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Top 1000 : les meilleurs joueurs du championnat de France (250-241)
Quel est le meilleur joueur de l'histoire du championnat de France depuis sa création en 1932 jusqu'à 2022 ? Statistiques, palmarès, trajectoires personnelles, classe, dégaine, empreinte laissée : autant de critères qui nous ont permis d'établir notre classement très subjectif des mille joueurs les plus marquants de Division 1 et de Ligue 1. Le credo d'un feuilleton qui va durer précisément 100 jours.
#250 - Olivier Monterrubio
Olivier Monterrubio
Nantes (1996-2001), Rennes (2001-2007), Lens (2007-2008), Lorient (2009-2011)
Ils ne sont pas nombreux dans l’histoire du championnat français à pouvoir se vanter d’avoir à la fois marqué le FC Nantes et le Stade rennais. S’ils sont plusieurs à être passés par les deux clubs rivaux, Olivier Monterrubio fait partie des plus symboliques. Sa carrière a débuté sur les bords de l’Erdre, chez les Canaris, où le milieu offensif à la crinière brune s’est révélé, remportant notamment la Coupe de France en 1999 face à Sedan et contribuant surtout au titre de champion en 2000-2001 sous Raynald Denoueix. « Cela a commencé par un super stage de préparation en Autriche. On a vraiment senti une osmose, rembobinait-il auprès de Ouest-France vingt ans après le sacre nantais. Personne n’était à la traîne, tout le monde s’accrochait. Si l’un était un peu moins bien, les autres le ramenaient. Après avoir frisé la correctionnelle en 2000, on s’est dit qu’on n’allait pas revivre une saison comme ça. Et puis, on avait cette joie de jouer ensemble, de se retrouver. Ce qu’on faisait à l’entraînement, on le rééditait le week-end. »
Une saison de rêve, mais un manque de reconnaissance pour Rubio, qui ne ressent pas une grande volonté des dirigeants nantais de le prolonger. Résultat ? Le filou décide de faire un peu plus de 100 kilomètres vers le nord pour s’installer à Rennes, où il est plutôt accueilli avec des insultes que des messages d’amour. Peu importe, Monterrubio retourne le public breton et se met dans la poche les supporters rennais, à force d’enchaîner les bonnes prestations et de distribuer des caviars avec son pied gauche dantesque. Surtout, il forme un duo légendaire de la Ligue 1 avec l’attaquant suisse Alexander Frei. C’est simple, les deux hommes se trouvent les yeux fermés : Rubio est à la passe, Frei à la conclusion, et cette ritournelle se répète… 25 fois lors de leur aventure commune à Rennes, soit pour près de la moitié des buts plantés par le numéro 23 (Rouge Mémoire). L’offrande la plus illustre est peut-être celle donnée contre Osasuna, pour une reprise de Frei restée dans les mémoires. Une belle romance puis un déclin pour le capitaine rouge et noir, qui rejoint Lens au plus grand désespoir des fans rennais. Dans le Nord, Monterrubio continue de faire ce qu’il sait faire de mieux, distribuer des passes, avant de mettre un point final à sa carrière à Lorient, où il retrouve Christian Gourcuff sans trop jouer ni briller. Reste une question : son cœur balance-t-il pour Nantes ou Rennes ? « Nantais ! C’est mon club formateur, j’y suis arrivé à 16 ans, j’y suis passé pro et j’ai gagné des titres ici, répondait au Télégramme celui qui est devenu recruteur pour le FCN. Mon cœur est jaune et vert, pas rouge et noir. »
#249 - Paul Le Guen
Paul Le Guen
Brest (1984-88), Nantes (1989-91), PSG (1991-1998)
« Nooooooooooooooooon » ! Eh bien si, c’est l’heure de Paul Le Guen dans ce classement. Une place dans les 250 meilleurs joueurs de Division 1 méritée tant celui qui était capable de jouer défenseur comme milieu de terrain a fait son trou dans le championnat de France qu’il n’a quitté qu’une saison, le temps de faire remonter son premier club – Brest – en Ligue 1. Mais ça, c’était avant son passage au FC Nantes et surtout au Paris Saint-Germain où l’international français (17 capes dont une lors du fameux France-Bulgarie de 1993) a tout connu : un titre de champion de France, trois secondes places, 3 Coupes de France, 2 Coupes de la Ligue, 1 Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Bref, celui qui a une maîtrise en sciences économiques a grandement participé au premier âge d’or du PSG. À la récupération, en défense centrale, Paul Le Guen était partout pour prendre les ballons de la tête, tacler un adversaire, planter un corner direct à Geoffroy-Guichard ou envoyer des mines dont il a le secret. Car ce n’est pas pour rien qu’il était surnommé « La Patate de Pencran » . Un blase qui aurait dû lui permettre d’arracher une place dans le top 50 des meilleurs surnoms du football.
