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Tawamba, la saison du plaisir

Par Alexis Billebault
6 minutes
Tawamba, la saison du plaisir

À 28 ans, le Camerounais Léandre Tawamba est devenu international le 25 mars dernier face au Koweït (3-1). L’attaquant du Partizan Belgrade a beaucoup voyagé avant de se poser dans le prestigieux club serbe, où il s’est construit une petite réputation. Afrique du Sud, Slovaquie, Libye, Kazakhstan... Avec, maintenant, l'éventualité de s’envoler vers un championnat plus relevé.

Cette ambition ne l’a jamais quitté. « À chaque fois que j’ai changé de pays, c’était pour progresser sportivement. » À part peut-être son séjour au Kazakhstan en 2016, au Kaïrat Almaty, davantage motivé par l’aspect financier. « On me proposait trois fois ce que je gagnais à Zlaté Moravce, en Slovaquie… Et puis, contrairement à ce que j’avais entendu dire sur le championnat kazakh, ce n’était pas si mal. Le niveau était correct, les stades souvent bien remplis, j’ai pu côtoyer des joueurs comme le Russe Andreï Archavine(ex-Arsenal) ou l’Ukrainien Anatoliy Tymoshchuk, (ex-Bayern Munich) et j’ai participé pour la première fois à la Ligue Europa, même si nous n’avions pas atteint la phase de groupes. »

Les joutes continentales, Léandre Tawamba les a retrouvées cette saison avec le Partizan Belgrade, qu’il a rejoint début 2017. Éjecté de la Ligue des champions avant la phase de poules par l’Olympiakos Le Pirée (1-3, 2-2) après avoir éliminé les Monténégrins du Budućnost Podgorica (2-0, 0-0), le club serbe, reversé en Ligue Europa, a avalé l’obstacle Videoton (4-0, 0-0) et atteint la phase finale, terminant deuxième du groupe B derrière le Dynamo Kiev. « On a échoué en seizièmes de finale contre le Viktoria Plzeň (1-1, 0-2), mais cela faisait pas mal de temps que le Partizan n’avait pas réalisé un aussi bon parcours européen. Et moi, cela m’a permis de me faire remarquer, avec mes six buts. » L’hiver dernier, Tawamba aurait pu quitter la Serbie pour la Belgique ou la Turquie. Mais l’état-major belgradois a posé son veto très rapidement, reportant à cet été un éventuel départ du buteur (onze réalisations en championnat).

Un départ cet été ?

Il avait quitté Almaty pour zéro euro, acceptant de diminuer son salaire kazakh pour évoluer dans une Ligue plus visible. S’il déménage dans deux mois, l’opération rapportera donc un peu d’oseille à son employeur. « J’aurai 29 ans en décembre. J’apprécie beaucoup Belgrade. La vie y est agréable, surtout depuis que ma femme et ma fille de quatre ans, qui vivaient au Cameroun, m’ont rejoint. Les Serbes sont accueillants, les supporters du Partizan passionnés. On a gagné le championnat et la Coupe la saison dernière. Bon, pour cette année, le titre, c’est mort. Je pense que pour moi, il est peut-être temps de tenter ma chance ailleurs. »

Le profil du joueur, capable de jouer milieu offensif ou en pointe (comme c’est le cas au Partizan où Miroslav Đukić associe le Camerounais avec l’international serbe Ognzen Ožegović dans son 4-4-2), a de quoi séduire, selon un agent bien introduit sur le marché serbe. « Tawamba est intéressant dans le sens où il est polyvalent, capable de jouer milieu offensif ou attaquant, très vif, efficace dans les déplacements » , estime ce dernier. Et les 18 buts toutes compétitions confondues inscrits jusqu’à présent ont (r)éveillé quelques intérêts en Allemagne, en Belgique ou même en France.

