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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (310-301)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#310 - Yvon Le Roux
Yvon Le Roux
Brest (1979-1980 puis 1981-1983), Monaco (1983-1985), Nantes (1985-1987), OM (1987-1989), PSG (1989-1990)
Légende à Brest (il y a fait l’ascenseur deux fois et est devenu le premier joueur à avoir été sélectionné en équipe de France tout en évoluant chez les Ty’ Zefs), auteur de passages remarqués à Monaco (vice-champion de France et finaliste de la Coupe de France), Nantes (vice-champion de France et quart-de-finaliste de la Coupe UEFA) ou Marseille (doublé coupe-championnat en 1989), le plus beau sourcil de Bretagne était un défenseur central qui plantait : huit fois (!) en 1982-1983, quatre fois en 1983-1984, six fois en 1985-1986. Et dire que le colosse de Plouvorn, miné par les blessures, a dû raccrocher les crampons dès 1989, à l’orée de ses 30 ans. « Mon genou droit était fatigué, je n’avais plus de cartilage, expliquera-t-il pour Ouest-France. Je traînais dans les hôpitaux, il n’y avait qu’une solution : une grosse opération. À 30 ans, je ne voulais pas prendre le risque, alors j’ai stoppé ma carrière. […] Avec du recul, je me dis que c’est dommage, que j’aurais pu aller jusqu’à 34-35 ans… Mais j’ai quand même vécu de belles aventures humaines dans les clubs où je suis passé. »
#309 - Gérard Bourbotte
Gérard Bourbotte
Lille (1952-1956, 1957-1958, 1964-1968), Strasbourg (1958-1959), Stade français (1960-1963)
La première approche n’a pas été la bonne. En 1951, quand il a reçu une proposition du LOSC afin d’intégrer le club en tant que stagiaire, Gérard Bourbotte en a fait part à son paternel : « Mon père était boucher-charcutier, et quand il a su ce qu’on m’offrait, il a dit : « Ça ne va pas ! Soit tu n’es pas fait pour devenir footballeur pro et alors ce salaire est beaucoup trop élevé, soit tu peux effectivement faire carrière dans le foot, mais dans ce cas il est nettement insuffisant ! » » Le petit gars de La Bassée a donc décliné. Un an plus tard, les dirigeants lillois sont revenus avec une offre revue significativement à la hausse. Ils n’ont pas eu à le regretter. L’attaquant d’1,72 m s’est parfaitement intégré au sein d’une rotation offensive très concurrentielle (Jean Baratte, Jean Vincent, André Strappe) et, même si les résultats ont décliné après le titre de champion obtenu en 1954, l’intéressé n’a cessé de progresser et a su se montrer redoutable face au but adverse. Après des passages entre D1 et D2 par Strasbourg, le Red Star et le Stade français, le Nordiste est revenu chez lui. Histoire de boucler la boucle et de consolider un peu plus sa place dans l’histoire de Lille, club dont il est encore le troisième meilleur buteur de l’histoire (96 réalisations).
#308 - Abdelaziz Ben Tifour
Abdelaziz Ben Tifour
Nice (1948-1953), Troyes (1953-1955), Monaco (1955-1958)
Membre essentiel du Onze de l’indépendance algérien, Abdelaziz Ben Tifour l’a tout autant été pour la première division française. À Nice, Troyes ou Monaco, l’enfant de Hussein-Dey a effectivement écrit sa légende d’excellent manieur de ballon, et d’homme d’honneur.
Débarqué sur la Côte d’Azur en 1948, Ben Tifour devient d’entrée un titulaire indiscutable sous les ordres d’Anton Marek. Un baptême du feu réussi, avant la consécration. En 1951 et 1952, Nice fait en effet le triplé, avec deux titres de champion de France (1951 et 1952) et une Coupe de France (1952). Les premiers sacres de l’histoire du club rouge et noir. S’accumuleront alors 133 rencontres jusqu’en 1953 et quelques capes en Bleu (quatre). À la surprise générale, le relayeur choisit pourtant de rejoindre la D2, à Troyes, aux côtés de Pietro Landi et Georges Césari.
Deux saisons, une pour la montée, l’autre pour le maintien en barrages, suivies d’un nouveau départ, cette fois à Monaco. Son dernier mouvement dans l’Hexagone. Les 98 matchs qu’Abdelaziz Ben Tifour disputera en rouge et blanc sont effectivement éclipsées par son départ précipité vers Tunis, aux côtés de Rachid Mekhloufi et Mustapha Zitouni, entre autres, avec qui il participera à la création de l’équipe du FLN : « Ben Tifour était le plus engagé, nous racontait Amar Rouaï, son compatriote. Un grand monsieur qui était le seul d’entre nous à être un véritable activiste du FLN. Comme c’était une star, il profitait de sa notoriété pour cacher des armes dans le coffre de sa voiture et leur faire passer la frontière franco-italienne afin de les remettre à d’autres membres du FLN. » Monsieur Méditerranée.
