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Sébastien De Maio : «  Je suis fier d’avoir galéré »

Propos recueillis par Martin Grimberghs
Sébastien De Maio : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span> Je suis fier d&rsquo;avoir galéré<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Sébastien De Maio est né à Paris, a été formé à Auxerre, puis à Nancy, mais n'a jamais connu la Ligue 1. Il a aussi mis pas mal de temps avant de connaître la Serie A. Il y a trois ans, l'homme évoluait encore en quatrième division italienne à Celano. Aujourd'hui, De Maio fait figure d'incontournable dans la défense à trois de Gasperini au Genoa. Retour sur la carrière d'un homme qui a un peu plus galéré que les autres pour réussir.

Pourquoi quitte-t-on Nancy pour Brescia en Serie B quand on a 19 ans et encore aucune expérience ?

En France, c’est un peu dur pour les jeunes parce qu’il y en a beaucoup, et beaucoup de très bons joueurs. Et Nancy m’avait clairement fait comprendre qu’ils n’étaient pas trop intéressés pour me faire signer pro. J’ai eu l’occasion de venir en Italie grâce à un agent suisse qui m’a permis de faire un stage à Brescia. À partir de là, tout s’est fait assez vite. À l’époque, il me restait encore un an de contrat avec Nancy, je leur ai donc demandé l’autorisation de partir en test une semaine, ils m’ont laissé partir, et quelques jours après, je signais mon contrat.

La première saison, tu n’as joué qu’un match. À ce moment-là, tu n’as jamais regretté d’être parti loin de ta famille, de tes amis ?

C’était un an d’apprentissage obligatoire pour un jeune qui débarque en Italie sans parler la langue ni rien. L’italien, c’est une langue pas si facile, même quand on a des racines italiennes comme moi. Et puis, il fallait que je me fasse au jeu italien. Quelque chose de beaucoup plus tactique qu’en France. Finalement, je n’ai jamais regretté mon choix parce que je savais d’emblée que je ne serais pas titulaire. Il faut aussi dire que j’ai eu la chance de tomber dans un groupe où il y avait aussi deux autres francophones. Le Suisse Fabrizio Zambrella et le Belge Cédric Roussel arrivé en janvier. On habitait dans le même immeuble, on était donc souvent ensemble. Fabrizio était là depuis plusieurs saisons, donc il m’a un peu servi de grand frère. Après, un autre francophone est arrivé, Omar El Kaddouri (international marocain qui évolue aujourd’hui au Torino, ndlr). Avec lui, on s’est directement super bien entendus. Au début, on passait nos journées ensemble. On allait à l’entraînement ensemble parce qu’il n’avait pas encore le permis, on revenait ensemble, on passait nos soirées chez l’un ou chez l’autre pour aller jouer à la console ou manger un bout. Après, ça s’est calmé parce que je me suis fiancé. Mais aujourd’hui encore, on s’appelle tous les jours. Je l’ai parfois plus souvent au téléphone que ma propre femme, c’est dire (rires).

Après près de dix ans en Italie, tu as noué des liens avec d’autres expatriés français ?

Pas trop, non. Je connais Thomas Heurtaux de l’Udinese, mais sinon, j’avoue que je n’en côtoie pas tant que ça. On se connaît tous de vue et on se dit bonjour quand on se voit, rien de plus, rien de moins.

Comme souvent en Italie quand on ne joue pas, on est prêté. Ce fut aussi ton cas. Pendant deux ans, tu défends les couleurs de Celano dans les Abruzzes.

Je n’étais pas très motivé parce que je ne savais pas où j’allais, je ne savais même pas où c’était sur la carte. Et puis, le club était quand même en 4e division. C’est Brescia qui m’a proposé le prêt pour voir comment je me débrouillais un échelon plus bas. Moi, j’ai longtemps hésité parce que c’était un gros pas en arrière. Même deux en fait. J’ai pris le temps de réfléchir une bonne semaine. Le temps d’aller faire un petit test à Anvers. Là-bas, cela n’a pas marché, je ne sais même plus pourquoi, mais à mon retour, j’ai décidé de signer à Celano. Je me suis laissé aller, au début ce n’était pas facile, mais en fait ça s’est super bien passé, et je suis revenu à Brescia pour le retour du club en Serie A.

Et là, en janvier 2011, six mois après ton retour, tu es à nouveau prêté. À Frosinone cette fois, où tu vas connaître la descente de Serie B à Serie C. C’est le pire moment de ta carrière ?

