- Élection présidentielle 2022
Si les candidats à la présidentielle étaient des footballeurs
Le premier tour de l’élection présidentielle a lieu dimanche. Cela signifie qu’il faudra trouver un moment, entre deux matchs de Ligue 1, pour aller glisser un bulletin dans l’urne. Vous n’avez pas eu le temps de lire les programmes des uns et des autres et vous hésitez encore ? Imaginer des footballeurs à la place des candidats vous aidera peut-être à y voir plus clair.
Nathalie Arthaud : Ada Hegerberg
Elle n’a pas hésité à mettre en péril son intérêt personnel pour défendre l’intérêt collectif. En août 2017, Ada Hegerberg annonçait sa mise en retrait de la sélection norvégienne, afin de protester contre les disparités de traitement entre hommes et femmes au sein de la fédération. Après cinq années de lutte, le Ballon d’or 2018 a récemment acté son retour au sein de l’équipe nationale. Un message d’espoir pour Nathalie Arthaud, qui n’en a pas encore fini avec sa lutte (ouvrière, celle-là).
Nicolas Dupont-Aignan : Dmytro Chygrynskiy
Au Shakhtar, le jeune Ukrainien tutoyait le plus haut niveau européen sans pouvoir s’y confronter régulièrement. En 2009, dans la foulée d’une victoire en C3, il a rejoint le grand Barça. Mais comme Icare, il a fini par se brûler les ailes, a enchaîné les blessures et est retourné dans l’anonymat. Toute ressemblance avec NDA, qui avait fricoté avec Marine Le Pen pour tenter de récupérer Matignon en 2017 avant de retomber lourdement sur Terre, n’est pas forcément fortuite.
Anne Hidalgo : Raphaël Varane
Avec le Real, Raphaël Varane a soulevé tous les trophées et atteint les plus hauts sommets. Alors, on n’a pas trop compris ce qui l’avait poussé à rejoindre Manchester United, son instabilité chronique et son incapacité récurrente à jouer les premiers rôles. Une trajectoire difficilement compréhensible. Comme celle d’Anne Hidalgo, qui a délaissé le confort de l’hôtel de ville de Paris pour servir de tête de gondole à un PS en pleine dérive.
Yannick Jadot : James Milner
Il a beau être une figure des Reds, James Milner reste vert malgré le temps qui passe. Baladé un peu partout sur le terrain au gré des envies de Jürgen Klopp, l’Anglais est l’exemple type du joueur qui se recycle en permanence pour éviter l’obsolescence programmée. Un modèle de développement durable, donc, qui a débuté milieu offensif, a migré sur les ailes et se complaît désormais en tant que latéral. De quoi séduire Yannick Jadot, ancien militant offensif chez Greenpeace, qui lui non plus n’a pas l’intention d’être pollué par la City.
Jean Lassalle : Jean-Louis Leca
Au milieu d’un effectif cosmopolite et forcément ouvert sur l’international, il est la caution « terroir » à laquelle on peut toujours se raccrocher. Jean-Louis Leca, ce n’est pas qu’un gardien du temple à l’accent chantant. C’est aussi le fier défenseur de son île natale (la Corse) et de son territoire d’adoption (le Nord-Pas-de-Calais). Et on imagine aisément que face au 1,90m de Jean Lassalle, Alexy Bosetti n’aurait sans doute pas fait le malin.
Marine Le Pen : Gennaro Gattuso
Après avoir passé des années à harceler les mollets de ses adversaires et à être insupportable auprès des arbitres, Gennaro Gattuso a fini par s’assagir. Une entreprise de dédiabolisation entamée au moment où Rino a pris place sur le banc, de l’AC Milan d’abord, du Napoli ensuite. Marine Le Pen a fait pareil, a fortiori quand elle s’est aperçue qu’un petit nouveau tentait de la déborder sur sa droite.
Emmanuel Macron : Benjamin Pavard
C’est grâce à ses talents en tant que défenseur central que le jeune Benjamin Pavard a percé chez les pros. Mais c’est surtout grâce à sa faculté à s’adapter au poste de latéral droit qu’il s’est fait une place dans le groupe France, a pu caler une frappe de bâtard contre l’Argentine et soulever la Coupe du monde en 2018. Emmanuel Macron a suivi la même voie : débuter comme centriste et, une fois arrivé au pouvoir, basculer vers la droite.
Jean-Luc Mélenchon : Pep Guardiola
Après avoir suivi sa philosophie jusqu’à l’extrême, Pep Guardiola pourrait bien être tenté de renier un peu son tiki-taka s’il veut aller décrocher la timbale cette année. Une solution que semble avoir choisie Jean-Luc Mélenchon. Le technicien catalan et le député des Bouches-du-Rhône partagent en outre un autre gros point commun : tous les deux ont choisi de confier les clés du jeu à un roux, qui donne le tempo et appuie là où ça fait mal quand il le faut.
Valérie Pécresse : Corinne Diacre
« Le courage de faire » : le slogan de campagne de Valérie Pécresse, première femme candidate d’un grand parti de droite à une présidentielle, colle plutôt bien au tempérament de Corinne Diacre, première femme entraîneur d’un club professionnel dans l’Hexagone. La patronne des Bleues n’a jamais hésité à trancher dans le vif, quitte à froisser certains ego. Quant à ses opposantes, elles attendent patiemment son échec pour retrouver la lumière. Amandine Henry-Laurent Wauquiez, même combat ?
Philippe Poutou : Hatem Ben Arfa
Véritable électron libre, Hatem Ben Arfa n’a pas son pareil lorsqu’il s’agit de s’exprimer, sur un terrain ou en coulisses. Et tant pis si ça déplaît à ses patrons, car l’ancien Marseillais n’a que faire de l’autorité. Il l’a une nouvelle fois démontré à Lille la semaine dernière, en bousculant les cadres et les codes en vigueur dans le vestiaire. Une petite différence, toutefois, avec Philippe Poutou : le montant de leurs indemnités de licenciement.
Fabien Roussel : Adil Rami
Dans une campagne présidentielle comme dans une liste des 23, on a toujours besoin d’un trublion, du mec content d’être là même s’il sait qu’il devra se contenter des miettes. En 2018, Adil Rami s’amusait avec un extincteur et répandait sa bonne humeur auprès des autres Bleus. En 2022, Fabien Roussel balance des punchlinesà tout-va et fait la promo de ses Apé’Roussel. Il ne dépassera pas les 4%, et alors ? L’essentiel est ailleurs.
Éric Zemmour : Kepa Arrizabalaga
Les deux hommes partagent plus que des blases qui rapportent des points au Scrabble. Si Kepa n’est pas engagé en politique, il est très à cheval sur la défense de son territoire. Et plus que tout, il est un opposant farouche au grand remplacement. En atteste son attitude en finale de la League Cup 2019, qui avait rendu Maurizio Sarri fou de rage. À l’arrivée, néanmoins, Chelsea avait perdu. Mais pas sûr que cela incite Éric Zemmour à mettre de l’eau dans son vin.
Par Raphaël Brosse et Florian Porta