#307 - Christian Synaeghel
Christian Synaeghel
Saint-Étienne (1970-1978), Metz (1978-1982)
Prononcer le nom de Christian Synaeghel et de sa ville de naissance, Leffrinckoucke, n’est pas chose aisée. Il est cependant beaucoup plus facile de se souvenir de la carrière de cet homme de l’ombre de la grande AS Saint-Étienne des 70s. Véritable marathonien, le relayeur est en effet l’un des hommes de base de ces Verts conquérants, de la D1 à l’Europe.
Surnommé le « Ch’ti » pour ses origines nordistes, Synaeghel a enquillé 208 rencontres de 1970 à 1978, et tutoyé les sommets avec la bande de Robert Herbin : trois titres de champion de France (1974, 1975 et 1976), deux Coupes de France (1974 et 1975), mais surtout la finale de C1 perdue face au Bayern Munich en 1976 (1-0). Rencontre que Christian Synaeghel, blessé, ne disputera pas, remplacé par Jacques Santini, auteur du coup de casque sur les poteaux carrés de Glasgow. Un joueur de l’ombre, toujours.
#306 - Jean-Claude Lemoult
Jean-Claude Lemoult
PSG (1977-1986), Montpellier (1987-1991), Nîmes (1991-1993)
En plus d’avoir un titre de champion de France, Jean-Claude Lemoult a également à son palmarès une belle bagarre avec Éric Cantona à son époque montpelliéraine. « La flèche vient d’atteindre sa cible. Il est trop tard pour s’expliquer, explique le King dans son livre, alors que son coéquipier lui reprochait de ne pas être au niveau. Je lance mes crampons au visage de Lemoult. Jean-Claude répond. À l’intérieur du vestiaire, la bagarre est passée comme un éclair. » Il ne faut cependant pas résumer ce petit milieu défensif à cette mésaventure. Lemoult n’a pas disputé près de 400 matchs dans l’élite par hasard. Au PSG comme ailleurs, il est du genre à faire le boulot dans l’ombre, à gratter des ballons à foison et à faire briller les artistes, comme Dahleb ou Bianchi. Pas embêté avec la chique non plus, il prend part à la période dorée du MHSC qu’il rejoint en deuxième division et emmène, avec ses copains, le club héraultais en quarts de finale de Coupe d’Europe après avoir ramassé un nouveau trophée avec la Coupe de France. La fin de sa carrière se passera plutôt en bas du tableau, à Nîmes, qu’il quitte après une triste 20e place. Ce n’est pas une raison pour oublier tout le reste.
#305 - Didier Couécou
Didier Couécou
Bordeaux (1963-1969 puis 1975-1976), OM (1969-1970, 1970-1972 puis 1973-1974), Nantes (1972-1974)
Avec ses deux passages à Bordeaux et ses allers-retours à l’OM, Didier Couécou possède une carrière bien à lui. Champion de France en 1971, puis auteur du doublé coupe-championnat l’année suivante (grâce notamment à un pion en finale) avec la formation phocéenne, vainqueur de son troisième titre consécutif en 1973 avec Nantes, l’attaquant (117 pions en 308 matchs de D1) a logiquement connu ses périodes les plus fastes chez lui, avec les Girondins, ayant planté – en championnat – dix-sept fois en 1965-1966, quinze fois en 1967-1968 et treize fois en 1968-1969 (total qu’il a également atteint à Marseille en 1971-1972). C’est avec ces mots que le club au scapulaire lui rend hommage : « Didier Couécou, c’est avant tout un tempérament de feu, une force de caractère, une rage de vaincre. Du moins, dans l’imaginaire collectif. Car si tous ces traits de personnalité sont bien réels et non usurpés, il n’en est pas moins exact que ce bordelais de naissance (Caudéran) est un « vrai » footballeur. Un garçon doué pour la pratique, un élément programmé pour le haut niveau, tant son talent saute aux yeux très tôt. »
#304 - Francis Isnard
Francis Isnard
Nice (1963-1964 puis 1965-1969 et 1970-1975)
Douze saisons à l’OGC Nice, dont dix en première division : Francis Isnard rime avec Nissard et ce n’est pas un hasard. Le défenseur né à Manosque « reste une référence, celle de la régularité, du devoir et de la compétitivité » . Joueur le plus capé de l’histoire du Gym avec 465 apparitions, l’Aiglon est évidemment un pilier de l’équipe qui termine dauphine de Saint-Étienne en 1968 et de Nantes en 1973. Un « homme réservé, posé, défenseur intraitable, mais toujours correct » pour le magazine Issa Nissa. « Dans l’axe de la défense, souvent aux côtés de « son jumeau » Maurice Serus, Isnard déménage, en impose et fait figure de première rampe de lancement, décrit le site du club azuréen. Charpente du groupe, valeur sûre, il prend part à toutes les batailles des Aiglons. Que ce soit pour le titre national, qui échappe au club en 1968 et en 1973, pour le maintien ou pour la remontée dans l’élite. » Issa Isnard.
