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Top 10 : promu et champion

Par Régis Delanoë
6 minutes
Top 10 : promu et champion

Sur le podium de la Bundesliga et toujours invaincu avant cette huitième journée, le RB Leipzig détonne, pour sa découverte de l’élite allemande. S’il paraît difficilement concevable qu’il réussisse à doubler tout le monde, Bayern et Dortmund compris, pour remporter son premier titre en tant que promu, ce ne serait néanmoins pas de l’inédit dans l’Europe d’après-guerre. La preuve par dix.

Bordeaux 1949/1950

En France, le premier des trois cas de figure concerne Bordeaux, à une époque dominée par les clubs du Nord-Est de la France, Roubaix-Tourcoing inclus. Pour cette cinquième saison depuis l’armistice, les Girondins épatent pour leur retour en première division. Sous la houlette de l’entraîneur André Gérard, l’équipe va être surnommée « l’imprenable forteresse » par la presse et surprendre tout son monde en s’imposant largement pour décrocher le premier titre de l’histoire du club. Bordeaux termine avec six points d’avance sur le LOSC et sept sur Reims : meilleure défense et meilleure attaque, grâce notamment à l’ex-laveur de carreaux de La Haye, Bertus de Harder, auteur de vingt et un buts. Une épopée qui devait avoir de la gueule avec la voix ORTF de l’époque.


Tottenham 1950/1951

En Angleterre, Liverpool avait déjà fait le coup en 1906 et Everton en 1932. Après-guerre, c’est Tottenham qui réussit l’enchaînement promotion-titre, avec une équipe composée notamment d’Alf Ramsey, de Bill Nicholson, Sonny Walters, Ron Burgess et le natif de Guernesey Len Duquemin. Vice-champions d’Angleterre en 1922, les Spurs décrochent là le premier des deux titres de leur histoire (le second dix ans plus tard), terminant quatre points devant Manchester United. Les Mancuniens prendront leur revanche dès la saison suivante, en 1952, terminant devant… Tottenham.


Ipswich 1961/1962

Angleterre toujours avec le cas étonnant d’Ipswich Town, qui conquiert le seul titre de son histoire l’année même de sa découverte de l’élite. Les Tractor Boys, pendant anglais des Paysans guingampais, passent en à peine cinq ans de la D3 au titre de champion de D1 grâce à un jeune et brillant entraîneur, un certain Alf Ramsey, qui conduira quelques années plus tard la sélection à son seul titre mondial à domicile. Ipswich, grâce aux trente-trois buts de la légende locale Ray Crawford, achève cette saison 61/62 au premier rang devant Burnley et Tottenham.


Saint-Étienne 1963/1964

Retour en France avec ce second cas de figure qui concerne Saint-Étienne. À l’époque, les Verts ont déjà connu la joie d’un premier titre en 1957, mais ils avaient plongé en D2 entre-temps et réussissent donc un retour fracassant grâce à quelques noms bien connus : Robert Herbin, Aimé Jacquet, Rachid Mekhloufi ou encore André Guy, auteur de vingt-huit buts cette saison-là. Monaco et Lens complètent le podium. À noter que cette saison 63/64 marque une sacrée transition, puisque dans le même temps, c’est le grand Stade de Reims qui termine à l’avant-dernier rang et tombe en D2… Une passation de pouvoir.


DWS Amsterdam 1963/1964

Amsterdamsche Football Club Door Wilskracht Sterk, initiales DWS. Jamais entendu parler de ce club ? Et pour cause, il a disparu depuis longtemps déjà des écrans radars du professionnalisme aux Pays-Bas et évolue actuellement dans l’équivalent de la D9 locale ! Alternant entre la D1 et la D2 dans les années 50 et jusqu’au début des années 60, DWS va connaître une éphémère période d’euphorie avec ce fameux enchaînement promotion-titre, terminant cette saison 63/64 avec deux points d’avance sur le PSV. L’autre club d’Amsterdam ne disparaît pas tout de suite de la circulation en obtenant par la suite quelques places d’honneur, de quoi jouer régulièrement les compétitions européennes (trois quarts de finale tout de même). En 1972, il fusionne avec deux autres clubs locaux pour donner le FC Amsterdam. C’est un échec : cette entité disparaît dix ans plus tard en 1982. Reste donc une petite structure amateur qui a gardé le maillot rayé bleu et noir façon Inter.


