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Saga droits TV : s’approcherait-on enfin du dénouement ?
Après des mois et des mois de rebondissements, de déclarations de guerre, de batailles juridiques, il semblerait que la fin soit proche. Tous les acteurs, la LFP, Canal, beIN pourraient enterrer la hache de guerre et, à quelques jours de la reprise, trouver enfin une échappatoire à cette saga droits TV qui nous tient en haleine depuis septembre 2020.
La semaine dernière, lorsque le tribunal de commerce de Nanterre avait validé la rupture du contrat de sous-licence entre Canal et beIN concernant le lot 3, on imaginait tous que la série Droits TV Ligue 1 allait durer encore longtemps. Sitôt l’annonce faite, les dirigeants de la chaîne qatarie s’étaient empressés d’annoncer leur volonté d’entamer des procédures judiciaires à l’encontre de la LFP et de s’opposer au paiement des fameux 332 millions d’euros dus pour le lot 3.
Rappelons que, depuis juin dernier, plus personne ne veut payer cette somme pour la diffusion des seuls matchs du samedi 21h et du dimanche 17h. D’autant plus que, dans le même temps, Amazon, nouvel entrant dans le foot français, payera seulement 250 millions d’euros pour les 8 autres rencontres, y compris les 10 affiches les plus prestigieuses. Et pourtant, malgré ces déséquilibres, il semblerait qu’on aboutisse, assez rapidement, à un accord entre toutes les parties.
Un début de saison sur beIN Sport ?
D’abord, alors que beIN, après avoir été débouté par le tribunal de commerce, dans son litige contre Canal, avait annoncé son intention de lancer toutes les procédures possibles contre la Ligue, cette dernière, dont certains membres ont été interrogés en coulisses, se serait montrée très confiante sur les conclusions qu’apportera la justice. Elle reste persuadée qu’elle remportera toutes les actions portées par beIN, précisément parce que toutes les précédentes, du tribunal de commerce à l’autorité de la concurrence, lui ont déjà donné raison. Rajoutons même à cela, pour confirmer cette tendance, que l’Élysée, qui suit de très près le dossier, est confiant et pense que tout sera réglé dans les prochaines semaines, voire les prochains jours. « Je ne suis pas inquiet pour l’instant et je ne crois pas à une intervention politique.[…]La justice saura trouver une échappatoire positive pour l’ensemble », nous ont répété plusieurs sources proches du palais.
Enfin, concernant la diffusion en elle-même, Arnaud Rouger, le directeur général de la LFP, a assuré aux membres du conseil d’administration de la LFP, dans un mail envoyé la semaine dernière, que les matchs seront visibles à la télévision, quoi qu’il arrive. D’abord parce qu’il existe une obligation contractuelle à les produire et les diffuser, pour l’ayant-droit. Puis, avec l’assignation en référé déposée lundi par la Ligue contre beIN, cette dernière se retrouve officiellement détentrice du lot et est obligée à payer, à respecter son contrat. Autrement dit, « l’argent sera versé et les matchs seront diffusés ». Il semblerait donc que, le temps de la procédure judiciaire, qui pourrait durer jusqu’à la mi-août, les matchs de la première, voire de la deuxième journée seront sur la chaîne qatarie. Avant que le lot 3 ne revienne sur Canal ? C’est en tout cas ce qu’il se dit.
Et la suite ? Retour du foot sur la chaîne cryptée ?
Alors que, médiatiquement, de nombreuses procédures sont en cours et font croire à une ambiance mortifère et anxiogène entre Canal, beIN et la LFP, tout le monde discute en interne et tente d’aboutir à une fin heureuse. RMC Sport et son journaliste Arthur Perrot citent même une source prédisant Canal comme futur diffuseur officiel. Que va-t-il se passer exactement ?
En fait, puisque beIN ne veut pas payer, mais qu’il s’est peut-être rendu compte qu’une remise à plat de la valeur du lot 3 ne sera pas actée et qu’aucun nouvel appel d’offres ne pourra être réalisé, il est prêt à trouver un terrain d’entente. Comme il sait que Canal a tous les arguments juridiques pour ne plus payer et ne plus diffuser, actés par le tribunal de commerce de Nanterre, il ne lui resterait qu’une cartouche dans sa besace : l’accord de distribution qui lie les deux chaînes depuis 2016, estimé à plus de 200 millions d’euros par an.
En gros, bien que rien ne soit encore officiel, Canal accepterait de payer à beIN les 332 millions d’euros demandés et exigés par la LFP en échange de réduire la facture de cet accord de distribution. Et cela signifierait ensuite la fin de toutes les procédures judiciaires, de tous les litiges, de toutes les démarches administratives, dans le seul intérêt du football français, des clubs et, surtout, des supporters. Cela peut se passer de cette façon, ou alors on repart encore sur une saison compliquée et inquiétante…
Par Pierre Rondeau