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- Les coups francs qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Coups francs de légende (de 50 à 41)
De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.
#50 - Michel Platini - 1984
France-Espagne (2-0), Euro, 27 juin 1984
En 2008, l’Espagne pleure de joie un titre international – l’Euro – attendu depuis 44 ans. Au moment de soulever le trophée, Andrès Palop, doublure d’Iker Casillas, se distingue par son maillot vert et bleu marine : c’est le maillot dédicacé de son idole d’enfance, Luis Arconada. Le gardien du FC Séville l’avait récupéré quelques jours plus tôt dans le salon de José Miguel Muñoz, le biographe d’Arconada. Et voilà ce que Palop a lâché à Platini au moment d’enfiler sa médaille : « Je prends la médaille qu’Arconada n’a pas eue en 1984. » Impossible pour les Espagnols d’oublier le 27 juin 1984. Au terme d’une compétition où il sera couronné meilleur gardien pour l’ensemble de son œuvre, Luis Arconada se plante en finale sur un coup franc de Michel Platini et laisse l’équipe de France filer vers le titre. Ainsi naquit l’expression « faire une Arconada » dans toutes les langues. Pourtant, Luis Arconada était l’un des meilleurs gardiens que l’Espagne ait connus. Interrogé plus tard, Platini dira : « J’aurais préféré marquer un autre but parce que Luis Arconada était un super gardien, qui a fait une grande carrière… Je me dis que j’aurais aimé marquer un but où il ne pouvait rien faire. » Mais Michel, cruel, lui a fait passer le ballon sous le ventre.
#49 - Rainer Bonhof - 1979
à 2min 40s
RFA-Pays-Bas (3-1), amical, 20 décembre 1978
Noël 1978 à Düsseldorf. D’un côté, l’Allemagne de l’Ouest et son maillot blanc, qui se confond avec le manteau neigeux qui recouvre la pelouse. De l’autre, la Hollande et son maillot orange, assorti avec la couleur du ballon et des lignes du terrain. Six mois après la finale du Mondial perdue contre l’Argentine avec un arbitrage douteux, les Pays-Bas n’ont pas encore digéré les pions de Mario Kempes qu’ils vont goûter à celui de son nouveau coéquipier à Valence : Rainer Bonhof. Pour ce repas de Noël dans un froid glacial, le patator allemand a décidé de revisiter sa spécialité maison : la grosse patate, qu’il avait servie (ici, puis là) au portier anglais Ray Clemence quelques mois plus tôt. Cette fois, le cuistot rajoute une bonne dose de finesse pour envoyer son coup franc dans la lucarne au premier poteau de Piet Schrijvers. Une belle publicité pour les plats surgelés.
#48 - Marcelinho Carioca - 1998
à 1min 20s
Vasco-Corinthians (0-1), Campeonato Brasileiro, 25 juillet 1998
Et si c’était en partie grâce à Marcelinho Carioca que Juninho est devenu le fabuleux tireur de coup franc que l’on connaît ? Il faut dire que l’ancien lyonnais était aux premières loges – plus précisément dans le mur adverse – lorsque son compatriote brésilien a déchiré les filets en envoyant une praline de 40 mètres sous la barre. Nous sommes en 1998, Marcelinho Carioca est alors un véritable expert en coups de pied arrêtés. Celui que l’on surnomme « Pé de anjo » ( « Pied d’ange » ) accumulera au total plus de 80 coups francs directs en carrière. Dont celui-ci face à Vasco de Gama, qui permet à Corinthians de remporter la première journée d’un championnat qui se terminera cinq mois plus tard par la victoire de… Corinthians, face à Cruzeiro, en finale. Grâce à un but de Marcelinho Carioca, cela va de soi.