#248 - Pierre Dorsini
Pierre Dorsini
Nancy (1954-1957), Toulouse (1957-1967)
Comment introduire Pierre Dorsini autrement qu’avec son surnom, « Monsieur un but par match » ? Plus petit encore que Jimmy Cabot (1,63m, contre 1,64m pour le Lensois), le Lorrain s’est néanmoins forgé la réputation d’un adversaire de taille pour les défenseurs. Révélé à Nancy, c’est à Toulouse qu’il va donner la plénitude de son talent en inscrivant 89 buts dans l’élite. « M. Canon » réalise cinq saisons à 10 réalisations ou plus, sous le regard parfois dubitatif de son épouse. « Pour le moral de l’équipe, il fallait qu’il joue, mais moi je n’étais pas toujours d’accord. Comme la fois où tu avais joué avec une angine contre le Stade français. On avait perdu 2-3, tu avais marqué les deux buts. Avec 40° de fièvre ! » , racontait sa femme Lucette à La Dépêche. Le club en a bien profité en se hissant à deux reprises dans le top 5 du championnat. Et Dorsini demeure encore le meilleur artificier de l’histoire du Téfécé, pour qui il a fait trembler les filets à 104 reprises. Au grand homme, l’Occitanie reconnaissante.
#247 - Dominique Rustichelli
Dominique Rustichelli
OM (1952-1958), Sedan (1958-1960), Strasbourg (1959-1960), Reims (1960-1961), Nice (1961-1964), Stade de Paris (1965-1967), Lille (1967-1968), Rouen (1968-1970)
Dix-huit : le nombre de saisons (presque consécutives) durant lesquelles Dominique Rustichelli dit « Dumé » a marqué en D1, entre 1952 et 1970, soit entre ses 18 et ses 35 printemps. Pas mal pour un ailier droit, auteur par exemple d’un exercice à douze caramels en 1955-1956 ou un autre à treize banderilles en… 1968-1969. L’homme aux près de 118 pions dans le championnat de France possède pourtant un palmarès quasiment vierge, même s’il a tout de même connu une place sur le podium, avec le Stade de Reims en 1960-1961, lui qui aura surtout porté les couleurs de l’OM et de l’OGC Nice. Rustichelli s’est malheureusement éteint dès ses 45 ans, le 1er novembre 1979.
#246 - Alexis Thépot
Alexis Thépot
Red Star (1928-1935), Dunkerque (1935-1936)
Dans les années 1930, Alexis Thépot était considéré comme la première vedette du football français. Gardien de but au petit gabarit (1,78m), le Brestois aura surtout fait sa carrière à Paris, au Red Star, au sein duquel il deviendra une figure emblématique.
L’arrivée de Thépot dans la capitale tient à sa profession : douanier. Après avoir débuté à Brest (1922-1927), le portier est muté à Levallois. Pas encore professionnelle, la D1 n’offrait que de maigres contrats à ses joueurs. Afin de jongler entre passion et travail, « Alex » choisit donc de rallier la porte de Saint-Ouen en 1928, pour arrondir les fins de mois. Il restera au Red Star jusqu’en 1935, le temps de goûter au professionnalisme dès 1932 – qu’il refusera d’ailleurs afin de conserver son salaire de douanier – et de découvrir les joies de l’équipe de France.
Thépot en sera le dernier rempart huit ans durant (31 capes), glanant deux participations aux Coupes du monde 1930 et 1934. Durant l’édition inauguratrice en Uruguay, il se rend à ce titre « célèbre » à l’international, en prenant un KO monumental après une collision avec un attaquant mexicain. Forcé de déménager à Dunkerque, où il officiera sur les quais, il y terminera sa carrière en 1936, à 30 ans. Avant de donner son nom à un quasi-homonyme : Alexis Thébaux.