#303 - Aimé Mignot
Aimé Mignot
Lyon (1955-1967)
Lorsqu’il arrive à Lyon en décembre 1955, Aimé Mignot a tout à prouver. Y compris son identité, comme le raconte le site de l’OL : « Contacté par les dirigeants lyonnais alors qu’il fait son service militaire, il arrive en gare de Perrache, bien apprêté, en costume, mais personne n’est là pour l’attendre. Il se rend au siège, rue Jean de Tournes, mais personne ne le reconnaît. Tous s’attendaient à voir arriver un homme en tenue de militaire. Il doit prouver qu’il est bien… Aimé Mignot ! » Le début d’une décennie d’aventure, marquée par la victoire en Coupe de France 1964, trophée qu’il soulève en tant que capitaine. « Défenseur sérieux, mais qui ne dépassait presque jamais le milieu du terrain comme le foot d’alors l’exigeait » , Mignot n’a marqué aucun but dans l’élite, malgré un compteur allègrement supérieur à la barre des 300 matchs en D1. Mais ce « jeune homme du Sud tombé profondément amoureux de Lyon » a fait preuve d’une régularité saisissante en enchaînant huit saisons sans jamais descendre en dessous des 34 rencontres de championnat. Un « grand serviteur du football qui était d’une bonté rare » , loue encore l’OL, dont il sera aussi l’entraîneur. Aimé, jusqu’à l’impossible.
#302 - Rio Mavuba
Rio Mavuba
Bordeaux (2003-2007), Lille (2007-2017)
Pendant de nombreuses années, Rio Mavuba a fait partie des murs en Ligue 1. Son histoire atypique (il est né sur une pirogue en fuyant la guerre civile en Angola) le rend immédiatement touchant et les premières sorties du milieu de terrain chez les grands à Bordeaux laissent entrevoir un bel avenir au bonhomme. « J’étais tout jeune, Michel Pavon est venu me chercher sans savoir ce que je valais. Il venait tout juste de terminer sa carrière sportive. Et je me rappelle une opposition, il m’a d’ailleurs cassé la tête en jouant contre lui. Mais je l’avais bluffé, racontait-il à So Foot. Il m’envoie juste après dans le grand bain, donc je lui dois énormément. J’avais 20 ans et je jouais avec les pros de Bordeaux. C’est un souvenir impérissable. »
Ses derniers mois en Gironde sont cependant beaucoup moins convaincants, la faute à des bruits de couloir annonçant son départ, qui finit par se produire à l’été 2007. Mavuba passe alors quelques mois à Villarreal et voit Claude Puel le rapatrier très vite en France, à Lille. Dans le Nord, l’infatigable va s’imposer comme un taulier, un capitaine indispensable et précieux dans l’entrejeu. On retient facilement Hazard, Sow ou Gervinho de la saison du doublé du LOSC, mais Mavuba est l’un des grands artisans de ce double sacre, formant une belle paire avec Florent Balmont. Des matchs à la pelle en L1, une place dans l’équipe type du championnat en 2012 et une sympathie qui lui vaudra le prix orange décerné par France Football. Le grand Rio et sa voix rauque, c’est le championnat de France.
#301 - Vikash Dhorasoo
Vikash Dhorasoo
Le Havre (1993-1998), Lyon (1998-2001), Bordeaux (2001-2002), Lyon (2002-2004), PSG (2005-2006)
Vikash Dhorasoo, c’est un blase qui claque et surtout un style qui frappe. Quand le football français voit débarquer ce petit milieu offensif à la dégaine atypique sous la tunique havraise, tout le monde comprend qu’il s’agit là d’un talent de plus dans les rangs du plus beau championnat au monde. Être un attaquant dans la même équipe que Dhorasoo est une bénédiction : il trouve les meilleurs angles de passe, bien aidés par un toucher de balle soyeux et un sens du jeu précieux. Ce qui lui vaudra de décrocher l’Étoile d’or France Football à deux reprises, en 1998 et 2004. Des récompenses individuelles et collectives, comme les deux titres de champion remportés avec l’OL, où il régale pendant trois saisons avant de faire un tour en Gironde. Un beau joueur et une grande gueule, capable de s’embrouiller avec ses entraîneurs. Guy Lacombe peut en témoigner, et ce conflit provoquera son licenciement du PSG pour des raisons disciplinaires en 2006. Pas la meilleure manière de mettre un point final à une belle carrière.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF