- Top
- Les coups francs qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Coups francs de légende (de 60 à 51)
De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.
#60 - Clément Grenier - 2013
Nice-Lyon (1-1), Ligue 1, 19 mai 2013
Clément Grenier a peut-être claqué deux coups francs directs lors de la saison 2012-2013 de Ligue 1, mais cela reste loin des standards de son illustre prédécesseur à l’OL : Juninho Pernambucano. Pourquoi ce rappel ? Au printemps 2013, alors que Yoann Gourcuff vient d’être étiqueté au rayon « déception » par les suiveurs de l’OL et que Michel Bastos a été prêté à Schalke 04 en janvier, Grenier est porté aux nues grâce à ses qualités de sniper – ce qui peut alors faire oublier sa propension à prendre trop de risques dans des zones où il faut en prendre le moins possible. Mais revenons sur ses coups francs et profitons de son bijou face à Rennes, et surtout de celui déposé dans la lucarne de David Ospina lors de la 37e journée, au stade du Ray, à Nice. Une frappe à la trajectoire déroutante, du Juninho dans le texte. Une si belle partition que Grenier peinera ensuite à rejouer.
#59 - Hugo Sánchez - 1987
Real Madrid-Cadix (2-1), Liga, 22 février 1987
Ne pas réfléchir, ne pas hésiter, se lancer. Dans la deuxième partie des années 1980, Hugo Sánchez est au sommet de son art avec le Real Madrid. C’est bien simple, cinq fois champion d’Espagne de 1986 et 1990, le Mexicain est meilleur buteur du championnat durant toute cette période à l’exception de la saison 1988-1989 ! Alors, puisque tout lui réussit, l’attaquant se risque à tenter n’importe quelle folie en match. Comme ce 22 février 1987, où Cadix subit sa loi en Liga. Le gardien des Andalous a placé un mur de deux joueurs couvrant son premier poteau, a priori impossible pour un gaucher comme Sánchez de marquer à cet endroit sur ce coup franc excentré. Et pourtant, le Mexicain trouve la faille au premier poteau avec un tir dont la puissance n’a d’égal que l’instinct de son auteur. Lequel fêtera ça avec la petite pirouette qui va bien.
#58 - Paul Gascoigne - 1991
Tottenham-Arsenal (3-1), FA Cup, 14 avril 1991
Gazza et le but, c’est d’abord 1996, année de la création de son bijou contre l’Écosse. Mais Gazza et le but, c’est aussi une praline, une vraie, lâchée au même endroit, cinq ans plus tôt, avec le maillot de Tottenham sur les épaules. Au lendemain d’un mondial 1990 terminé dans les larmes, Paul Gascoigne vit probablement la saison la plus accomplie de sa carrière chez les Spurs. Si bien que le 14 avril 1991, Tottenham se retrouve en demi-finale de la FA Cup face à Arsenal et tient ainsi l’opportunité de disputer sa première finale dans la compétition depuis sa défaite en 1987 face à Coventry. Alors, Gazza ne tremble pas et saute sur l’occasion : à la cinquième minute de la rencontre, l’international anglais s’élance des trente mètres et allume la lucarne gauche de David Seaman. Il y a des jours pour briller et des manières pour ouvrir le score, Gascoigne sait tout ça et va permettre à Tottenham de se lancer parfaitement vers une brillante victoire (3-1), qui sera suivie d’une victoire en finale face à Nottingham Forest. De cette finale, Gazza sortira en larmes, victime d’une déchirure des ligaments croisés en essayant de se payer Gary Charles. Putain de destin.
