Socios Verts : l’assurance Sainté

« Cela remonte à octobre 2021, en regardant un match, je me dis : « Cela fait trois ans qu’on joue le maintien, il faut changer un truc, créer un nouvel élan… « Pour moi, le club était trop déconnecté de sa base. » Thierry Simonet est un amoureux de l’AS Saint-Étienne, un vrai. Et depuis l’automne, il est aussi le président et cofondateur de l’association Socios Verts, qui ambitionne d’installer un projet « socios » dans son club de cœur. « Ce projet, ce sont nos deux présidents qui l’ont évoqué en premier, sans jamais qu’il ne se réalise. Mais si on regarde les choses avec objectivité, c’est incongru qu’un club comme le nôtre n’ait pas déjà mis ça en place. » Avec Jérémy Chatonnier, désormais coprésident et lui aussi désireux de favoriser un mouvement populaire autour de l’ASSE, Simonet monte le projet avec une première base de huit membres. « Au début, je pensais que cela se ferait en trois ou quatre mois, mais j’ai compris désormais que ce serait difficile, et long. Mais on a fait des progrès : 8 personnes au départ, presque 30 aujourd’hui, avec des compétences variées, des gars et des filles qui bossent fort… » Bénévolement, forcément.

« Défendre l’identité et les valeurs de notre club »

L’objectif de la joyeuse bande ? « On s’imagine souvent que les projets de socios, c’est pour imposer des joueurs du centre de formation dans l’équipe première », pose d’emblée le vice-prez Chatonnier. « En réalité, on aimerait plus de jeunes du club dans l’équipe première, c’est vrai, mais on n’a aucune revendication autour du projet sportif. Notre ambition, c’est d’apporter des solutions, une amélioration sur la relation entre le club et sa base, sur l’expérience de match, les actions caritatives. En fait, on veut simplement défendre l’identité et les valeurs de notre club. » Dans le concret, cela signifie que Socios Verts ambitionne d’entrer au capital du club avec un apport financier situé entre 2,5 et 5 millions d’euros. Pas de quoi obtenir les pleins pouvoirs donc. « Mais avoir un représentant au comité directeur par exemple, pour pouvoir faire entendre la voix des supporters, pour instaurer une transparence, ce serait déjà une grande réussite », précise Jérémy Chatonnier.

Les perspectives sont dépendantes des conditions de la future vente, longtemps retardée par les résultats poussifs des Verts. « Aujourd’hui, notre projet va dépendre du montant que nous serons en mesure de mettre sur la table, de l’acceptation ou non de notre démarche par les dirigeants ou futurs dirigeants du club, et les attentes des deux parties. » À l’heure actuelle, l’association n’a récolté que 180 000 euros de promesses de contributions, mais espère continuer de glaner des soutiens au fil des semaines. « Notamment en obtenant le soutien officiel d’anciens joueurs comme Marc Zanotti, le premier à prendre position ce mois-ci, d’autres vont suivre et nous aider à gagner une visibilité qu’on espère atteindre un spectre national », soutient Simonet.

Joue-la comme Bastia

Originaire de Clermont, tombé amoureux du club en 1974-1975 avec l’épopée européenne achevée en demi-finales contre le Bayern Munich, le fondateur de Socios Verts est venu faire sa vie dans la région stéphanoise « par pur amour pour le club ». La génération 1976, qui lui a donné envie de se lier à l’ASSE, tient selon lui les clés du projet. « Un joueur actuel ne pourra pas nous soutenir, il ne peut pas se positionner, ni même un joueur en activité qui pourrait vouloir se reconvertir au club. En revanche, ceux de 76, ils n’ont plus d’enjeu de carrière et tout le monde les connaît. Si certains commencent à nous soutenir, cela pourrait monter très vite. » L’association compte déjà 1700 inscrits comme futurs donateurs, Simonet espère arriver à 42 000, « pour la symbolique d’un Geoffroy-Guichard à guichets fermés ».

Le chemin est encore long, mais il est important de s’imposer les efforts qu’il implique selon Chatonnier, car « on voit bien qu’il est nécessaire de revenir à certaines valeurs fondamentales du football, comme le fait qu’un club doit appartenir à ses supporters ». Pour appuyer son argumentaire, il utilise l’actualité internationale. « Avoir des milliardaires étrangers à la tête des clubs, c’est être soumis au contexte géopolitique, comme Chelsea aujourd’hui. Imaginez que demain, ce soit le Qatar qui soit isolé, que deviendra le PSG ? » À défaut de répondre à cette question, il précise volontiers ce qu’il aimerait pour Saint-Étienne : « Un modèle comparable à ce qu’ils ont réussi à installer à Bastia dans un premier temps. Pour le long terme, le modèle ultime, ce n’est pas forcément le FC Barcelone, qu’on cite allègrement comme le club de socios par excellence, mais plutôt le Bayern Munich, qui a construit un équilibre exemplaire dans la relation entre la direction et les supporters. » Signification : les Socios Verts ne se voient pas diriger, seulement être « des gardiens de l’identité du club ».