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- Les cartons rouges qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Cartons rouges de légende (de 70 à 61)
Parce que Cyril Rool n’a pas le monopole des tacles à la carotide, voilà un nouveau top 100 dans un camaïeu de rouge. Au menu : des coups de sang et des simulateurs, des agressions et des injustices. Salade de chevilles servie à volonté.
#70 - Mario Gjurovski - 2013
TOT SC – Muangthong United (1-2), Thai League 1, 18 mai 2013
Mario Djurovski aurait aimé marcher sur les traces de son père, Milko, prolifique buteur de l’Étoile rouge de Belgrade dans les années 1980. Seulement, Mario n’avait pas le talent de son paternel. Alors le Macédonien a enchaîné les clubs moins huppés en Serbie (Mladenovac, Sopot, Bežanija, Vojvodina) et en Ukraine (Metalurg Donetsk). Sans vraiment crever l’écran. À l’âge de 26 ans, en 2012, il est transféré en Thaïlande. « La meilleure décision de [sa] vie. » Mario est passé de joueur européen de troisième zone à star d’une contrée exotique. Il n’est plus jamais reparti. Parmi ses 59 buts en 121 matchs, les supporters de Muangthong United se souviennent forcément de celui face au Telephone Organization of Thailand Sport Club. Après un petit piqué tout en finesse, ce jour-là, Mario lance une célébration inattendue. Il retire son short, le met sur sa tête, se tourne vers le public, écarte les jambes et mime une mitraillette. Deuxième carton jaune synonyme de rouge. Bah quoi ? Il avait juste une semaine d’avance sur la Full Moon Party de Koh Phangan…
#69 - Leonardo - 1994
Brésil – États-Unis (1-0), Coupe du monde, 4 juillet 1994
Pourquoi s’emmerder avec la poésie ? Si le football est universel, un coup de coude bien senti permet à lui tout seul de dépasser la barrière de la langue. C’est exactement ce qu’a mis en pratique Leonardo lors d’un huitième de finale face au pays hôte au mondial 1994. Tab Ramos veut se payer sa tête en tentant un petit pont ? Le Brésilien lui fait bien comprendre qu’il ne joue pas avec ses potes du quartier en lui faisant goûter son articulation olécranienne. Joël Quiniou a tout vu. L’arbitre français sort alors un carton rouge qui vient mettre fin à la compétition du doux Leo, celui-ci laissant filer les siens vers une quatrième étoile. Pour Ramos, la sanction est très lourde également, puisqu’il passe trois mois à l’hôpital pour se remettre d’une fracture du crâne. Le temps d’enregistrer le message que Leonardo voulait lui transmettre.
#68 - Filip De Wilde - 2000
Turquie – Belgique (2-0), Euro, 19 juin 2000
Soirée à thème au stade Roi Baudouin. Pour ce dernier match de poule de l’Euro 2000 face à la Turquie, menés 2-0, les Diables rouges sont déjà dans le vermeil. Le gardien Filip De Wilde, lui, a gardé son nez écarlate, celui avec lequel il avait déjà amusé la galerie face à la Suède, puis devant Hakan Sükür. À six minutes de la fin du calvaire belge, le portier d’Anderlecht ne peut s’empêcher de sortir à la pêche, en bord de touche, pour zigouiller Arif Erdem. Une sortie que n’aurait pas reniée Harald Schumacher quelques années plus tôt. Sauf que M. Nielsen n’est pas M. Corver. L’arbitre sort le rouge à l’encontre du portier, qui regagnera son vestiaire tout penaud, vêtu d’un T-shirt rouge difforme, après avoir laissé gants et maillot à Éric Deflandre. Une belle dernière sortie sous le maillot belge, au sens propre comme au figuré.