#57 - Álvaro Recoba - 2003
Bologne-Inter (1-2), Serie A, 8 mars 2003
Parmi les joueurs les plus élégants du début des années 2000, Álvaro Recoba est souvent oublié dans les discussions. Pourtant, difficile de faire plus classe que le milieu offensif uruguayen. Et ce ne sont pas les supporters de l’Inter, qui ont été spectateurs des tours de magie de Recoba pendant dix saisons, qui diront le contraire. Si son pied gauche était soyeux au moment de délivrer du caviar, el Chino savait aussi se montrer puissant lorsqu’il fallait frapper dans un ballon. Comme lors de ce match à Bologne où l’Uruguayen ouvre le score en envoyant une frappasse qui tape le poteau de Gianluca Pagliuca avant de terminer au fond des filets. Un but presque encore plus savoureux au ralenti qu’à vitesse réelle puisqu’on peut y voir le ballon sortir du cadre avant d’y revenir pour y terminer sa course. Perfectionniste, Recoba ajoutera même un second but en fin de match pour donner la victoire à l’Inter. Car ce coup franc ne méritait pas un match nul.
#56 - Lasse Schöne - 2019
Real Madrid-Ajax (1-4), C1, 5 mars 2019
Jouissif. C’est l’adjectif qui convient le mieux pour qualifier le match de Dušan Tadić et sa bande au Santiago-Bernabéu, le 5 mars 2019. Dans sa demeure, le triple champion d’Europe en titre met le genou à terre devant les gueules d’ange des joueurs de l’Ajax et leur jeu collectif qui tutoie la perfection. Mais à la 70e minute, Marco Asensio réduit l’écart : 1-3. Et si les jambes des Amstellodamois tremblaient ? Et si la peur les envahissait ? Et si le Real Madrid, poussé par son public, reprenait les commandes, marquait deux buts de plus et retournait la situation ? Deux minutes plus tard, coup franc excentré pour l’Ajax, presque collé à la ligne de touche. À ce moment précis, le Danois Lasse Schöne regarde la peur dans les yeux et lui dit de dégager. Son ballon brossé lobe Thibaut Courtois, 1,99m et un bras long comme un mois de confinement. Les filets tremblent. C’est orgasmique.
#55 - Diego Maradona - 1988
Naples-Fiorentina (4-0), Serie A, 10 janvier 1988
Quand on détient la patte gauche la plus célèbre de l’histoire du football et qu’on peut compter sur une irréductible confiance en soi, il est possible de créer des œuvres aussi esthétiques qu’efficaces. Au début de l’année 1988, Naples accueille la Fiorentina pour la 14e journée de Serie A en tant que champion en titre et ne déçoit pas son public en cognant la squadra viola sur le score sans appel de 4-0. Parmi les réalisations se trouve une pépite, et elle est née du pied de l’immense Diego Maradona : après les buts de Bruno Giordano et Careca, l’Argentin reprend la lumière à la demi-heure de jeu en lobant Marco Landucci à la limite de la surface de réparation alors qu’il est complètement excentré. Comme souvent, la célébration et la communion avec le public sont à la mesure de la chose à laquelle il a donné naissance : une merveille.
#54 - Robert Prosinečki - 1991
à 40s
Étoile rouge de Belgrade-Dynamo Dresde (3-0), C1, 6 mars 1991
Alors qu’on joue la 22e minute de jeu de ce quart de finale aller de la Coupe des clubs champions opposant l’Étoile rouge au Dynamo Dresde, et que le score est encore vierge, Siniša Mihajlović s’écroule à 25 mètres des buts allemands. Mais le gaucher de 22 ans ne se fera pas justice lui-même en envoyant un parpaing dans la cage adverse. Non, la future terreur du championnat d’Italie laisse sa place à Robert Prosinečki. Sans broncher. Et pour cause, après avoir jeté un coup d’œil sournois au gardien adverse, son blondinet de coéquipier s’élance avec la vigueur d’un jeune premier et vient chatouiller victorieusement la lucarne de Thomas Köhler. En demi-finales, contre le Bayern Munich, Mihajlović ouvrira le score sur coup franc lors du match retour, lançant l’une des plus excitantes équipes de l’époque vers le sacre européen, remporté aux tirs au but contre l’OM.
