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Si Amara Diané avait tiré à côté contre Sochaux…
Si Amara Diané n'avait pas sauvé le PSG contre Sochaux il y a dix ans, la vie politique, économique et sportive de la France aurait changé à tout jamais.
Nicolas Sarkozy aurait poussé les Qataris à acheter Sochaux
Il en aurait cassé son verre de Coca Zéro. Décidément, pas moyen de passer un samedi soir tranquille dans ce pays. La bougie du premier anniversaire de son investiture à la présidence de la République est encore fumante, mais Nicolas Sarkozy n’a aucune envie de faire la fête. Pourquoi le chef de l’État est-il ivre de rage ? Parce que le PSG, son PSG, cette bande de pipes qu’il soutient depuis des décennies, vient de poinçonner son ticket pour la Ligue 2. Enfoiré d’Amara Diané, pas foutu de caler un ballon entre les jambes de Teddy Richert. Ce 17 mai 2008, le président est emmuré à l’Élysée avec personne sous la main pour partager sa peine. Qui pourrait-il appeler ? Dans le bureau d’à côté, Henri Guaino est sûrement en train d’écrire un discours ennuyeux de quinze pages, ses yeux énervés scotchés sur sa feuille. Quant à Carla, avec qui il est marié depuis trois mois, elle ne comprendrait rien à sa colère et lui enverrait un « Pourquoi tu te mets dans cet état-là, mon amoureux ? Ce n’est que du football » qui l’énerverait encore plus. Le pire, c’est que Sarkozy avait secrètement lancé des négociations entre ses amis du Qatar et ses amis du PSG pour que les premiers avalent les seconds. Ça aurait eu de la gueule, mais tant pis. Les Qataris veulent investir dans le foot français ? Ils n’ont qu’à placer leurs billes à Sochaux ! En deux coups de fil, Nicolas Sarkozy boucle l’affaire en réussissant à convaincre les patrons de l’Émirat qu’ils font une affaire en or. Après tout, il a bien réussi à convaincre François Fillon qu’il servirait à quelque chose comme Premier ministre.
L’émir Al Thani aurait aussi acheté Peugeot et sauvé la France de la crise de 2008
Automne 2008, le monde vacille. La finance, les bourses, les banques, les certitudes, tout explose en vol, et les grands de ce monde se retrouvent face à l’une des pires crises économiques de l’histoire. Entre les promesses pour sauver la zone euro et les coups de menton aux banquiers pour leur annoncer que leur petit milieu doit être régulé, Nicolas Sarkozy est au four et au moulin. Il imagine un plan parfait pour sauver la patrie : les discussions entre les Sochaliens et les Qataris traînent, l’émir Al Thani n’étant pas convaincu par les relances de Damien Perquis. Alors Sarko plie la partie de poker en mettant la marque au lion dans la balance. Tombé amoureux de la dernière Peugeot 407, Al Thani allonge les billets et s’offre les usines Peugeot en plus du FCSM. Le grand délire peut commencer. Arshavin, Giovinco et Alexandre Song débarquent à Bonal pour la saison 2009-2010, et le président du club, Nasser Al-Khelaïfi, supervise également la production des nouveaux modèles Peugeot. Après avoir actualisé les Peugeot 806, 206 et 307, les Qataris font passer le constructeur dans une autre dimension en lançant la Peugeot 650 007. Comme son prix, en euros. Un véhicule qui fait un carton dans les pays du Golfe dès sa sortie et qui assure à PSA des revenus stratosphériques. La planète s’enfonce dans la crise, l’Europe est au bord de l’implosion, mais la France s’en fout. Toute l’industrie de l’Hexagone profite du rayonnement de Peugeot, et Sarkozy n’a plus qu’à attendre sa réélection en s’enfilant des cigares sur la terrasse de l’Élysée.
Romain Pitau serait devenu un héros national
Le président voit la vie en rose, et s’est débarrassé de ses adversaires potentiels. Il se méfiait de Jean-Claude Plessis, écarté de Sochaux à l’arrivée des Qataris. Mais ces derniers lui ont filé un bout de désert, un keffieh et quelques courtisans pour jouer au monarque loin de la France. Ce qui semble pleinement le satisfaire, une semaine sur deux. Sur le terrain, rien n’échappe aux Sochaliens. Romain Pitau est logiquement sélectionné pour le Mondial en Afrique du Sud et est donc présent à Knysna le 20 juin 2010, mais arrive sur le terrain d’entraînement en retard. En effet, depuis son arrivée chez les Bleus, il est devenu le bouc émissaire de Ribéry et des autres caïds des Bleus. Du coup, Pitau est obligé d’aller au stade en courant tous les jours pour faire marrer les autres. Il n’est donc pas dans le bus de la honte, débarque en sueur à l’entraînement au moment où le communiqué a déjà été lu, et commence à taper dans le ballon seul sans comprendre que quelque chose de plus grand que lui vient d’arriver. Encore assommés par la scène qu’ils viennent de filmer, les journalistes tournent leurs caméras vers Pitau qui devient instantanément une icône. Amour du maillot, respect du drapeau, refus de céder à l’effet de groupe, tous les prétextes sont bons pour le porter en triomphe. Confus et absolument pas préparé à ce nouveau statut, Romain Pitau se contente de répéter qu’il a tout appris de Michaël Isabey.
Michel Platini aurait battu Nicolas Sarkozy en 2012
Tout a l’air d’aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais tout le monde ne profite pas de cette époque bénie. Car à l’époque où il manœuvrait pour que le Qatar achète le PSG, Nicolas Sarkozy avait assuré à Al Thani que Platini voterait pour eux lors de l’attribution de la Coupe du monde 2022. Une promesse oubliée depuis que l’émir a préféré s’offrir Peugeot en plus du club. Alors, le jour du scrutin, en décembre 2010, Platini vote pour les USA en invitant son réseau à faire de même. God bless America, l’Oncle Sam récupère le Mondial et les Qataris tirent la gueule. Le monde apprend dans la foulée que l’émirat avait versé des pots-de-vin dégoûtants à plusieurs électeurs de la FIFA pour l’occasion, et Michel Platini échappe à la tourmente en passant pour le chevalier blanc qui a dit non. Digne successeur de Wallen et du général de Gaulle, Platini surfe à mort sur sa vague et devient complètement démesuré dans ses ambitions. Lui qui imaginait se présenter pour un troisième mandat de président de l’UEFA, avant de viser la présidence de la FIFA, le voilà qui se rêve maintenant président d’un pays. La France ne voit rien venir : Platini bénéficie d’un effet-miroir parfait face à un Sarkozy accusé d’être l’ami du Qatar, et l’ancien numéro 10 des Bleus est bon pour déménager au Château. Sarkozy, lui, n’a plus qu’à aller se consoler en allant mater l’Entente Paris Saint-Gratien galérer en Ligue 2 dans la tribune officielle d’un Parc des Princes devenu trop grand pour lui.
Par Alexandre Doskov