#67 - Laurent Moracchini - 1995
à 1min 14s
SC Bastia – Guingamp (1-1, 4-3 t.a.b.), Coupe de la Ligue, 14 février 1995
Laurent Moracchini a cassé le nez d’Éric Di Meco en lui assénant un coup de boule. C’était en novembre 1994, à Furiani, lors d’un Bastia-Monaco chaud comme la braise. Deux mois et demi plus tard, le Sporting reçoit l’En Avant Guingamp en quarts de finale de la Coupe de la Ligue. Victoire des Turchini aux tirs au but. Moracchini, lui, n’est pas allé au bout de la rencontre. Il a encore dégoupillé lors de la prolongation avec un coup de boule envoyé dans la tronche de Coco Michel. Cette fois, la spécialité maison est introduite d’un coup de pied sur la victime. « J’ai été con, putain, confesse Moracchini. J’ai raté la finale (perdue 2-0 face au PSG, N.D.L.R.) à cause de ça, alors que je faisais une super saison. J’avais des clubs sur moi. Bon bah après, ils se sont dit qu’ils n’allaient pas recruter un mongolien… »
#66 - Verón & Totti - 2005
Inter – AS Roma (2-3), Serie A, 26 octobre 2005
Tels des lions qui veulent affirmer leur domination de mâle dans la savane, les footballeurs ont une fâcheuse tendance à faire des tête-contre-tête en cas de conflit sur le rectangle vert. Juan Sebastián Verón et Francesco Totti en forment un fameux exemple, lors d’un Inter-Roma, à l’automne 2005. Frustré de laisser des points à un concurrent direct pour le titre, le milieu argentin piétine la main de son adversaire après l’avoir envoyé valser hors du terrain. En se relevant, Totti se précipite vers Verón, qui décide d’enclencher un duel crânien que l’on est plus habitué à voir dans des docus animaliers. Le capitaine romain n’en attendait pas moins pour s’écrouler au sol, et attendre tranquillement que son adversaire voit rouge. Mais pas de chance car pour une fois, Roberto Rosetti n’est pas dupe et renvoie les deux belligérants aux vestiaires. Pas de jaloux, même si c’est bien la Roma qui sortira vainqueur de ce match de haut niveau (2-3), grâce à un doublé de son numéro dix. Avant de terminer la saison dauphin de l’Inter, qui se retrouve champion à la suite du scandale Calciopoli.
#65 - Frédéric Déhu - 2005
Wydad – Marseille (2-1), amical, 12 février 2005
Dans le milieu des jeux télé, on appelle ça un « tout pile » . L’OM est alors mené à Casablanca par le Wydad lors d’un match amical qui n’en a que le nom, et c’est à la 75e minute que tout part en vrille. Le tacle appuyé à souhait de Fred Déhu dans sa surface n’est pas réprimandé, mais le défenseur se fait balayer par un Marocain n’ayant pas trop goûté son intervention précédente. En se relevant, le défenseur marseillais opte pour le coup du bélier dans la poitrine. Échauffourées, course-poursuite, expulsion de Déhu qui n’oublie pas d’applaudir le public… C’est tout ? Ce serait oublier la cerise sur le gâteau. Avec son bonnet et sa parka, Fabien Barthez surgit de son banc pour aller envoyer un mollard sur l’arbitre Abdellah El Achiri. « Nous sommes des êtres humains, on a des réactions, se défendait le divin chauve à Téléfoot après son craquage. Moi, ce qui s’est passé, c’est que je n’ai pas accepté que mes coéquipiers se fassent frapper. Et je l’ai fait savoir à l’arbitre haut et fort. » Ce crachat sur la poitrine, et non au visage, vaudra tout de même à Barthez six mois de suspension, dix travaux d’intérêt général et un nouveau gimmick chez les Guignols.
#64 - Fernandez & Rubio - 1976
RDA – France (4-0), Jeux olympiques, 25 juillet 1976
Ah, les années 1970, ses ados rebelles et ses insultes d’un autre siècle ! Et quand elles sortent de la bouche de l’éminent Jean Fernandez, milieu de terrain de la sélection olympique tricolore présente à Montréal, elles ont encore plus de saveur. Tombée en quarts de finale face à l’Allemagne de l’Est, l’équipe de Michel Hidalgo vit une 58e minute compliquée. Jean Fernandez concède un penalty et traite M. Alberto Michelotti de « double zéro » en prévision de la… double sanction. Alors que l’arbitre italien s’apprête à dégainer son carton rouge, Paco Rubio arrive furtivement derrière lui et chaparde son carton rouge. Un acte de bravade qui occasionne les expulsions de Fernandez et Rubio. Michel Platini, qui a dû prolonger de trois mois son service militaire pour participer à la compétition, écopera lui d’un jaune pour avoir applaudi ironiquement l’homme en noir. À neuf contre onze, les Bleus finiront logiquement par couler face au futur vainqueur. Tout ça à cause d’un bougre d’ectoplasme à roulettes.