Nottingham Forest 1977/1978

Dernier cas de figure en date en Angleterre : il concerne Nottingham Forest, alors dirigé par Brian Clough, qui avait déjà remporté un titre avec Derby County quelques années auparavant. Pour Forest, c’est une première et ça le restera. Mais quelle première ! Un dauphin, Liverpool, champion sortant relégué à sept points, le troisième, Everton, qui finit à neuf longueurs… C’est un triomphe pour Peter Shilon, Archie Gemmill, Viv Anderson, Martin O’Neill et toute la bande, qui ira conquérir par la suite deux Coupes des champions consécutives. C’est d’ailleurs le seul cas au monde de club qui possède un plus beau palmarès continental que national.


Monaco 1977/1978

La même saison que Forest, Monaco joue les copieurs et réussit également à décrocher le titre en venant de D2. Le champion en titre, Nantes, est battu par une équipe survoltée, qui termine la saison avec cinq victoires consécutives et une attaque flamboyante, emmenée par Delio Onnis, vingt-neuf buts, et Christian Dalger, dix-huit buts. Dalger, comme son coéquipier Jean Petit, seront de l’aventure du Mundial en Argentine en fin de saison, contrairement à Ettori ou Courbis. C’était l’époque où le championnat de France était spectaculaire, avec un Carlos Bianchi terminant la saison à trente-sept buts et où il y avait pléthore de joueurs offensifs de qualité : Platini bien sûr, Bernard Lacombe, Johnny Rep ; Olivier Royer, Eric Pécout, Claude Papi…


FK Obilić 1997/1998

Le football de club en Serbie, c’est Partizan et Étoile rouge. Les deux trustent quasi tous les titres, à l’exception de la saison 97/98. Un troisième club de Belgrade inconnu et sans palmarès débarque en élite et fracasse tout dès ses débuts, en allant conquérir le premier et seul titre de son histoire. Surprenant ? Oui et non. Il faut dire que le FK Obilić est à l’époque dirigé par un certain Željko Ražnatović, plus connu sous le patronyme Arkan, criminel de guerre recherché alors par le TPI et reconverti depuis la fin du conflit yougoslave dans des trafics mafieux. Vice-champion en 1999, Obilić Belgrade perd son bienfaiteur un an plus tard, Arkan étant retrouvé assassiné dans un luxueux hôtel de la capitale serbe. C’est aujourd’hui un club amateur et un lointain souvenir pour les fans de foot des années 90.


Kaiserslautern 1997/1998

En Allemagne, un cas unique est à signaler. Dans les années 90, les fans du FC Kaiserslautern sont enfermés dans un ascenseur émotionnel interdit aux cardiaques : le club passe tour à tour d’une victoire en Coupe d’Allemagne en 1996, une relégation historique dans la foulée, une remontée immédiate et un titre national, le quatrième et dernier en date de son histoire, en 1998. Deux années complètement folles, avec en point d’orgue cette Bundesliga conquise devant le Bayern et le Bayer Leverkusen. C’est l’époque de l’entraîneur Otto Rehhagel, du buteur Olaf Marschall, d’Andreas Brehme et d’un certain Michael Ballack. Depuis, le FCK alterne entre D1 et D2 et n’a jamais fait mieux qu’une cinquième place en Bundesliga.


Ludogorets 2011/2012

Le dernier cas en date en Europe concerne Ludogorets Razgrad, actuel adversaire du Paris SG en C1, débarqué sur la scène internationale comme une fusée ces dernières années. L’ascension fut rapide : création du club en 2001, reprise par l’homme d’affaires Kiril Domuschiev, première accession en élite et premier titre national dans la foulée en 2012, grâce à une dernière victoire décisive sur le CSKA Sofia, qui était leader au soir de cette dernière journée ! Depuis, Ludogorets règne en maître en Bulgarie en accumulant les titres nationaux et les expériences européennes (deuxième phase de poules de la C1 cette saison). Dans l’effectif actuel, il reste des joueurs de ce premier titre historique, dont Marcelinho et Dyakov.

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