#53 - Juninho - 2005
Lyon-Real Madrid (3-0), Ligue 1, 13 septembre 2005
Juni, pourquoi devenir précisément maître dans l’exercice du coup franc ? Explications dans une interview donnée au Libéro Lyon, en janvier 2015 : « En partant du Brésil, je n’étais pas spécialement considéré comme un tireur de coups francs. Mais en arrivant à Lyon, j’ai remarqué que personne ne restait après l’entraînement pour frapper. Au Brésil, on était au moins cinq à chaque fois ! À Lyon, j’ai progressé, car je tirais TOUS les coups francs. Au Brésil, il fallait tout le temps discuter, il y en avait d’autres qui étaient forts, aussi. À Lyon, je m’entraînais avec tous les ballons, j’essayais de varier… » Iker Casillas en sait quelque chose, le portier espagnol a pris une double ration de Juninho le 13 septembre 2005, lors de la première journée de la phase de poules de la Ligue des champions. Pour la première fois de son histoire, l’OL affronte le Real Madrid. Résultat ? Les Lyonnais détruisent la Maison-Blanche (3-0) et commencent une série de sept matchs consécutifs sans défaite face au club madrilène. Auteur d’un premier coup franc décisif à la 20e minute de jeu, parfaitement dévié par John Carew, Juninho remet une cartouche dans son fusil cinq minutes plus tard en tirant à ras de terre sur la droite de Casillas. Mythique.
#52 - Cristiano Ronaldo - 2018
Portugal-Espagne (3-3), Coupe du monde, 15 juin 2018
à 1min 33s
Les supporters du Portugal se sont tous dit la même chose – au moins, secrètement – lorsque Cristiano Ronaldo a gratté un coup franc à la 88e minute de ce match de Coupe du monde face à l’Espagne : pourvu que CR7 laisse Raphaël Guerreiro tirer. Il faut dire que cela faisait un moment que le joueur sur le point de quitter le Real Madrid pour la Juventus n’avait pas envoyé un coup franc au fond des filets. Sauf que Cristiano Ronaldo n’a pas laissé le choix au latéral de Dortmund en voulant se faire justice lui-même, après une faute de Gerard Piqué devant l’arc de cercle de la surface. Les grands joueurs répondent présent dans les grands moments, alors le Portugais catapulte le ballon dans la lucarne de David de Gea. Ce soir-là, les supporters portugais se sont tous promis la même chose : ne plus jamais douter de leur capitaine qui offre alors un point précieux au Portugal avec son triplé.
#51 - Pierre van Hooijdonk - 2001
Fribourg-Feyenoord (2-2), Coupe de l’UEFA, 6 décembre 2001
Vainqueur 1-0 du 16e de finale aller de Coupe de l’UEFA, Feyenoord était en ballottage plutôt favorable avant le retour à Fribourg. Sauf que les Allemands mènent 2-0 avant l’heure de jeu et ce sont eux qui se retrouvent alors virtuellement qualifiés pour le tour suivant. Le moment choisi par Pierre van Hooijdonk pour rappeler que derrière ses dents en avant se cachent un excellent buteur. Et que le géant batave (1,93m) n’est pas seulement là pour placer des coups de tête ou planter des buts de raccroc. Non, il peut aussi allumer de loin. Preuve en est avec ce coup excentré où Van Hooijdonk se fiche royalement de l’angle fermé et de la distance. Il envoie une sacoche dans la lucarne opposée synonyme de qualification en huitièmes de finale pour Feyenoord. La suite de la compétition pour lui ? Un doublé face aux Rangers en huitième de finale retour, les deux pions de Feyenoord ainsi que le tir au but décisif contre le PSV en quarts et un pion contre l’Inter en demies. Avant la finale face à Dortmund où il claque un doublé pour donner la victoire à son équipe (3-2). En claquant encore un coup franc, évidemment.
Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet