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- Écosse-Tchéquie (0-2)
Tchéquie : bon Schick, bon genre
Auteur d’un beau doublé face à l’Écosse à Hampden Park, Patrik Schick est venu rappeler au monde à quel point il peut être soyeux.
Au moment où Patrik Schick déclenche son lob du milieu de terrain, il arbore un sourire digne de l’homme qui sait. Évidemment qu’à ce moment-là, Schick voit comme les chanceux d’Hampden Park que la trajectoire de sa tentative est aussi précise qu’un trompe-l’œil de Cédric Grolet. La courbe en forme de lune est délicieuse, le pauvre David Marshall, lui, est réduit à un simple ampli de guitare qu’on éteint sans un regard. Et termine comme un bon vieux jeu de cordes usé, emmêlé dans ses propres filets. « J’ai vu le gardien loin de sa ligne, j’avais déjà pu le vérifier en première mi-temps, commentait le héros après la rencontre. Je me suis dit que cette situation allait peut-être se reproduire en seconde période. Je savais qu’il (Marshall, NDLR) restait très haut, donc quand le ballon est arrivé, j’ai rapidement vérifié où il se trouvait. Oui, c’était un beau but. » Des paroles dignes d’un vrai guitariste soliste, peut-être du Mark Knopfler dont la Tchéquie avait besoin pour parfaitement lancer son Euro.
Marshall, me voilà !
Hormis les suiveurs assidus de la Bundesliga, et plus particulièrement les fans du Bayer Leverkusen, on avait presque oublié à quel point Patrik Schick pouvait se montrer glacial. Ce lundi 14 juin, Schick avait pourtant alerté la Tartan Team qu’il était dans un soir à lâcher solo sur solo. Dès la seizième minute, d’abord, via une chiche du gauche bien repoussée par le dernier rempart écossais. Un larsen qui sera suivi d’un autre plus puissant, à filer des sacrés maux de tête, juste avant la pause : un centre de Vladimir Coufal, une détente parfaite de Patrik Schick, des filets qui tremblent et beaucoup d’enfants écossais qui pleurent.
Son délicieux lob de 45,5 mètres, offert aux millions de téléspectateurs en début de seconde période, est ni plus ni moins que le but le plus lointain inscrit lors d’un Euro depuis au moins 40 ans. Pas de quoi impressionner Saber Khalifa, mais largement de quoi lui permettre de marquer de son empreinte cet Euro 2020. « Le deuxième but de Patrick est juste fantastique, souriait le milieu de West Ham Tomáš Souček après la rencontre. Les autres joueurs n’ont plus à se fatiguer, le but du tournoi a déjà été inscrit. » Une belle récompense pour un homme toujours Schick, mais pas toujours au niveau où on l’attend.
Couper la Schick des Écossais
Nul doute que Papa Schick doit être fier, de là où il se trouve, quand il repense à ce jour où, comme le rapporte le Guardian, le petit Patrik en avait marre d’entendre son paternel hurler sa déception et se prit en retour un majeur levé du fiston. Dans sa carrière, le petit Patrik avait pratiquement déjà tout connu : la gloire, puis la non-confirmation au Sparta Prague, le rebond au FC Bohemians, l’explosion à la Sampdoria, le couac à la Roma ou encore le sursaut d’orgueil au RB Leipzig.
Ce qu’il n’avait pas encore connu, c’était ce type de match où il se devait de crever l’écran, en marquant bien sûr, mais également en ayant une participation active au jeu : au total, le bomber de Leverkusen facture en 87 minutes 21 passes, 6 tentatives, 2 pions et un statut d’homme du match bien mérité. À la différence d’Harry Kane la veille face à la Croatie, le grand Tchèque (1,87m) s’est montré disponible et surtout décisif. « Le premier match est très important et nous sommes heureux d’avoir gagné ce match. C’est toujours difficile de jouer contre nous, car nous avons beaucoup de joueurs qui travaillent dur. L’Écosse était un adversaire difficile, mais nous étions prêts. La Croatie sera un peu différente, mais nous allons nous préparer. » Les Croates et l’Angleterre sont prévenus : Schick n’a pas annulé ses vacances aux Bahamas pour faire de la figuration aux quatre coins du Vieux Continent.
Par Andrea Chazy