#47 - Andrea Pirlo - 2005
Italie-Écosse (2-0), éliminatoires du Mondial, 26 mars 2005
Il y a, parfois, des matchs oubliés qui ont finalement énormément compté. Pas tant dans le résultat final, mais plutôt d’un point de vue personnel. Andrea Pirlo, par exemple : déjà considéré comme un joueur confirmé en 2005, l’Italien devient véritablement décisif sur la scène internationale contre l’Écosse. Lors de cette rencontre des éliminatoires pour la Coupe du monde 2006, l’élégant milieu de terrain frappe à deux reprises et trompe… deux gardiens différents. La première claque, envoyée de l’entrée de la surface de réparation, est administrée à Robert Douglas, à la demi-heure de jeu, alors qu’un défenseur adverse ne respecte absolument pas la distance réglementaire. La seconde gifle Craig Gordon, entré peu avant la pause, qui doit encaisser sans broncher la tartine du spécialiste à cinq minutes du terme. Le geste, la technique, l’équilibre, le coup d’œil : tout y est. Ne manquait plus que la prise de conscience.
#46 - Roberto Carlos - 2005
Argentine-Brésil (3-1), éliminatoires du Mondial, 8 juin 2005
Même année, même compétition sur un continent différent, mais absolument pas le même style qu’Andrea Pirlo. Surprise, l’atout numéro un des coups francs de Roberto Carlos s’appelle la puissance ! Le 8 juin 2005, au Monumental de Buenos Aires, le Brésilien en fait la démonstration. Le mur argentin pue la trouille à l’idée de se prendre la quille en pleine tête ou dans les bijoux de famille. Heureusement pour leurs parties génitales, la praline est téléguidée dans la lucarne au deuxième poteau de Roberto Abbondanzieri. Sans conséquences, toutefois, car l’Albiceleste menait déjà 3-0 (doublé d’Hernán Crespo et but de Juan Román Riquelme) avant ce coup franc. Et la réduction du score à la 71e minute n’évite pas la défaite du Brésil. Clairement, la plus grosse douleur du soir est pour le filet…
#45 - Franck Sauzée - 1995
AC Milan-RC Strasbourg (2-1), C3, 2 novembre 1995
Dans les années 1990, sous le maillot de l’OM, Franck Sauzée envoyait du très lourd avec ses frappes de loin. Déjà, à la fin des années 1980, le PSG en a fait les frais. Mais son plus beau but, le milieu de terrain international tricolore (39 sélections) l’a marqué avec le Racing Club de Strasbourg, peu après avoir fêté ses 30 piges, en 16e de finale retour de la Coupe UEFA, contre le Milan. Battu 1-0 en Alsace et mené 2-0 après 45 minutes, Strasbourg n’a alors plus grand-chose à espérer de ce déplacement à San Siro. Qu’à cela ne tienne, « Kaiser Sauzée » envoie la purée sur un coup franc plein axe à 30 mètres. Mario Ielpo n’était pas sur la plage de Dunkerque en mai 1940, mais il sait depuis ce jour-là ce que ça fait de se faire mitrailler la tronche.
#44 - Juninho - 2003
Bayern Munich-Lyon (1-2), C1, 5 novembre 2003
Anthony Réveillère n’a jamais oublié ce soir de novembre 2003. La preuve, dans ces propos tenus à France Football : « Sur ce but, j’ai eu l’impression qu’il avait dirigé le ballon avec une manette de PlayStation. C’est un but venu d’ailleurs. De toute façon, on le savait. C’était notre grosse arme. » Une arme travaillée durant de longues heures au quotidien et que Juninho prend bien soin d’entretenir soigneusement. Alors, lorsque l’OL se pointe au stade olympique de Munich, tout le monde sait que le Brésilien peut tirer le coup de fusil parfait, au moment parfait, à l’endroit parfait. Six minutes de jeu, trente mètres, lucarne. Inarrêtable et presque flippant tant Oliver Kahn tamponne son poteau gauche. « La trajectoire n’est pas aussi spéciale que ça, mais la frappe est tellement travaillée… » conclut Réveillère. Ce soir-là, l’OL repartira, en plus, avec une victoire historique (1-2) dans la poche.
