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- RB Leipzig-Lyon (0-2)
Sylvinho, le soleil se lève à l’Est
Après avoir retrouvé le chemin de la victoire sur le terrain de Leipzig (2-0), Sylvinho tient enfin un argument pour calmer ses détracteurs. Car ce succès est celui d'un état d'esprit retrouvé, mais aussi de choix payants à mettre au crédit du Brésilien. Il n'était pas trop tôt, et finalement, il n'est toujours pas trop tard pour se réveiller.
Si un homme averti en vaut deux, un Julian Nagelsmann doublement averti aurait dû en valoir quatre. Pourtant, ni le carton jaune distribué par M. Lahoz pour tenter d’apaiser son agacement, ni cette phrase lâchée innocemment avant le match n’ont pu sauver le jeune entraîneur lipsien. « C’est toujours dangereux quand une équipe est dos au mur » , assurait-il. Ce soir, l’Allemand pourra donc rager à cause des vendanges de son attaquant vedette Timo Werner (deux immanquables non cadrés et une frappe croisée repoussée par Lopes), mais pourra également déplorer le réveil lyonnais. Dans l’Est de l’Allemagne, les Gones ont démontré qu’ils pouvaient être solidaires, agressifs et avoir de la réussite, autant de choses qui leur étaient inconnues ces deux derniers mois. De quoi calmer (provisoirement ?) les inquiétudes généralisées autour de ses capacités de management et l’impatience face à une triste série de résultats. Le grand gagnant de la soirée ? Sylvinho, lui-même.
Choix d’hommes, hommes de choix
Alors qu’il s’enlisait dangereusement dans un jugement qui faisait de lui « la mauvaise pioche de Juninho » , le Brésilien a su remobiliser (avec l’intervention de son président Aulas) un groupe au bord de la déliquescence et a su faire fructifier ses choix tactiques. Des paris qui ont d’abord pris la forme d’une seconde chance accordée à un système, le 3-5-2, déjà testé contre Paris il y a dix jours (0-1). La veille, sa reconduction semblait difficile en l’absence du capitaine Denayer, resté à Lyon pour des soins. Mais s’il a été dépassé à plusieurs reprises, le trio Marçal-Andersen-Marcelo a tenu la baraque, avec une mention spéciale pour le dernier nommé, secondé avec brio par un Anthony Lopes autoritaire. Werner a été certes moribond comme rarement, repartir de Leipzig (où le RBL a inscrit 16 buts en 8 matchs cette saison) avec un clean sheet reste une performance.
Ensuite, ces arrières trop souvent bridés ont pu, grâce à ce dispositif, exploiter leurs couloirs. Léo Dubois, capitaine d’un soir, a été particulièrement en vue, même si son alter ego Youssouf Koné n’a pu dissimuler ses lacunes. Au milieu, Houssem Aouar a enfin repris des couleurs et de la consistance. Aux côtés des travailleurs Tousart et Thiago Mendes, le Lyonnais de naissance a pu se projeter et a été à l’origine des deux buts lyonnais. Tout un symbole. Plus haut, l’électron libre Memphis Depay n’a eu qu’à exploiter les trous béants laissés par la défense à trois du RB Leipzig et faire admirer sa conservation de balle pour être la principale arme des Rhodaniens.
Une victoire à la lyonnaise
La plus grosse cote de ce onze de départ était Martin Terrier. Lui, préféré à Moussa Dembélé (meilleur buteur du club), à Jeff Reine-Adélaïde (seule réelle satisfaction de ce début de saison) ou à Bertrand Traoré (éternelle incompréhension qui avait toujours les faveurs du coach). Pourtant, l’espoir français a réussi à peser à la pointe de l’attaque, pour aller gratter le but du break et de la gagne. En délicatesse avec le nouveau staff en début de saison, l’ancien Lillois a su montrer sa valeur au gré de ses quelques entrées en jeu. Le boulot rondement bouclé, lui et son compère néerlandais ont ensuite laissé leur place à Dembélé et Traoré dans le dernier quart d’heure.
Et les approximations du Burkinabé ont simplement confirmé qu’un coaching gagnant ne se juge pas seulement aux remplacements en cours de match. Pour ceux qui recherchaient la « patte Sylvinho » , il faudra repasser pour la voir en dehors de l’état d’urgence. Le derby dimanche à Saint-Étienne sera une autre bataille, tout aussi difficile, mais bien plus symbolique. Mais le Brésilien a peut-être réellement commencé son mandat d’entraîneur de l’Olympique lyonnais à un millier de kilomètres de la capitale des Gaules. Finalement, qu’y a-t-il de plus lyonnais – et de plus « genesiesque » – que d’aller décrocher un succès aussi improbable que celui-ci ?
Par Mathieu Rollinger