De nature, je suis quelqu’un de très positif. À ce moment-là, l’essentiel pour moi, c’était de jouer. Le club était dernier de deuxième division à mon arrivée, je savais donc dans quoi je m’engageais. Là, c’est mon agent qui m’a conseillé d’y aller parce que le club me voulait. C’était un challenge, mais par contre, ça s’est mal terminé puisqu’on est finalement descendus. Moi, j’avais eu le temps de jeu recherché, c’était l’essentiel, mais les supporters, eux, étaient très énervés. On ne vit jamais bien une descente. Pour moi aussi, ce n’était pas une bonne nouvelle. Une descente, ça reste une tache noire pour toute une carrière sur un CV. Mais bon, ce n’est pas la fin du monde non plus, la vie continue, même après une relégation.

Quand on regarde tes stats’, on se rend compte que tu as déjà marqué 12 buts depuis que tu es en Italie. Pourtant, quand on tape ton nom sur YouTube, une des premières vidéos sur laquelle on tombe, c’est une vilaine frappe croquée avec Brescia contre Citadella en mars 2013. Tu t’es jamais débrouillé pour la faire retirer de la toile ?

Tiens, c’est bizarre, je ne vois pas de quoi tu parles. Il faut dire que j’ai joué beaucoup contre Citadella… Une frappe vraiment ratée, tu dis ? Ah si, je vois alors (rires). Mais je ne savais même pas qu’il y avait une vidéo de ça sur YouTube ! Je vais devoir aller voir ça rapidement.


On parle souvent de la nébuleuse italienne, des effectifs pléthoriques et des prêts qui vont avec, des joueurs en copropriété… Toi, personnellement, tu as toujours eu ton mot à dire concernant ton avenir ?

Moi, en tant que joueur, j’ai toujours eu le dernier mot. On n’a même jamais dû me forcer la main. C’est toujours parti d’une réelle envie de jouer au foot. Rester sur le banc, ce n’est pas mon truc. Pour chacun de mes prêts, c’est à moi qu’est revenue la décision finale. Brescia n’a jamais choisi pour moi.

L’an dernier, pour ta première saison au Genoa, tu as dû te battre pour intégrer les plans de Gasperini. Et puis, malgré l’arrivée de Nicolas Burdisso en janvier 2014, tu as terminé l’année en force. Cette saison, tu restes un titulaire inamovible. T’as mis le temps, mais là, tu considères que t’es à ta vraie place ?

Je suis quelqu’un qui regarde beaucoup les autres et qui sait attendre son tour. C’est ce que j’ai fait l’année dernière. J’ai beaucoup observé les joueurs qui étaient devant moi et j’ai continué à travailler comme j’ai toujours fait. Et quand l’entraîneur a fait appel à moi, j’ai tâché de répondre présent. Je pense que j’ai plutôt bien fait ça. Gasperini privilégie une défense à trois quasi systématiquement.

On a parfois l’impression qu’au-delà de l’efficacité, jouer à trois derrière, c’est un peu devenu une mode en Italie. Conte le faisait à la Juve, Ventura avec le Torino, Iachini à Palerme…

C’est vrai, beaucoup d’équipes jouent à trois derrière. Mais Gasperini, il ne faut pas oublier que c’est le premier à l’avoir fait. En fait, pour moi, ça ne change pas grand-chose. C’est un peu différent dans le sens où, à quatre derrière, c’est plus un marquage en zone, et cela demande plus d’attention. À trois, on peut se permettre de presser plus haut. C’est différent, mais moi personnellement, ça ne me dérange pas de passer de l’un à l’autre. Je suis habitué à jouer à droite, au milieu ou à gauche du trident. C’est Gasperini qui m’a habitué à ça.

Tu joues ta neuvième saison en Italie cette année. Après autant de temps, t’en as encore quelque chose à faire de la Ligue 1 ?

Bien sûr, moi je suis un fan du Paris Saint-Germain. J’ai toujours supporté Paris et je les supporterai toujours. C’est la ville où je suis né, c’est le premier club que j’ai supporté. Peu importe qui peut en être le président, je resterai un supporter du PSG à vie.

Aujourd’hui, quand tu regardes ton parcours, tu te dis quoi ?

On va dire que j’ai pris mon temps, mais je suis très content de mon parcours. Il a parfois été difficile, et c’est vrai que je n’ai pas eu tout, tout de suite, mais je me suis battu pour avoir ce que j’ai maintenant. Je suis fier de ça, d’avoir galéré, mais d’y être arrivé. Je suis surtout content de ce que j’ai fait, mais il ne faut pas que je m’arrête là pour autant. Il faut que je continue à me battre.
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Propos recueillis par Martin Grimberghs

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