, j’avais besoin d’un nouveau challenge, explique l’avant-centre monténégrin au site Foot d’Avant. À Bastia, j’ai connu un club où les gens parlent avec leur cœur. Un club qui me ressemble. Puis la Corse ressemble un peu au Monténégro, il y a la mer, les montagnes et le même climat. » L’ancien Belgradois se sent donc comme chez lui sur l’Île de Beauté, et il en profite pour claquer but sur but (52 en 100 matchs de championnat au total). Il file ensuite au nord du pays, à Lens, où ses quatorze réalisations – dont un triplé contre Marseille (3-2) et un doublé crucial à Metz (0-2) – sont d’une aide précieuse pour les Artésiens, qui décrochent le titre de champion de France en 1998. Anto, du travail de pro.

#377 - Louis de Maréville

Louis de Maréville
OM (1945-1947), Cannes (1947-1948 puis 1948-1949)

Maréville, nous voilà ! Recruté par l’Olympique de Marseille en 1942, Louis de Maréville a tout de suite mis la Canebière dans sa poche. Pendant trois saisons, il termine meilleur buteur phocéen en championnat. En 1944-1945, avec ses 18 buts, il relègue à bonne distance son compère légendaire Emmanuel Aznar (12 buts), notamment grâce à un triplé à Bordeaux. De Maréville améliore encore sa marque la saison suivante en marquant à 21 reprises. Avec 66 réalisations, il reste encore le onzième meilleur artilleur de l’histoire de l’OM en championnat, même s’il n’avait pas tout pour lui. La Provence le qualifie en effet de « petit et extrêmement myope » , ajoutant : « Loulou de Maréville avait même marqué un but sans s’en rendre compte, une fois, depuis la ligne de touche. »

On n’ose imaginer ce que ça aurait donné s’il avait eu de bons yeux…

#376 - Rudi Hiden

Rudi Hiden
Racing Paris (1933-1940)

Si Rudi Hiden débarque au Racing Paris en 1933, c’est parce qu’il est un excellent gardien, « l’un des plus grands de l’histoire » pour Libération. Mais c’est aussi, et surtout, que l’Autrichien a été refoulé plusieurs fois par l’immigration britannique, empêchant son transfert à Arsenal. Dans l’Hexagone, Hiden garnit son palmarès d’un titre de champion de France (1936) et de trois Coupes de France (1936, 1939, 1940). En se montrant à la hauteur de son statut de star. « Avec le chancelier Dolfuss, il est l’homme le plus connu de Vienne » , écrit Paris-Soir. Hiden est connu, mais veut être reconnu. Alors il boude pendant plusieurs mois, au cours desquels il ne joue pas, en réclamant une prime. « S’il n’y a rien à faire, je retournerai en mon pays où, petit à petit, je me rouillerai comme une mécanique abandonnée » , lâche-t-il au Jour. La diva revient finalement sur les terrains, pour faire ce qu’elle sait faire de mieux. Briller, et le faire savoir. « Le botté du coup franc m’est familier. Par ailleurs, j’ai un assez bon shoot » , confie-t-il à L’Intransigeant. « Son jeu génial ne fut pas toujours compris en France, jugeait Paris-Soir. On lui reprocha souvent son « théâtre ». Est-ce bien grave ? Il avait sa personnalité. Une étonnante personnalité. Il était M. Hiden. » Docteur Jekyll et Mister Hiden.

#375 - Adick Koot

Adick Koot
Cannes (1991-1992 puis 1993-1998)

Adick Koot est le joueur le plus capé de l’histoire de l’AS Cannes en première division avec un total de 164 matchs. Son septennat au club a mal commencé, par une relégation, mais l’international néerlandais et sa bande ont immédiatement pris l’ascenseur pour remonter et aller chercher une belle sixième place en tant que promu en 1993-1994, synonyme de ticket pour la Coupe UEFA. Le défenseur formé au PSV a été capitaine, et même entraîneur-joueur lors d’un exercice 1997-1998 compliqué, conclu par une descente. Un vrai taulier, qui sera aussi capitaine du LOSC, mais en D2. Ses états de service méritent un grand Koot chapeau.

#374 - Roger Milla

Roger Milla
Valenciennes (1978-1979), Monaco (1979-1980), Bastia (1980-1984), Montpellier (1987-1989)

L’idole du Cameroun n’aura pas toujours été prophète loin de son pays. Le Ballon d’or africain et star nationale n’a pas toujours réussi à trouver sa place en France, où il débarque par le Nord en se posant à Valenciennes sous l’impulsion des supporters qui facilitent son arrivée en lançant une opération de souscription. Mais l’histoire ne dure pas plus d’un an, Roger Milla tente sa chance à l’autre bout de l’Hexagone en passant une nouvelle saison difficile, entre blessures et statut de remplaçant, ce qui écourte son aventure azuréenne. Comment ce fin dribbleur et cet attaquant intraitable peut-il passer à côté de ses expérience françaises ? Le voilà en Corse, à Bastia, où il se montre enfin plus prolifique en marquant un peu plus de trente buts en quatre saisons, avant que les dirigeants ne soient lassés de ses allers-retours au Cameroun. Frustrant, très frustrant, surtout quand le grand Milla rebondit à l’échelon inférieur, à Saint-Étienne, une équipe face à laquelle il avait remporté la Coupe de France avec le Sporting, avec un bijou de votre serviteur. Il finira en beauté à Montpellier, le club de sa vie, selon ses mots, en tout cas celui où il s’est senti le plus à l’aise. Le monsieur Coupe du monde du Cameroun passera plus de dix ans en France et acceptera de faire une pige à la JS Saint-Pierroise avant de retourner enfiler quelques perles au pays. Il aura bien dansé, le Milla.