#43 - Luc Nilis - 1989
à 1min 27s
FC Malines-Anderlecht (1-2), D1À belge, 1er avril 1989
À la fin des années 1980, le FC Malines est une équipe frisson du Plat Pays. Les joueurs d’Aad de Mos remportent la Coupe des coupes 1988 en battant en finale l’Ajax. La saison suivante est l’occasion du premier derby belge dans l’histoire des Coupes d’Europe : Malines élimine Anderlecht en huitièmes de finale de la C2. Quelques mois plus tard, les Mauves se déplacent à l’Argosstadion avec la ferme intention de prendre leur revanche en championnat. Pour cela, ils ont un atout : Luc Nilis aka Lucky Luc, 21 ans et un statut de futur grand. Roi des reprises de volée, le buteur belge est aussi un sacré tireur de coup franc, et à Malines, quand il à l’opportunité de crucifier Michel Preud’homme, son coéquipier en sélection, il ouvre son pied pour expédier une frappe enveloppée qui déjoue les lois de la gravité. Le Nigérian Stephen Keshi s’occupera d’offrir les trois points à Anderlecht, mais cette saison-là, les Mauves seront quand même incapables de carjacker le titre aux Malinois.
#42 - Jay-Jay Okocha - 2004
Bolton-Aston Villa (5-2), Coupe de la Ligue, 21 janvier 2004
Roi sans couronne du petit pont, de la roulette Mariot, des ailes de pigeon, et même inventeur de son propre geste technique, Okocha était aussi un formidable artilleur sur coup franc. À l’arrêt, excentré, pressé ou de volée, il était capable d’envoyer des missiles, notamment à Bolton, où il a exposé ses talents d’artiste après son passage au PSG. Le point d’orgue est atteint contre Aston Villa le 21 janvier 2004, quand il marque deux coups francs dans le match, en demi-finales aller de la Coupe de la Ligue. Un premier qui contourne sournoisement le mur avant de mourir dans les filets grâce à un rebond mortifère. Pas mal, mais le deuxième est d’un tout autre calibre. Le Nigérian rentre dans le ballon avec une telle force et une telle vitesse qu’il parvient à le faire sortir de l’axe du but avant de venir s’y faufiler grâce à un effet hallucinant. Après cette sorcellerie sortie du pied gauche d’Okocha, Sam Allardyce ira jusqu’à élever le Nigérian au rang de meilleur joueur de l’histoire des Trotters, devant l’immense Nat Lofthouse. Dommage, c’est Middlesbrough qui remportera la finale de la Coupe de la Ligue (1-2) contre Bolton.
#41 - Ronald Koeman - 1992
Sampdoria-FC Barcelone (0-1 a.p.), C1, 20 mai 1992
Marquer un but en finale de C1 n’est jamais quelque chose d’anodin. Marquer un but en prolongation pour offrir un premier titre en Coupe des clubs champions à son club encore moins. Alors si en plus le pion est sublime, celui-ci reste dans les mémoires. Autant dire que Ronald Koeman a donc vécu une soirée inoubliable à Londres, où son coup franc joué en trois temps a transpercé les filets de Gianluca Pagliuca malgré la sortie des joueurs qui composaient le mur adverse. Ces mêmes joueurs de la Samp’ qui n’ont pas caché leur rage au moment de la faute sifflée par l’arbitre, quand leurs coéquipiers sur le banc se prenaient la tête à deux mains. Ils le savaient : on ne laisse pas un coup franc à cette distance à Ronald Koeman. La sentence, c’est cette frappe limpide que le tireur à la coupe au bol propulse côté gardien. Ne reste alors qu’une seule interrogation : Ronald Koeman aurait-il été capable de faire la même chose en claquettes-chaussettes, la tenue préférée de ses compatriotes ?
Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira et Maxime Renaudet