#245 - Joseph Bonnel
Joseph Bonnel
Valenciennes (1959-1961 puis 1962-1967), OM (1967-1973)
Deux championnats (1971, 1972), deux Coupes de France (1969, 1972), une place dans le onze de légende de l’OM à l’occasion des 110 ans du club : Joseph Bonnel a sans le moindre doute un siège à son nom au panthéon du football français. « L’inusable Monsieur Jo » est arrivé en D1 contre 32 millions de francs, un record. Comme il le confiait à ActuFoot, « le coach Robert Domergue me voulait à tout prix et il avait mis le paquet » . À raison. Le milieu de terrain crève l’écran à Valenciennes et finit fort, très fort, en claquant 30 buts sur ses trois dernières saisons au VAFC. De quoi partir sereinement à Marseille pour passer au niveau supérieur. « Lorsqu’il portait le maillot de l’OM, on ne voyait pas toujours le rôle essentiel qu’il tenait sur le terrain. Mais lorsqu’il était absent, toute l’équipe souffrait au point de cahoter et décevoir » , décrit le club phocéen. S’il atteint la barre des 12 buts en 1970-1971, l’infatigable se distingue avant tout par son activité incessante. « Je ne jouais que pour le collectif ! J’aimais énormément courir, récupérer le ballon, le donner sans arrêt, poursuivait-il pour ActuFoot. On me disait souvent que j’étais inusable effectivement. Tout jeune, je voulais être un joueur de football professionnel et j’allais courir seul au stade, je faisais des « monte et descend » sans arrêt. Cela m’a certainement aidé à avoir des qualités d’endurance par la suite. J’étais sérieux et je suis sérieux, avec une bonne hygiène de vie. J’ai dû aller une seule fois en boîte de nuit, car on m’y avait obligé. » La recette a porté ses fruits. Au bout de l’aventure, Bonnel a même porté son total à 83 pions en D1. Un homme discret qui mérite un sacré coup de projecteur.
#244 - Florent Balmont
Florent Balmont
Lyon (2002-2004), Toulouse (2003-2004), Nice (2004-2008), Lille (2008-2016), Dijon (2016-2020)
Le 30 avril 2020, la LFP annonce la fin de la saison en Ligue 1 et Ligue 2, la faute à cette fichue épidémie de Covid-19. Cette décision lourde de conséquences pousse vers la sortie un monument du championnat de France, obligé de prendre sa retraite prématurément : Florent Balmont. « C’est sûr que j’aurais préféré faire mon dernier match avec des festivités, mais il n’y a pas de regrets, souffle l’intéressé dans un entretien à France Bleu Bourgogne. Il faut faire avec la crise que l’on vit actuellement. Il y a surtout beaucoup de fierté au regard de ma carrière. » Franchement, il y a de quoi. Formé à Lyon, prêté à Toulouse pour gagner du temps de jeu puis parti à Nice pour voler de ses propres ailes, l’infatigable milieu central passe ensuite huit années à Lille, où il prend une autre dimension. « J’ai franchi un palier en passant de Nice, où j’avais aussi l’image d’un joueur qui donnait beaucoup de coups, à Lille, rembobine le pitbull des Dogues dans L’Équipe. Avec Rudi Garcia, on a davantage retenu mon côté joueur. » Sacré champion de France en 2011 avec le LOSC (il l’avait déjà été en 2003 et 2005 avec l’OL), Balmont atteint la barre des 500 matchs disputés dans l’élite le 11 mai 2019, alors qu’il évolue sous le maillot dijonnais. Son compteur affiche 512 rencontres quand la situation sanitaire l’oblige à raccrocher.
