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Tactique : Erling Haaland (Manchester City) in Wonderland

Par Matthias Ribeiro
9 minutes
Tactique : Erling Haaland (Manchester City) in Wonderland

Erling Haaland - auteur de 22 réalisations en 15 matchs toutes compétitions confondues - effectue un début de saison historique avec Manchester City. Reste à savoir si l’ancien du BvB flinguera de nouveau face à son ancien club ce soir.

Si, aujourd’hui, l’aventure d’Erling Haaland à Manchester City ressemble à un conte et paraît plus qu’évidente, tout n’a pourtant pas toujours été aussi logique. Transféré pour un prix « dérisoire » – au vu du marché actuel et de la qualité du joueur – de Dortmund vers son pays natal, le Norvégien a pu susciter certaines interrogations à son arrivée à Manchester. Quid de sa forme physique, alors qu’il avait raté seize rencontres la saison passée ? Quid de l’intégration de ses qualités singulières dans le collectif mécanique de Pep Guardiola ? Tant de questions auxquelles il a rapidement répondu par une avalanche de buts, mettant ainsi tout le monde d’accord. Souvent ménagé par le Pep, qui ne souhaite pas perdre son colosse aux pieds d’argile, Haaland semble avoir trouvé une équipe qui lui rend à la perfection ce qu’il lui apporte. Alors que son efficacité dans le jeu diffère légèrement de celle qui était la sienne dans la Ruhr, l’attaquant citizen a déjà marqué 17 fois en 11 matchs de championnat. Fin octobre, le Norvégien a donc déjà parcouru plus de la moitié du chemin qui le mènerait au record de buts – sur une saison – de l’ère moderne de la Premier League, détenu par Mohamed Salah et ses 32 goals.

L’Eurostar

Considéré comme un finisseur clinique, Erling Braut Haaland dispose néanmoins d’autres qualités au moins aussi intéressantes. Façonné par l’école Red Bull et la Bundesliga, le Norvégien s’épanouit aussi logiquement dans les grands espaces et lorsque le jeu s’accélère. La puissance et la vitesse qu’il dégage avec ses grandes enjambées peuvent parfois donner l’impression d’une locomotive lancée à pleine vitesse. Il est alors plus rapide et plus robuste que tout le monde, ce qui le rend quasiment indestructible. Pour exploiter cela, City parvient fréquemment à trouver un joueur libre entre les lignes dans la moitié de terrain adverse – souvent axe gauche – pour ensuite servir l’attaquant gaucher lancé sur son pied fort vers la surface adverse. Toutefois, ce genre de situations ne se produit qu’occasionnellement, dans un collectif mancunien qui privilégie souvent le jeu court et construit aux transitions rapides.

À Anfield face à Liverpool (1-0) le 16 octobre dernier : Gündoğan est trouvé seul côté gauche par Phil Foden, au même moment Haaland déclenche son appel entre les centraux adverses…

L’Allemand exploite ensuite le bon déplacement de son avant-centre qui démarre fort…

Le Norvégien arrive le premier sur le ballon et tentera de lober Alisson, mais ce dernier anticipera le geste.

Lors du derby de Manchester (6-3) à l’Etihad Stadium le 2 octobre dernier : City parvient à nouveau à trouver un joueur avec de l’espace sur l’axe gauche du terrain avec Bernardo Silva. Le Portugais se retourne, tandis qu’au même moment, Haaland plonge entre Lisandro Martínez et Victor Lindelöf…

Le Portugais sert alors le bon appel de son attaquant dans le bon espace…

Haaland peut ensuite enchaîner pied gauche, mais le ballon filera en dehors du cadre, au ras du poteau de David de Gea.

