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- 12e journée
- River Plate/Boca Juniors
Tarantini : « Je me suis fait insulter sur plusieurs générations »
Ancien défenseur de Bastia et de Toulouse, Alberto Tarantini a arboré sa longue tignasse frisée « dans une trentaine de Superclásico », du côté de Boca Juniors, puis chez « l’ennemi », River Plate. Le « Conejo » est donc le client idéal pour évoquer ce choc si particulier.
Que vous évoque ce Superclásico ?C’est un évènement planétaire, les gens viennent du monde entier pour assister à ce match. J’ai vu des gens débarquer des États-Unis deux mois avant pour essayer de trouver des places. Je pense que le Clásico d’aujourd’hui va être importantissime, tant pour Boca que pour River, qui vient de passer un an en deuxième division. Ce fut un sale coup pour le club, mais aussi pour tout le football argentin. La saison dernière, nous n’avions plus qu’un seul Clásico en Argentine, celui entre Independiente et Racing. Les autres ont disparu peu à peu : Central est descendu (Ndlr : rival historique de Newell’s Old Boys), San Lorenzo a « perdu » Huracán (Ndlr : descendu l’an dernier), Estudiantes ne joue plus contre Gimnasia (Ndlr : qui évolue également en Nacional B).
Le Superclásico, c’est plusieurs crans au-dessus, non ?Un Boca-River est sans commune mesure. Le seul qui peut tenir la comparaison en terme de passion, c’est Galatasaray-Fenerbahçe, au niveau de l’effervescence. Tout le monde en parle des semaines avant et encore une semaine après… Il me semble que le supporter de Boca le vit plus passionnément, mais aujourd’hui, avec ce qui est arrivé à River l’an dernier, je pense que ses supporters vont être à fond. Ça va être fabuleux ! Je donnerais tout pour être sur le terrain à la place des joueurs.
Vos meilleurs souvenirs de Superclásico ?J’ai participé à deux des plus grandes « goleadas » et à chaque fois j’étais du bon côté… Avec Boca, nous avions gagné 5-2 en 1974, puis, lors de mon premier Superclásico avec River, nous nous étions imposés sur le même score en 1980. Les deux à la Bombonera. Après, je me souviens de ce but de Maradona (Ndlr : en 1981), lorsqu’il élimine Fillol (Ndlr : le gardien de River) : je me jette à terre sur la ligne et il pique le ballon au-dessus de moi. On avait perdu 3-0. J’envisage d’effacer toutes les vidéos de ce but qui circulent sur internet…
Comment êtes-vous passé de Boca à River ? Ça paraît inconcevable…J’ai effectué toute ma formation à Boca avant d’intégrer l’équipe première. Ensuite, je suis parti en Europe (Ndlr : à Birmingham City), avant de revenir jouer à Talleres de Córdoba. Ce n’est qu’après que River a pu m’acheter, car il y avait une clause dans mon contrat à Boca qui m’empêchait de signer directement chez eux. Maintenant, on voit l’Inter et le Milan AC qui s’échangent sans arrêt des joueurs. À mon époque, c’était très difficile.
Ça n’a pas été trop dur, vis à vis des supporters ?Les gens n’oublient jamais. Ceux de Boca me disaient : « Tu nous as tout donné, mais tu es un fils de p… d’être parti jouer là-bas » et ceux de River : « Maintenant que tu es là, ça va, mais tu nous a beaucoup fait souffrir… » Lors de mon premier Clásico avec River, à la Bombonera, je me suis fait insulter pendant quatre-vingt-dix minutes. Ils se sont souvenus de toute ma famille, de mes petits-enfants, sur plusieurs générations… Ce match se résume pour moi à un long bruit de sifflets…
Un pronostic pour le match de ce soir ?Les deux équipes jouent mal et ne sont pas à leur niveau. Les joueurs vont tout donner. Les attaquants des deux équipes ne marquent pas beaucoup en ce moment, mais ils vont peut-être se réveiller… Je pense que Rodrigo Mora (Ndlr : un attaquant uruguayen) va poser des problèmes à Boca, dimanche. Mais Boca a aussi des armes…
Par Florent Torchut, à Buenos Aires
Le but de Maradona face à River, en 1981 (au sol, Tarantini) :
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