#243 - Henri Skiba
Henri Skiba
Nancy (1950), Monaco (1953-1955), Strasbourg (1955-1957), Nîmes (1957-1960), Sochaux (1961), Stade français (1961-1963)
De Nancy au Stade français, en passant par Besançon, Monaco, Strasbourg, Nîmes et Sochaux, Henri Skiba a sacrément bourlingué dans l’Hexagone. D’aventure en aventure, l’attaquant a réussi à inscrire la bagatelle de 109 buts en D1. L’ancien réparateur de machines de bureau reste l’un des pionniers de l’ASM, puisqu’il a croqué la défense toulousaine en août 1953 à Louis-II lors de la première rencontre du club princier dans l’élite (achevée par une défaite 2-3, l’autre but monégasque étant inscrit par Marius Walter). Si l’international français a aussi réussi un quadruplé contre Toulouse avec le maillot strasbourgeois, il a surtout marqué dans le Gard, devenant l’une des armes fatales du Nîmes Olympique vice-champion de France en 1958, 1959 et 1960. En trois saisons chez les Crocos, il joue ainsi 104 matchs de championnat et plante à 47 reprises, entouré de ses compères Hassan Akesbi et Bernard Rahis. Quand on naît un 14 juillet, on s’attend forcément à un feu d’artifice…
#242 - Laurent Pokou
Laurent Pokou
Rennes (1973-1975 puis 1976-1977), Nancy (1977-1979)
Ce sont encore les autres qui parlent le mieux de Laurent Pokou, idole locale à Rennes, où son visage trône sur le Mur des légendes au Roazhon Park, et surtout star en Afrique et quasiment dieu vivant en Côte d’Ivoire.
« J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas brésilien. » – Le Roi Pelé
« Les joueurs qui m’ont le plus impressionné ? Je ne vais pas faire preuve d’originalité. Platini, Beckenbauer, Pelé, Giresse, bien sûr. Mais je n’ai jamais rien vu de tel que Pokou lors d’un Rennes-Saint-Étienne. » – L’ancien arbitre international Michel Vautrot.
« C’était un tigre, une panthère. Il entrait sur le terrain pour manger l’adversaire. Il excellait dans le un-contre-un, c’est là où il permettait à l’équipe de faire la différence. Il avait une capacité exceptionnelle à éliminer son adversaire. » – Son ancien partenaire Bertrand Marchand.
« Sa façon de courir dénote déjà son talent. Son seul coup de rein lui permet de se débarrasser de n’importe quel adversaire. Il frappe juste et fort. Bref, je pense qu’il est supérieur à Salif Keïta. » Roger Piantoni
« Pokou avait toutes mes qualités, mais je n’avais pas toutes les siennes. » – Salif Keïta
« Laurent Pokou était plus un artiste qu’un grand joueur. C’était un phénomène avec le ballon, mais il avait parfois aussi des absences. Des absences qu’il avait peut-être lui-même provoquées. Sur le plan physique, mais aussi avec les adversaires. Il avait une tendance à les chambrer un petit peu (pour ne pas dire beaucoup). Je l’ai vu parfois monter sur le ballon en mettant la main en visière sur son front pour attendre les défenseurs, ou encore faire un petit tour dans un sens, puis dans l’autre. » (Stade rennais Online) – Son ancien coéquipier Alain Cosnard.
#241 - Patrick Revelli
Patrick Revelli
Saint-Étienne (1970-1978), Sochaux (1978-1982)
À l’occasion des élections municipales de 2020, Patrick Revelli brigue la mairie de Saint-Étienne. Il n’obtient que 4,7% des suffrages. C’est peu, surtout si l’on se souvient que le candidat malheureux a, du temps de sa carrière de footballeur professionnel, activement contribué au rayonnement de la cité forézienne. Attaquant polyvalent, le « Gaulois » (surnom donné en référence à sa très belle moustache) profite de son excellente entente avec son frère Hervé pour fréquemment trouver le chemin des filets. En sept saisons sous la tunique verte, il marque 73 buts en D1, conquiert quatre titres de champion (1970, 1974, 1975, 1976), trois Coupes de France (1974, 1975, 1977) et, bien sûr, s’offre d’inoubliables épopées européennes. Parti à Sochaux en 1978, l’homme aux cinq sélections en équipe de France montre qu’il a encore de beaux restes et aide les Lionceaux à réaliser un exploit continental majeur en claquant un doublé contre Francfort, terrassé sur le terrain enneigé de Bonal (2-0) en huitièmes de C3. Il aurait peut-être dû se présenter aux élections européennes, en fait.
Par Quentin Ballue, Jérémie Baron, Adel Bentaha, Raphaël Brosse, Clément Gavard et Steven Oliveira, avec toute la rédaction de SF