La domination d’Erling Haaland dans l’espace a cependant pris une nouvelle tournure cette saison. Déjà parce qu’il part désormais de moins loin au vu de la domination technique et territoriale de City, mais surtout parce qu’il a rencontré un homme : Kevin De Bruyne. L’explosivité et la qualité de déplacement de l’un, au service de la patte dorée de l’autre : un combo assassin. D’autant plus que la position préférentielle de Kevin De Bruyne – axe droit – semble aller de pair avec les appels au second poteau de son attaquant, qui peut finir de son pied gauche. De quoi faire des étincelles et même plus que ça. Chaque ouverture du Belge – joueur qui centre le plus en Premier League cette saison avec 53 unités – vers Haaland dans la surface est un véritable incendie pour les défenses, qui ne peuvent souvent qu’observer la qualité de finition du Norvégien, lequel a jusqu’ici inscrit 17 de ses 22 buts en une touche.

À Séville (0-4) le 6 septembre dernier : comme souvent, Kevin De Bruyne se positionne axe droit pour pouvoir potentiellement centrer vers la surface de son bon pied. Il attaque alors la surface, tandis que Foden le sert bien dans l’espace. Pendant ce temps-là, Haaland attend l’ouverture à l’entrée de la surface…

KDB réalise son service signature – celui qui passe fort devant le but pour finir au deuxième poteau – et Haaland l’a bien senti. Le Norvégien plonge alors vers cette zone…

Et pousse le ballon au fond : 1-0.

Rebelote face à Aston Villa (1-1) le 3 septembre : De Bruyne attaque l’espace côté droit et est bien servi par Bernardo Silva. Au même moment, Haaland se positionne à l’entrée de la surface pour attendre et pouvoir attaquer la zone ciblée…

Le ballon délivré par De Bruyne sera logiquement envoyé vers le second poteau, Erling se déplace alors en conséquence…

Nouvelle finition en une touche à bout portant.

Erling « Brute » Haaland

Un mètre 95 pour 95 kilos. Ce ne sont pas les chiffres d’un basketteur ou d’un lion, mais bel et bien ceux du footballeur qui traumatise la Premier League actuellement. Comme si sa rapidité et son sens du but ne suffisaient pas, Haaland est plus grand et plus fort que ses opposants. Alors qu’il fait souvent la différence cérébralement dans la surface (bien que son physique lui soit d’une grande aide), le berserker de Manchester est une réelle bête lorsqu’il est lancé vers le but. La domination dont il fait preuve lui permet ainsi d’envoyer valser un défenseur au duel ou de résister aux chocs à pleine vitesse. Ce qui lui donne un atout considérable au moment de se défaire du dernier obstacle avant de se présenter seul face au gardien adverse.

Le week-end dernier face à Brighton (3-1) : long ballon d’Ederson dans la profondeur pour son attaquant qui s’emmène le ballon de la poitrine devant le gardien adverse…

À l’épaule, le Cyborg résiste à Adam Webster venu l’empêcher de conclure seul face au but…

Comme souvent, le défenseur adverse termine le combat K-O, 1-0.

Face à Crystal Palace (4-2) le 27 août dernier : İlkay Gündoğan repique à l’intérieur et sert Haaland qui appelle dans l’espace, lancé vers le but adverse…

Le défenseur des Eagles tente de déstabiliser l’avant-centre en le chargeant dans le dos pour l’empêcher de pénétrer dans la surface de Vicente Guaita, mais le Norvégien ne bouge pas et résiste à l’impact…

Il sanctionne ensuite Palace d’un plat du pied gauche petit filet. Et comme souvent, le défenseur qui a croisé sa route termine au sol.

Nouvelle séquence dans la profondeur à Newcastle (3-3) le 21 août : De Bruyne lance Haaland dans la profondeur, mais le numéro 9 est face à deux défenseurs et affiche du retard…

Aucun problème pour lui. Il rattrape ces mètres et fait la différence grâce à sa puissance en passant entre Sven Botman et Fabien Schär, deux colosses…

Cette fois-ci, il butera sur le portier adverse, mais un élément ne change pas sur la photo-finish : Botman termine l’action les genoux sur la pelouse.