Avant d’envisager un avenir dans un championnat plus exposé, l’international camerounais a beaucoup voyagé. Et pas forcément là où il s’y attendait. Né à Yaoundé d’un père chauffeur (aujourd’hui décédé) et d’une mère couturière, puis formé au Eding Sport, Tawamba a ensuite évolué à Jeunesse Star (Ligue 2) avant d’effectuer ses débuts professionnels à l’Aigle Royal Menoua en 2007. « J’ai continué par l’Union Douala (2009-2010), un des meilleurs clubs camerounais, avant de revenir à l’Aigle Royal. Mais il fallait que j’aille ailleurs pour progresser. »

Ce sera en Afrique du Sud, au FC Cap Town, dont l’entraîneur Jozef Vukušić tiendra un rôle primordial dans l’évolution de sa carrière. « Au Cap, j’ai attendu plusieurs mois avant de jouer. Pour une question de permis de travail. Puis Vukušić a été nommé en Slovaquie, au FC Nitra. Il m’a proposé de le suivre. Pour moi, l’Europe était une chance. Je ne savais pas grand-chose de la Slovaquie, je suis arrivé en plein hiver. Je n’y allais pas pour l’argent, car le salaire était à peu près le même qu’en Afrique du Sud (un peu moins de 3000 euros, N.D.L.R.), mais pour franchir un palier. »

Vukušić, la bonne rencontre

À l’hiver 2013 donc, Tawamba découvre Nitra, un club qui se bat pour rester en SuperLiga slovaque. Le Camerounais, avec ses trois buts, contribue au maintien des Trogariavant de suivre une nouvelle fois Vukušić à Ružomberok, une formation un peu plus à l’aise sportivement et financièrement. « Surtout, c’est la première fois depuis que j’avais quitté mon pays que j’allais faire une saison pleine. J’ai marqué treize buts, je me sentais de mieux en mieux en Slovaquie, j’avais appris la langue. » Sauf que Jozek Vukušić, son mentor, a un peu de mal à rester en place. Le technicien accepte une offre d’Al Ahly Benghazi, un club libyen engagé en Ligue des champions africaine 2014 et l’emmène dans ses valises.

L’anarchie régnant en Libye interdit toute présence jugée non indispensable sur le sol d’un pays devenu un des plus dangereux de la planète et où, dans certaines provinces, les islamistes font leur loi. « Je n’ai jamais mis les pieds en Libye. On était à Tunis. J’avais ce choix, car à mes yeux, jouer la Ligue des champions serait profitable. Mais j’ai disputé seulement deux matchs de C1, contre Sfax et l’Espérance Tunis, en phase de poules. Tu parles d’un dépaysement…, se marre Tawamba, qui ne perd pas tout dans cet exil nord-africain, où il voit son salaire atteindre les 9000 euros mensuels. J’ai peu joué, car il y avait un souci avec mon certificat international de transfert. Du coup, je suis reparti en Slovaquie en août 2015, à Zlaté Moravce, puis au Kazakhstan, en avril 2016. »

La CAN en tête

Depuis Almaty, celui qui a porté le maillot camerounais dans les catégories de jeunes, disputant même les qualifications pour les Jeux olympiques de Londres de 2012, comprend aussi qu’Hugo Broos, le sélectionneur belge des Lions indomptables, ne se farcit pas tous les jours au petit déjeuner les images du championnat kazakh. « Jouer pour la sélection A, c’est un vieil objectif. C’est aussi pour cela que je suis venu au Partizan. Maintenant, c’est à moi de faire en sorte d’y revenir » , ajoute l’attaquant. Avec dans un coin de la tête la CAN 2019, que son pays organisera. Alexandre Belinga, le coach intérimaire, lui a offert sa première sélection le 25 mars dernier face au Koweït (3-1). Un match que Tawamba a même commencé dans la peau d’un titulaire. Il n’a désormais plus qu’à attendre que le nouveau boss des Lions, lequel devrait – en théorie – être nommé en mai, communique sa liste pour les matchs amicaux prévus en fin de saison. Et qui sait…

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