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Sally Sarr : « En Suisse, le niveau évolue chaque année »

Propos recueillis par Maxime Delcourt
Sally Sarr : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>En Suisse, le niveau évolue chaque année<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Après un passage éclair en Grèce en 2006, Sally Sarr a posé ses bagages en Suisse depuis 2009. Représenté par l'agence Atalentis, le défenseur français, passé par le centre de formation du Havre, a profité d'une matinée sans entraînement pour revenir sur son parcours, mis à mal par quelques erreurs de jeunesse.

Peux-tu revenir sur tes premières années au Havre. Comment s’est passée ta formation ?

Que ce soit avec les moins de 16 ans, les moins de 18 ans ou avec la CFA, tout s’est toujours très bien passé. À chaque fin de saison, il y avait l’élection des meilleurs joueurs et j’étais toujours dans les trois premiers. Tout était donc parfait. Sauf que ça m’a rendu trop confiant. J’étais persuadé que j’allais finir professionnel et j’ai fini par me relâcher. Lors de ma dernière saison, j’étais beaucoup moins sérieux, j’étais toujours avec mes amis, souvent en retard à l’entraînement et, parfois, je n’y allais même pas. Ça a fini par me tuer.

Qu’est-ce qui s’est passé du coup ?

Un nouvel entraîneur est arrivé et j’ai fait l’erreur d’arriver treize jours en retard au moment de la reprise. Forcément, il m’a écarté et m’a conseillé d’aller parler avec le président. Conséquence : j’ai dû m’entraîner avec les moins de 18 ans, alors que ce n’était plus ma catégorie. Ce n’est que cinq mois plus tard que j’ai pu recommencer à m’entraîner avec les pros, à jouer quelques matchs et, à la fin de saison, les dirigeants m’ont proposé un contrat pro d’un an. C’était un test pour savoir si j’allais être sérieux, mais au bout de six mois, je continuais de jouer avec la CFA. Ils n’avaient pas tenu leur promesse.

Tu étais frustré de ne pas avoir ta chance en France ?

Le pire, c’est que je sais que je suis le grand responsable de cette situation. J’avais tout pour finir professionnel en France, j’avais les qualités pour ça. J’ai beaucoup repensé à cette période, à tous ces moments où j’ai privilégié les soirées entre amis plutôt que ma carrière. C’est regrettable.

Pourquoi ce choix de quitter la France pour la Grèce ?

Tout simplement parce que mon avenir était bouché en France. Je devais faire des essais à Toulouse où Thierry Uvenard, alors adjoint d’Alain Casanova, était intéressé par mon profil. Trois jours, plus tard, le directeur sportif du TFC m’appelle et me dit que les dirigeants du Havre l’ont mis en garde quant à mon manque de sérieux. Du coup, ça n’allait pas coller avec la vision du foot d’Alain Casanova. Pareil avec Vannes où l’entraîneur ne voulait pas d’un joueur ingérable. D’autant que le président du Havre avait donné une interview à France Football où il évoquait les joueurs ingérables comme Ben Arfa et m’avait inclus dedans. Je devais partir.
Je pense même être devenu un joueur exemplaire, toujours à l’heure à l’entraînement

Comment s’est déroulé ton départ ?

Mon entraîneur m’a dit qu’un club grec voulait me faire passer un essai de trois jours. J’y suis allé et ils m’ont pris. Malheureusement, les salaires n’arrivaient pas et j’ai fini par rentrer en France assez rapidement. J’étais sans club et je voyais tous mes amis à la télé. Digard, N’Zogbia, Anin, Mandanda, Mandanne, tous étaient en train de réussir leur carrière, alors que moi, je m’entraînais tout seul. À ce moment-là, toutes mes mauvaises actions me sont revenues à l’esprit. J’ai compris que j’avais déconné. J’aurais pu être comme eux, voire mieux, et j’étais sans club. Heureusement, un agent a fini par m’appeler pour me dire que le FC Wil cherchait un défenseur central et souhaitait me mettre à l’essai. J’étais latéral droit, mais c’était hors de question de laisser passer ma chance.

Tu t’es renseigné un peu avant de signer en Suisse ?

Non, je ne connaissais rien de ce championnat. Je voulais simplement rebondir et jouer au football. Depuis tout petit, je rêvais de ça. Il fallait que je relance ma carrière, peu importe où. Alors, certes, je ne m’étais jamais imaginé jouer en Suisse, mais je ne le regrette pas. Ça m’a complètement relancé. Je pense même être devenu un joueur exemplaire, toujours à l’heure à l’entraînement.

