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Thomas Tuchel, un départ tellement PSG

Par Mathieu Faure
5 minutes
Thomas Tuchel, un départ tellement PSG

Thomas Tuchel a donc été viré de son poste d'entraîneur du PSG au lendemain d'une victoire et à quelques semaines de la fin de son contrat, alors qu'il était toujours qualifié en Ligue des champions. Dans un monde normal, tout ceci serait surprenant. Au PSG, pas du tout. C'est presque un clin d'œil parfait à l'ADN du club. Le PSG vous souhaite un joyeux bordel !

Il y a bien une chose sur laquelle le PSG n’a jamais bougé d’un iota, y compris en période de Noël, c’est son incapacité à rester sagement au chaud, se dire que la trêve des confiseurs porte bien son nom et qu’il faut profiter de ce moment de détente en famille. Moins de 12 heures après le dernier match de l’année civile ponctué par une victoire à domicile contre Strasbourg (4-0), Thomas Tuchel a reçu ses étrennes avant l’heure. Un carton, ses trophées dedans, un maillot signé de tout l’effectif et la porte avec son staff. Merci, au revoir. Qu’il semble loin le temps où le coach allemand chantait « Happy » au cœur d’une salle de presse de Shenzhen recouvert de champagne par ses joueurs regroupés autour de lui pour ses grands débuts sur le banc du PSG contre l’AS Monaco (4-0 lors du Trophée des champions 2018).

À six mois de la fin de son contrat, le seul entraîneur parisien à avoir jamais disputé une finale de Ligue des champions est donc viré à la trêve tel un vulgaire Antoine Kombouaré. Le timing peut surprendre. Dans les faits, le PSG n’est qu’à un point de Lyon, le leader de la Ligue 1, est qualifié en 8es de finale de C1 où il affrontera le FC Barcelone et s’est envoyé toute sa première partie de saison avec une infirmerie qui déborde match après match. Le plus dur semblait fait. Mais le PSG n’est pas le genre de club qui aspire à une forme de tranquillité. Même après une saison pleine (4 titres nationaux et une finale de C1), Thomas Tuchel n’a jamais fait l’unanimité au sein des suiveurs du club, mais également auprès de son employeur. Oui, la crise sanitaire, la préparation tronquée et les blessures ont fait des derniers mois un long chemin de croix, mais la direction du PSG a sans doute estimé qu’il était temps de changer de discours, de méthode, d’emprise sur le groupe, de prisme, de manière de communiquer.

Six mois parfaits… puis le trou noir

Tout était si bien parti… mais le match retour contre Manchester United a cassé quelque chose. Derrière, il a fallu s’adapter à une réalité très QSI : équilibrer un effectif mal construit pour permettre de s’offrir deux cannibales offensifs (Neymar et Mbappé). Tuchel, comme Emery avant lui et comme sans doute son successeur, n’a jamais trouvé la solution idoine. Ni même la moins pire sur le moyen terme malgré l’arrivée de « coureurs » dans l’entrejeu venus compenser l’absence de travail sans ballon des fantastiques. La trêve de Noël, qui permet au club de ne plus jouer avant le 6 janvier, était la fenêtre de tir parfaite pour se séparer de l’Allemand. Un départ pas si surprenant que ça, puisque son casier commençait à être chargé. Des secousses, Tuchel en a connu de très nombreuses depuis son arrivée sur le banc malgré des débuts idylliques (14 victoires de rang en championnat). Le couac Manchester United, la finale de Coupe de France perdue contre Rennes, la fin de saison en roue libre de 2019, les défaites à domicile en Ligue 1 contre l’OM, l’OL ou contre MU en poule de C1, que des premières sous l’ère QSI, un style de jeu difficilement lisible et des plaintes verbales permanentes. Et puis, il y a eu ces accrochages verbaux et publics avec Leonardo et la direction en fin de mercato.

Les coachs changent, les problèmes restent

Thomas Tuchel a simplement été victime d’un club qui broie ses coachs un à un par sa manière d’exister. Antoine Kombouaré, Carlo Ancelotti, Laurent Blanc, Unai Emery et maintenant Thomas Tuchel. Des histoires qui ont constamment mal fini malgré les titres, les millions investis et une vitrine bling-bling outrancière. Tuchel, comme ses prédécesseurs, n’a jamais réussi à dompter la manière de gouverner des Qataris. Pis, il s’est heurté à la gestion sportive d’Antero Henrique puis à celle de Leonardo. L’Allemand estimait qu’il faisait de la politique plus que du sportif dans sa manière de gérer son groupe. C’est vrai. Parce que le PSG est une arme politique de Doha dont Neymar et Mbappé sont les principaux ministres d’État. Finalement, que reste-t-il de l’héritage Tuchel ? Tactiquement, pas grand-chose. Humainement, le souvenir d’un coach qui termine épuisé, nerveux et fatigué du bordel autour et à l’intérieur du club, mais qui a su lancer des jeunes, faire progresser des joueurs (Kimpembe, Marquinhos) en ressusciter d’autres (Di María) tout en se trompant dans certains choix (Kehrer, la gestion du match retour contre MU, Danilo en défense centrale).

Tuchel n’a jamais réussi à changer le PSG (qui peut le faire, honnêtement ?) et son parcours restera difficile à juger tant la parenthèse du Final 8 est un OVNI. Plus grave en revanche, en trois ans, le club, lui, n’a pas changé. Il est toujours aussi compliqué d’entraîner le PSG. Son successeur connaîtra les mêmes maux, les mêmes galères, les mêmes manques au sein de son groupe, les mêmes joueurs happés par la nuit parisienne, les mêmes problèmes de gouvernance, les mêmes critiques. Mais virer le coach qui a conduit le club en finale de C1 l’année des cinquante ans de l’institution ne pouvait pas se faire autrement que le jour du réveillon. Quelque part, la tradition est respectée. C’est bien le signe que le PSG reste ce club bordélique que l’on prend plaisir à voir faire n’importe quoi. Malgré tout, d’aucuns vont trouver une lueur d’espoir et se dire que le prochain entraîneur sera le bon. Celui qui remettra ce groupe au travail, celui qui sera accompagné d’un staff technique brillant, celui qui ne remplira pas l’infirmerie, celui qui fera les bons choix tactiques, celui qui aura du flair sur le marché des transferts, celui qui arrivera à faire cohabiter Neymar et Mbappé tout en jouant un rôle dans leurs prolongations de contrat. C’est Noël, les miracles existent.

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Par Mathieu Faure

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