#373 - Daniel Dutuel

Daniel Dutuel
Auxerre (1985-1993), Marseille (1993-1994), Bordeaux (1994-1996)

Son nom figure encore sur les tablettes du football français, et pour cause : Daniel Dutuel reste, à ce jour, le dernier buteur d’un club hexagonal en finale d’une Coupe d’Europe. En 1996, c’est en effet lui qui sauve l’honneur des Girondins en marquant sur coup franc face à un Bayern Munich supérieur et logiquement titré (0-2, 1-3). « Je suis entré dans l’histoire, c’est un fait, mais ça ne m’obsède absolument pas » , promet-il à So Foot, en août 2020. Aisément reconnaissable grâce à sa longue chevelure, l’élégant milieu à la frappe sèche passe d’abord de longues années à Auxerre, où il se charge de servir du mieux possible ses attaquants, qu’il s’agisse de Pascal Vahirua ou de Christophe Cocard. Le Corrézien tente ensuite sa chance à Marseille, où l’aventure tourne toutefois court à la suite de la rétrogradation en D2 consécutive à l’affaire VA-OM. Avant, donc, de rejoindre Bordeaux, où l’ancien Bourguignon a de bien meilleures relations avec Slavo Muslin qu’avec Gernot Rohr, son successeur sur le banc aquitain. « Gernot Rohr n’est pas une personne que je porte particulièrement dans mon cœur » , concède-t-il. Ce qui ne l’empêche cependant pas d’inscrire ce fameux but historique en finale de la Coupe de l’UEFA.

#372 - David Zitelli

David Zitelli
Nancy (1986-1987 puis 1990-1991), Metz (1992-1995), Strasbourg (1995-1998)

La carrière de David Zitelli en D1 ressemble à celle d’un joueur qui aime un peu trop l’Alsace et la Lorraine pour s’en échapper (il tient d’ailleurs aujourd’hui un restaurant à Nancy). Natif de Meurthe-et-Moselle et produit de l’ASNL où il est resté un paquet d’années, auteur d’une année faste en 1988 avec les Bleuets (star du tournoi de Toulon, vainqueur de l’Euro Espoirs), le buteur – ou ailier gauche – a tout cassé en deuxième division sous les couleurs nancéiennes, à la fin des années 1990 (avec notamment un exercice à vingt réalisations). Dans l’élite, c’est surtout sous les liquettes messine (13 pions en 1993-1994) et strasbourgeoise (19 en 1996-1997) qu’il a soigné ses stats, lui l’éternel joueur du ventre mou du championnat capable de mettre des buts venus d’ailleurs. Son bilan : 82 caramels en près de 300 apparitions à ce niveau. Et de beaux souvenirs, notamment de ses années en grenat : « Je n’en garde que de bons souvenirs, racontait-il dans Le Républicain lorrain. On était une équipe de potes qui jouait dans un club familial avec un super état d’esprit. On s’appuyait sur des grands joueurs expérimentés, comme Albert Cartier, Sylvain Kastendeuch ou Lubos Kubik, et des plus jeunes très doués à l’image de Robert Pirès, Cyrille Pouget, David Terrier ou Didier Lang. Il y avait de la qualité et de l’amitié entre nous, et on avait la chance de pouvoir compter sur un excellent entraîneur, Joël Muller. » Il restera aussi l’homme qui planta un doublé à Liverpool, le 21 octobre 1997 avec le Racing, lors d’un seizième de finale aller de Coupe UEFA.

#371 - Franck Ribéry

Franck Ribéry
Metz (2004-2005), OM (2005-2007)

Dimanche 22 août 2004, le musée Munch d’Oslo signale le vol du Cri et de La Madone, deux tableaux du peintre norvégien. Le même jour à plusieurs centaines de kilomètres de là, il était permis de douter que l’un deux s’était retrouvé par miracle sur ce terrain entre un des bras de la Moselle et l’autoroute A31. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il s’agissait en réalité d’un des premiers coups de pinceaux de Franck Ribéry. Un artiste qui aura, en Ligue 1, régalé Saint-Symphorien et le Vélodrome (après avoir illuminé Francis-Le Blé ou le stade de la Libération de Boulogne dans les divisions inférieures), et qui a tiré sa révérence après 18 années de football professionnel, ce 7 octobre 2022.

Notre hommage complet à « Ti’Franck » , à lire juste ici.

Par Clément Gavard

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