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- Salzbourg-Marseille (2-1 ap)
Salzbourg, à demain ?
Sorti avec les honneurs, le RB Salzbourg a réalisé la meilleure performance européenne de sa jeune histoire. Son élimination sur le fil face à l’Olympique de Marseille se résume en un mot : inexpérience. Car s’il n’est pas impossible de sortir des grands clubs, il faut des nerfs d’acier pour mener une telle aventure à son terme, ce que les garçons de Marco Rose n’ont pas (encore).
« Wir sind nur ein Ausbildungsverein ? » Nous sommes juste une équipe formatrice ? Piqués au vif, les ultras du RB – pardon, le jeudi soir on dit FC – Salzbourg ont déployé une banderole pour démonter le mythe qui voudrait que leur club se résume à une pépinière de talents formés dans un championnat moyen avant d’être vendus à des clubs du Big 5. Après dix ans et dix tentatives ratées pour se qualifier en Ligue des champions, le club autrichien a réalisé la meilleure performance de sa jeune histoire. Un an après avoir remporté la Youth League, Marco Rose a prouvé qu’il était un grand entraîneur en emmenant jusqu’en demi-finale de la C3 des gamins qu’il biberonne parfois depuis son arrivée sur les bords de la Salzach en 2013.
L’autre Champions Project
Peu habitués à jouer devant une telle ferveur, les joueurs salzbourgeois ont débarqué dans un stade plein. Une performance atteinte pour la troisième fois seulement depuis la construction de la Red Bull Arena. La troisième fois d’affilée, après la réception de Dortmund, puis de la Lazio. D’ordinaire, l’enceinte sonne creux. Il faut dire que des adversaires comme Rheindorf-Altach ou Sankt-Pölten font nettement moins rêver que n’importe quelle équipe du dernier carré de la Coupe d’Europe. Mais être un grand public ne s’improvise pas. Avant la rencontre, le tifo déployé faisait peine à voir, les cris étaient remplacés par des taps-taps distribués par la direction, les maillots de l’équipe nationale autrichienne étaient presque aussi nombreux que ceux du RBS et surtout, les sifflets qui ont accompagné le craquage marseillais au coup d’envoi en disaient long. Le manque d’expérience européenne ne s’est pas vu que sur le terrain.
Samassekou-Haidara, la paire qui fait rêver le Mali
Et pourtant, Red Bull, on le sait, n’a pas vocation à être aimé. Sa recette dans le monde du football repose sur deux piliers : la détection et la formation. La campagne qui s’achève en a été la meilleure publicité possible. L’Europe entière a découvert des noms qu’elle retrouvera bientôt en C1, à commencer par la paire Samassekou-Haidara, sur lesquels chaque Malien peut déjà mettre une pièce en vue de la prochaine CAN. Si en attaque, des cadres comme Munas Dabbur et Fredrik Gulbrandsen ont pêché face à Yohann Pelé – emportés par la fougue de leur jeunesse – en défense, Duje Ćaleta-Car a encore prouvé qu’il était une valeur sûre de la formation estampillée taureau rouge, au même titre que Xaver Schlager au milieu de terrain. Sur les ailes, Valon Berisha et Stefan Lainer ponctuent une saison enflammée, en se payant même le luxe d’avoir écœuré le Borussia Dortmund et la Lazio. Ajoutez à ces jeunes des garçons d’expérience comme Alexander Walke et Andreas Ulmer pour lier la sauce et vous obtenez un cocktail savoureux, emmené par un flamboyant Marco Rose dans le rôle de l’éleveur de champions.
Mais la principale faille du projet Red Bull, c’est justement son manque de vision à long terme dans le bain professionnel. Nul doute que les noms cités ne s’éterniseront pas longtemps au pied des Alpes, à commencer par leur entraîneur, déjà annoncé avec insistance en Bundesliga la saison prochaine. Or, malgré le manque d’expérience qui a coûté à Salzbourg sa qualification, sa réussite européenne cette saison tenait justement à la cohésion du groupe construit par l’Allemand. Un être vous manque et tout est dépeuplé, dit le proverbe. Pour les rares vrais fans du RB Salzbourg, on commence déjà à espérer que la prochaine traversée du désert ne dure pas dix ans.
Par Julien Duez