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Top 100 : Penaltys de légende (de 60 à 51)
« Il est impossible d’imaginer un moment de tension plus grand que le penalty. Deux hommes face à face. C’est un duel comme au XIXe siècle », écrit Julio Llamazares. Vrai. Dans le jeu ou lors d’une séance de tirs au but, raté ou réussi, en tribune ou sur le poteau, du pointard ou du talon, voilà 100 histoires de penaltys. Cinquième fournée avec les abdos saillants de Brandi Chastain.
#60 - Juventus-AC Milan - 2003
Old Trafford, 28 mai 2003. Privée de son étoile Pavel Nedvěd – qui sera sacré Ballon d’or quelques mois plus tard –, la Juve affronte le Milan en finale de la Ligue des champions. Un but de Shevchenko refusé à cause d’un hors-jeu, une tête d’Antonio Conte qui s’écrase sur la barre, et les deux ténors italiens impossibles à départager se retrouvent aux tirs au but. Le show Dida peut alors commencer. « Bagheera » , comme l’appelle le commentateur pro-Milan Sandro Piccinini, ne se laisse pas impressionner par la longue course d’élan de David Trezeguet. La panthère se couche sur sa gauche pour repousser le tir de Trezegol. Battu ensuite par Birindelli, Dida remporte ses duels suivants avec Zalayeta et Montero. Le but de Del Piero n’y changera rien, Andriy Shevchenko prend Buffon à contre-pied, et part célébrer le sacre européen des Rossoneri dans les bras de Dida, le héros de la soirée.
#59 - Arsenal-Liverpool - 1997
Le 24 mars 1997, Arsenal reçoit Liverpool dans un match crucial pour le titre. Les Reds mènent 1-0 à Highbury quand Robbie Fowler file au but. Il parvient à toucher le ballon avant le gardien David Seaman et s’écroule dans la surface de réparation. « Les gens disaient : « A-t-il plongé ou pas ? », mais j’ai juste perdu l’équilibre quand j’ai sauté par-dessus lui et je suis tombé. Il ne m’a pas touché, il n’y avait pas penalty » , dira le principal intéressé quelques années après. Sur le moment, Robbie Fowler en est parfaitement conscient et se dirige tout de suite vers l’arbitre afin de lui signifier qu’il n’y a pas eu faute. Mais Gerald Ashby ne veut rien entendre et désigne le point de penalty. À contre-cœur, Fowler s’élance et voit sa tentative repoussée par David Seaman. Le ballon revient cependant sur Jason McAteer, qui a moins de remords et le pousse au fond des filets. Nombre d’observateurs pensent que ce jour-là, Robbie l’a manqué volontairement, par fair-play. Mais l’attaquant précisera bien plus tard qu’il ne l’a pas « loupé intentionnellement, c’était juste un penalty mal tiré » . Honnête jusqu’au bout.
#58 - France-Portugal - 2000
C’est l’histoire d’une carrière exécutée en mondovision, celle d’un bonbon de Nampula, déballé aux yeux du Portugal lors d’une Coupe du monde des moins de 20 ans remportée en 1991 aux côtés de Figo et Rui Costa, adoubé par un Euro 2000 monstrueux et finalement recraché au bout de la compétition. Pour une raison simple : un vieux réflexe sur une action où il a « essayé de [se] placer de manière à fermer l’angle du but à la manière d’un gardien de but de handball » . Face à lui, la France, la triomphante, l’intouchable, et l’abominable menace du but en or. À deux minutes de la fin de la prolongation d’un France-Portugal, demi-finale dingue de l’Euro 2000, Abel Xavier coupe la course du ballon le long de sa ligne de but de la main. Injustice ? Peut-être, mais ça fera 2-1 pour la France grâce à un penalty transformé par Zidane. Abel Xavier, lui, sera suspendu ensuite neuf mois après des incidents dans le tunnel et verra sa carrière s’achever dans le silence. Sale temps pour les blondinets.
#57 - Racing-Argentinos - 1988
En 1988-1989, la Fédération argentine expérimente la suppression du match nul. Tous les matchs de première division qui se terminent par un score de parité accouchent d’une séance de tirs au but. Ainsi, les joueurs disputent en moyenne une douzaine de séances en une saison. Parmi les 131 rencontres sur 380 qui se terminent aux pénos, le final le plus épique oppose Racing et Argentinos Juniors. 2-2 après 90 minutes, Argentinos s’impose finalement 20-19 aux tirs au but face au futur vainqueur du tournoi d’ouverture. Sur 44 tirs tentés de part et d’autre, seuls cinq échecs sont constatés. Ou l’illustration du fait que cette année-là, grâce à la répétition des séances, les joueurs du championnat argentin étaient devenus des tireurs de penalty aguerris.
#56 - Serbie-Tunisie - 2004
C’est ce qu’on appelle l’excès de zèle. Le 22 août 2004, l’arbitre tahitien Charles Ariiotima décide de se faire remarquer lors d’un match presque anodin. Dans le groupe C du tournoi olympique à Athènes, la Tunisie et la Serbie et Monténégro n’ont quasiment plus de chances de se qualifier pour les quarts de finale. On joue la 80e minute, le score est de 1-1, la Tunisie a l’opportunité de passer devant sur penalty. Mohamed Jedidi s’élance et marque d’une panenka parfaitement maîtrisée. Mais l’arbitre invalide le but, estimant que ses coéquipiers sont entrés dans la surface de réparation trop tôt. À retirer. Et ce n’est que le début. Au total, le penalty sera tiré six fois. Après sa panenka, Jedidi croise à gauche à deux reprises pour tromper le gardien serbe. En vain. Lors des deux tentatives suivantes, les Tunisiens ne se postent même plus à l’entrée de la surface pour ne pas prendre de risque. Le portier stoppe les deux tirs, mais l’arbitre sanctionne cette fois-ci les Serbes pour le même motif. La sixième fois sera la bonne. La Tunisie s’impose finalement 3-2, mais les deux équipes sont éliminées. Tout ça pour ça.