Le jarl des seize mètres

Si Erling Haaland sait attaquer la surface grâce à ses appels dévastateurs et son physique hors norme, ses principales qualités se trouvent toutefois dans la zone de vérité. Véritable tueur à gages, la nouvelle gâchette de Pep Guardiola tourne à 1,65 but par match en Premier League cette saison, soit un toutes les 54 minutes. Alors qu’il a atterri dans l’équipe qui a le plus de facilités au monde pour investir la surface adverse et créer des occasions à fort taux de conversion (City est premier aux expected goals cette saison en championnat, avec 26,04 xG), Haaland est au pays des merveilles. Certains buts peuvent même paraître répétitifs et faciles tant le Norvégien n’a souvent qu’à pousser le ballon pour conclure le mouvement de ses partenaires. Néanmoins, le travail invisible fait par l’avant-centre au préalable pour se démarquer grâce à ses courses imprévisibles et en rupture est sensationnel.

Ce n’est évidemment pas un hasard si l’attaquant le plus surveillé de la planète obtient régulièrement de l’espace pour finir. Le buteur se déplace mieux que tout le monde et voit souvent l’opportunité avant même que ses vis-à-vis n’aient repéré le danger. De plus, son collectif favorise une fois de plus son orientation du corps. Les Citizens organisent leurs offensives davantage côté gauche pour permettre au dernier maillon de la chaîne d’être sur son pied fort au moment de catapulter le ballon dans les cages adverses. Son entraîneur a d’ailleurs loué cette qualité avant la rencontre de ce mardi soir face à Dortmund : « Ce que j’aime, c’est que je savais que c’était un gars pour les grandes transitions. Son rythme sur 30-40 mètres est imparable, mais je ne savais pas à quel point il se déplaçait bien dans les petits espaces de la surface. Finalement, il marque beaucoup de buts parce qu’il bouge vraiment bien, il est tellement intuitif. »

Le 13 août dernier face à Bournemouth (4-0) : De Bruyne sert Grealish lancé côté gauche. Pendant ce temps-là, Haaland attaque la surface de manière plutôt classique…

Mais quelques mètres plus tard, il change brutalement de direction pour s’écarter des défenseurs et s’offrir du temps et de l’espace pour tenter de conclure le centre de Jack Grealish…

Son stratagème est payant, mais il ne parviendra pas à cadrer sa tentative.

Nouvelle offensive côté gauche face à Southampton (4-0) le 8 octobre : De Bruyne sert João Cancelo dans l’espace, le Portugais vers la surface adverse. Haaland enclenche alors sa course…

Avant le centre de son latéral, il repique brusquement vers le ballon, ce qui surprend grandement le défenseur adverse en charge de son marquage.

Le décalage est créé, Haaland n’a plus qu’à finir pied gauche, 4-0.

Situation similaire face à United sur coup de pied arrêté cette fois : au moment où KDB déclenche sa course pour tirer le corner, Haaland démarre aussi la sienne vers le but adverse…

Puis il change spontanément de direction autour de Christian Eriksen et se déplace vers le premier poteau.

Le marquage adverse est ainsi désorganisé, et l’attaquant se retrouve sans menace au moment de reprendre le bon centre de son passeur belge… 2-0.

Alors qu’il affole les compteurs de buts depuis plusieurs années maintenant, Erling Haaland a encore passé un cap. La différence semble cette fois avoir été faite plus par la forme que par le fond. Alors qu’il n’affiche pas des progrès fulgurants dans son jeu dos au but (parfois brouillon) par exemple, le Cyborg peut aujourd’hui compter sur des joueurs et un collectif qui ont une facilité à exploiter ses grosses qualités. La quintessence de sa palette offensive exceptionnelle peut ainsi s’exprimer pleinement. Après les interrogations estivales, deux seules questions subsistent désormais : jusqu’où ira Erling Haaland statistiquement ? Et quid de sa forme physique, sur l’ensemble d’une saison tronquée par une Coupe du monde hivernale qu’il ne disputera pas ?

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