#63 - James Morrison - 2007
Manchester United – Middlesbrough (1-0), FA Cup, 19 mars 2007
Après un match nul 2-2 au Riverside Stadium contraignant les deux équipes à disputer un replay, Manchester United et Middlesbrough veulent en découdre pour de bon en quarts de finale de la Cup 2006-2007. Comme neuf jours plus tôt, le bourreau de Boro n’est autre que Cristiano Ronaldo, qui attend le dernier quart d’heure pour s’écrouler dans la surface. Le Portugais transforme sans problème ce penalty de la gagne, et file vers le banc de touche adverse afin de dédier son but à Gareth Southgate, qui l’avait accusé d’être un plongeur quelques semaines plus tôt. Cette attitude ne plaît pas au nouvel entrant James Morrison. Quitte à être éliminé, l’Écossais décide se farcir la tête à claques mancunienne. Cela tombe bien, Cristiano profite des dernières secondes de la rencontre pour dribbler le long de la ligne de touche. Tellement tentant pour Morrison… Ce dernier vient dégommer les tibias de Cristiano avec un tacle les deux pieds décollés. Insuffisant pour que le Portugais reste au sol, mais largement assez pour récolter ce que le jeune milieu de Boro était venu chercher : un carton rouge largement mérité.
#62 - Mark van Bommel - 2008
Bayern Munich – Hambourg SV (1-1), Bundesliga, 24 février 2008
Chez Van Bommel, le vice, c’était des fautes aux quarante mètres, des provocations, des contestations virulentes… Et ce qui le rendait encore plus insupportable pour les adversaires (n’est-ce pas, les Lyonnais ?), c’est que le milieu de terrain néerlandais était aussi un putain de bon joueur de football. Habile pour pousser le bouchon, mais pas trop non plus afin de rester sur le terrain, le Batave s’est quand même fait gauler plusieurs fois. La plus belle ? Dans le temps additionnel d’un Bayern-Hambourg. Sachant que le match nul 1-1 arrange les affaires bavaroises, et qu’il y a une touche dans son camp, Van Bommel joue la montre. L’arbitre sort le jaune, Van Bommel en rajoute une couche en l’applaudissant. Quand l’arbitre se tourne, le salopard néerlandais transforme ses « clap ! clap ! » en bras d’honneur. Sauf que l’arbitre se retourne vers lui à ce moment-là. Pris la main dans le pot de confiture, Marko file au coin. À retenir : Pelé est le roi du football, et le titre de vice-roi appartient à Mark van Bommel.
#61 - Ion Vlădoiu - 1994
Roumanie – Suisse (1-4), Coupe du monde, 22 juin 1994
Christophe Ohrel doit encore en faire des cauchemars, quand surgissent dans ses nuits les souvenirs de ce match Suisse-Roumanie du Mondial US, au Silverdome de Pontiac, près de Detroit. Alors qu’il vient de recevoir le ballon, l’Helvète voit une bête furieuse lui sauter dessus. L’animal en question s’appelle Ion Vlădoiu, un parfait sosie de Gérard Jugnot époque Les Bronzés font du ski. Le moustachu des Carpates assène un tacle dégueulasse, toute semelle dehors, à hauteur des genoux de son adversaire. Un geste d’énervement qui s’explique peut-être par la raclée qu’est en train de subir la Roumanie de Gica Hagi (défaite 4-1). Logiquement, l’attaquant du Steaua Bucarest est expulsé. Le pire ? C’est que Vlădoiu était entré trois minutes plus tôt à la place d’Ilie Dumitrescu. Ce qu’on appelle un coaching raté. La magnifique équipe roumaine relèvera la tête au match suivant, et se hissera quand même jusqu’en quarts de finale de la World Cup.
Par Arthur Jeanne, Florian Lefèvre, Maxime Renaudet et Mathieu Rollinger