Justement, comment se passent les entraînements en Suisse ?

Ils sont très semblables aux entraînements allemands : beaucoup de jeu, de courses et de travail musculaire. C’est très différent de la France où l’on travaille beaucoup plus la tactique. Cela dit, depuis deux ans, on a un préparateur français au FC Lucerne. Ça permet de varier les approches.

Et le niveau en Suisse, il est comment ?

Quand je suis arrivé, je trouvais que la Suisse était bien en dessous du championnat français. Depuis, j’ai pas mal changé d’avis. Le niveau évolue chaque année et la Suisse est clairement en train de rattraper son retard. Aujourd’hui, les équipes sont solides, il y a des matchs vraiment physiques et une vraie volonté de jouer au ballon.
Si les Suisses ont la réputation d’être calmes et sérieux, ce n’est pas pour rien

Il y a une grosse rivalité entre les clubs ?

Non, pas vraiment. Tu sais, si les Suisses ont la réputation d’être calmes et sérieux, ce n’est pas pour rien. Ici, les gens véhiculent peu d’animosité.

Du coup, comment est l’ambiance dans les stades ?

Ici, les ambiances sont assez cool. À Saint-Gall, par exemple, il y a une vraie atmosphère, ça me rappelle clairement le RC Lens. À Lucerne aussi, on a un bon public derrière nous. La ville étant située en Suisse allemande, on a la chance d’évoluer dans une belle ambiance, un peu comparable à celle des stades allemands. C’est très agréable.

À titre personnel, comment est la vie là-bas ?

Honnêtement, les débuts ont été compliqués avec la langue. Je n’avais jamais entendu d’allemand. Je parlais simplement français, espagnol et anglais depuis mon passage en Grèce. Au final, ça été assez utile étant donné que l’on parle trois langues en Suisse et que les entraîneurs, en général, sont plutôt polyglottes. En dehors de ça, les gens sont plutôt bien accueillants et polis avec moi. Ça n’a donc pas été très difficile sur ce plan-là.

Tu t’y sens mieux qu’en Grèce ou en France ?

Ici, tout se passe bien. Je n’ai jamais eu de problème, je suis à l’aise et les gens m’apprécient. En plus, Lucerne est une petite ville assez familiale. C’est très différent des grosses villes comme Zurich et Lausanne où il y a beaucoup d’étrangers et de touristes. À Lucerne, c’est très convivial.
J’ai toujours l’objectif de revenir en France et de prouver aux gens qu’ils sont passés à côté d’un bon joueur

Financièrement, tu t’en sors ?

Il faut savoir qu’à Bâle ou aux Young Boys, les salaires sont presque équivalents à la France. Mais ce sont des exceptions. À Lucerne, comme à Saint-Gall ou aux Grasshopper, les salaires sont moins élevés, même si ça reste largement suffisant pour mener un bon train de vie.

Tu te verrais bien finir ta carrière au FC Lucerne ?

J’ai toujours le rêve de voyager et de voir autre chose. Là, ça fait quatre ans que je suis à Lucerne et il me reste encore deux ans de contrat. On verra. De toute manière, j’ai toujours l’objectif de revenir en France et de prouver aux gens qu’ils sont passés à côté d’un bon joueur.

À 29 ans, as-tu encore de grandes ambitions ?

Ces deux dernières années, j’étais affaibli par quelques blessures, mais je me sens parfaitement en forme à présent. La saison ne va pas tarder à reprendre et je vais tout donner pour l’équipe. J’ai bien conscience que c’est cette saison ou jamais pour se faire remarquer.

Quelle est l’ambition du FC Lucerne pour la saison à venir ?

Chaque saison, l’objectif est le même : prendre un maximum de points et accrocher l’une des quatre premières places, qualificatives pour une Coupe d’Europe. On a échoué l’année dernière en finissant cinquième, mais l’objectif reste le même. Les dirigeants ne cherchent pas à viser plus haut. On a fini deuxièmes il y a quatre ans, mais le staff n’en fait pas une fixation. L’important, c’est vraiment de finir dans les quatre premiers et de remporter la Coupe de Suisse, un trophée très important pour le club et les supporters.
Neal Maupay, diaboliquement attachant

Propos recueillis par Maxime Delcourt

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