#55 - Manchester United-Birmingham - 1973
Une belle gueule, de larges oreilles, un surnom magique – Big Al –, oui, Alex Stepney est une légende. Comment le savoir ? Il suffit de se repasser les images d’un certain Eusébio, courbé face au gardien de Manchester United lors de la finale de C1 1968 après un arrêt incroyable de l’élastique de Mitcham. Bon, Stepney, c’est aussi un peu plus que ça : lors de la saison maudite 1973-1974, au bout de laquelle Denis Law fera tomber United en deuxième division, le gardien a été le tireur de penaltys officiel du club. Au point d’en claquer deux – face à Leicester (1-2) et à Birmingham (1-0) – et d’être temporairement le deuxième meilleur buteur du club au cours de la saison, et ce, jusqu’au mois de décembre. Costaud.
#54 - Italie-Australie - 2006
C’est comme s’il avait marqué un but. On joue la 94e minute du huitième de finale du Mondial 2006 entre l’Italie et l’Australie, quand Vincenzo Iaquinta se précipite vers Fabio Grosso, pour congratuler son partenaire. Quelques secondes plus tôt, le latéral gauche déboule dans la surface face au défenseur Lucas Neill et s’écroule sous les yeux de l’arbitre, à deux mètres de l’action. Penalty. Sauf que le ralenti laisse très vite apparaître la simulation de l’Italien : il est tombé tout seul par-dessus son vis-à-vis. Francesco Totti trouve la lucarne, les Azzurri, réduits à dix depuis l’expulsion de Marco Materazzi, sont qualifiés. Et Grosso, encore lui, offrira le but de la délivrance contre l’Allemagne en demies, avant de marquer le tir au but vainqueur en finale face à la France. Fabio, ce bourreau.
#53 - EAU-Liban - 2011
À l’été 2011, son nom fait le tour de la toile. Theyab Awana a marqué un penalty du talon ! Les Émirats arabes unis mènent 5-2 en amical face au Liban, lorsque l’ailier de 21 ans a l’occasion de saler l’addition. Quelques pas d’élan, et Awana se retourne avant de taper le cuir avec un grand coup du talon droit. Un geste couillu, complètement barré, mais ça paye : trop surpris, le gardien libanais n’a pas bougé du centre de ses cages. L’histoire aurait été belle si un accident n’avait pas enlevé la vie de ce jeune espoir émirati deux mois plus tard. Le 25 décembre, Theyab Awana est décédé après la collision de sa voiture avec un camion près d’Abou Dhabi, où il revenait d’un stage de préparation avec sa sélection. Et cette fois-ci, il n’était pas en marche arrière.
#52 - Fiorentina-Juventus - 1991
Treize réussites sur treize tentatives. Jusque-là, Roberto Baggio présentait un bilan parfait dans l’exercice lors de la saison 1990-1991. Mais lorsque sa Juve obtient un penalty à Florence, lors de la 28e journée de Serie A, le meneur de jeu se défile. Embarrassé, tiraillé, Baggio ne veut pas tirer contre son ancien club. Alors, à la 50e minute, c’est Luigi De Agostini qui s’en charge à sa place. Raté, le gardien florentin Gianmatteo Mareggini stoppe le tir. Dans la foulée, la Fiorentina ouvre le score. Victoire 1-0. « Baggio, le grand refus » , titre la Gazzetta dello Sport le lendemain. Qu’importe, Baggio a retrouvé l’amour des Florentins. Le joueur, qui s’était fait copieusement insulter pendant tout le match, a reçu une ovation au moment où il est sorti du terrain et s’est saisi d’une écharpe de la Viola lancée par une tifosa.
#51 - États-Unis-Chine - 1999
« Ne regarde pas la gardienne, ne regarde pas la gardienne… » Les mots résonnent dans la tête de Brandi Chastain. Devant leur public, les États-Unis se disputent la Coupe du monde avec la Chine. Quatre mois auparavant, lors d’un amical, l’Américaine envoyait son penalty sur la barre face à la même gardienne : Gao Hong. Cette fois, l’arrière gauche a la balle de la victoire au bout du pied. Dans l’ordre établi par l’adjointe Lauren Gregg, Chastain n’était que sixième. C’est le sélectionneur Tony DiCicco qui l’a replacé comme cinquième tireuse, juste après Mia Hamm, la star de l’équipe. DiCicco a prévu un coup de maître : les penaltys tirés du pied droit par Chastain sont trop prévisibles, alors cette fois-ci, sa joueuse, qui est ambidextre, va frapper du gauche. Quatre pas d’élan… Brandi Chastain dégomme la lucarne, hors de portée de Gao Hong. « GOAL ! » L’héroïne s’écroule, à genoux, folle de joie, retire son maillot et dévoile un soutien-gorge noir. Cinq ans après les larmes de Roberto Baggio, une autre image du Rose Bowl de Pasadena vient d’entrer dans la légende.
Par Maxime Brigand, Kevin Charnay et Florian Lefèvre