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Top 10 : Papinades
Jean-Pierre Papin, c'est avant tout un attaquant qui a le sens de l'esthétique. Parmi tous ses buts, nombreuses sont les chiches, peu importe la position dans laquelle il se trouve. Tellement nombreuses qu'elles ont désormais un nom : les Papinades.
Marseille 2-0 Matra Racing, 17 décembre 1986
Un beau cadeau de Noël. Pour sa première saison à l’Olympique de Marseille, Jean-Pierre Papin enfile déjà les buts. Mais c’est le 17 décembre qu’il livre son premier chef-d’œuvre. Dans un match un peu fade, Jean-Louis Zanon tape une longue transversale en direction de Papin. L’attaquant marseillais reprend de volée et expédie la balle dans la lucarne opposée. Pascal Olmeta, surpris, n’esquisse pas le moindre geste. Ah si, il applaudit.
Marseille 1-0 Niort, 6 mai 1988
« La Papinade ne s’explique pas, ne se programme pas, ne s’enseigne pas. Elle tient au bonhomme, à ses neurones, à cette étonnante relation affective avec le ballon qui permet au joueur de jauger, tel un ordinateur, la trajectoire, la vitesse, le « poids » de l’objet, et de traduire instantanément l’angle de frappe et le dosage de celle-ci. » Alain Pécheral, journaliste à La Provence vient d’utiliser pour la première fois le terme de Papinade, en extase devant un but sublime de JPP contre Niort.
Marseille 3-0 Brøndby,13 septembre 1989
Le propre des grands buteurs, c’est de s’offrir le scalp des grands gardiens. En début de saison 1989, Papin ne le sait pas encore, mais il vient de crucifier une future légende du poste. Peter Schmeichel est alors dans les bois du club danois qui tient une mi-temps face à l’OM. Au retour des vestiaires, Chris Waddle fait sauter le verrou, puis voit l’un de ses centres mal négocié par la défense danoise. Dans son style qui deviendra légendaire, Papin exploite le ballon qui traîne à mi-hauteur. Reprise acrobatique du droit qui meurt dans le petit filet et gardien qui reste immobile. Tellement évident.
France 3-1 Espagne, 20 février 1991
Le mec est tout simplement capable de marquer dans toutes les positions. Dans un match comptant pour les éliminatoires de l’Euro 1992, Papin marque le but ultra important du 2-1 contre l’Espagne. Le centre de Manuel Amoros est légèrement dévié. Mais JPP ne compte pas changer de plan. Même si la balle est légèrement derrière lui, il reprend le ballon de volée. Un mélange de reprise de volée et de retourné acrobatique.
France 2-1 Tchécoslovaquie, 4 septembre 1991
Pas la plus spectaculaire, mais certainement la plus difficile à réaliser. Sur un très long et très haut ballon venu de la gauche, JPP ne quitte pas la balle des yeux. Il semble avancer et reculer en même temps. En fait, il recule vers le but, et attend la balle de pied ferme, prêt à la boxer de volée. En plein mouvement, il l’envoie dans le petit filet opposé. Une coordination et une analyse de la trajectoire proches de la perfection. (Regarder la vidéo à 00:55)
Union Luxembourg 0-5 Marseille, 18 septembre 1991
Ce n’est pas le plus glorieux, mais il a eu le mérite de faire profiter le peuple luxembourgeois des talents d’artificier de JPP. Pour son match aller de premier tour de la Ligue des champions, l’OM se rend sur la pelouse d’Union Luxembourg. Et y assure sa qualification avec un 5-0 propre. Pour profiter de la fête, Papin s’offre une reprise de volée du droit depuis l’extérieur de la surface de réparation. La praline finit sa course en lucarne, le gardien n’a même pas esquissé un geste. Tout comme les défenseurs, qui ont laissé trois bons mètres au buteur marseillais, totalement esseulé et donc en mesure de réaliser le geste parfait. On est en époque pré-internet, les joueurs de l’Union connaissent visiblement mal leur adversaire. L’OM valide son passage au second tour après une victoire 3-0 à la maison, mais ne verra pas la phase de poules à cause du Sparta Prague. Qui avait visiblement une défense plus rigoureuse.
France 3-3 Belgique, 25 mars 1992
Menée 3-2 en match amical par les Belges, l’équipe de France se repose encore et toujours sur son attaquant vedette, déjà buteur sur penalty en première période. À la 85e, sur un centre venu de la droite, comme d’habitude, Papin ne se pose pas de question. Il pose la main gauche au sol, et balance un retourné acrobatique. Le ballon part à une vitesse folle et casse la cage. Digne d’Olive et Tom.
AC Milan 2-0 Ancône, 13 décembre 1992
Présent dans la plus grande équipe du monde du début des années 90, Jean-Pierre Papin doit partager la vedette avec Marco van Basten. Voire le plus souvent rester dans son ombre. Mais durant cette première saison en Lombardie, « Djipipi » parvient tout de même à s’illustrer sur quelques coups d’éclat, notamment lors de la 13e journée de Serie A, quand le grand Milan reçoit le promu Ancona. Au quart d’heure de jeu, le Français marque probablement son plus beau but milanais : sur un centre au cordeau venu de la droite, il claque un retourné qui finit au pied du poteau. Pas le but le plus crucial de l’histoire des Rouge et Noir, mais l’un des plus caractéristiques du style Papin. Capable néanmoins d’alterner les frappes de brutes, contre Cremonese lors du début de saison 1993-1994, ou les actions en finesse comme sa réalisation en début de saison 1992-1993 contre la Lazio. (Vidéo à 00:50)
Porto 0-1 AC Milan, 3 mars 1993
Début mars 1993, l’AC Milan impressionne l’Europe et vient de remporter ses deux premiers matchs de poule contre Göteborg et le PSV Eindhoven. À Porto, les Rossoneri peinent à poursuivre leur marche triomphante en l’absence de Marco van Basten. À 20 minutes de la fin, Jean-Pierre Papin prend les choses en main. À la réception d’un long ballon aérien, Marco Simone, au duel, parvient à faire un semblant de remise vers la surface. Ruud Gullit s’imagine déjà quoi faire avec le ballon, JPP lui gueule l’un des seuls mots d’italien qu’il maîtrise : « Lascia ! » La suite, une mine qui vient se loger sous la barre de Vítor Baía, impuissant. Le buteur français l’avouera un peu plus tard devant les caméras de TF1, qui à l’époque diffuse le magazine de la Ligue des champions : « Aux toilettes, je ne me sentais même plus pisser, vraiment. »
Bayern Munich 2-0 Bayern Uerdingen, 30 août 1995
Début de saison 1995-1996, Jean-Pierre Papin sort d’une année quasi blanche avec le Bayern Munich qu’il a rejoint 12 mois plus tôt. L’heure est clairement au rachat, et le 30 août, on se dit que la carrière allemande de JPP est enfin lancée. Alors que son club accueille KFC Uerdingen, le Français réceptionne un centre aérien venu de l’aile droite avec une volée acrobatique de toute beauté. L’Allemagne est conquise, Papin va obtenir le titre du plus beau but de la saison. Souci, il n’en plante que trois en deux saisons de Bundesliga, ce qui fera dire à sa marionnette des Guignols de l’info que « c’est fini l’époque de la patate industrielle, maintenant, Papin c’est la patate artisanale, cela prend plus de temps » . Mais cela laisse des souvenirs durables.
Par Kevin Charnay et Nicolas Jucha