T’es souvent sujet aux pépins physiques ?
J’ai eu des pépins physiques quand j’étais petit, surtout à cause de gros problèmes de dos. J’ai eu une double fracture de la cinquième vertèbre lombaire, sur des mouvements bidons, genre une frappe dans le vide. Mais c’était il y a longtemps, sinon rien de bien méchant. Et là, c’est en gros ma deuxième blessure depuis que je joue au foot. Ça devrait aller.
Bon, elle tombe un peu mal, quand même, cette blessure, quand tu vois que Lyon arrive à la Beaujoire…
Ouais, surtout que c’était un match de coupe, là où j’ai un peu plus de chances de jouer, même si c’est Lyon en face et que le coach alignera sans doute la grosse team. Mais un peu frustré, ouais. Lyon, c’est une équipe que mes parents apprécient beaucoup donc c’est toujours particulier, je suis né dans la région lyonnaise. Je vis dans une maison où tout le monde supporte ou a supporté Lyon. Avant qu’on ne déménage sur Nantes, on n’avait tout simplement aucune raison de supporter Nantes. Mais quand j’étais petit, je vibrais plus pour Lyon que pour Nantes. Après, ça a beaucoup changé, j’allais tout le temps au stade et j’ai appris à aimer ce club. Je me suis vraiment détaché des matchs de Lyon quand je suis rentré au centre de formation, en U17, j’avais 16 ans. Faut savoir que quand je rentre à la maison, il y a une pancarte où est inscrit « Vous êtes chez un supporter lyonnais » , au niveau de l’entrée. Maintenant, mes parents sont un peu obligés d’être un peu plus pour Nantes, mais un match nul les arrangerait ce soir, et que ça aille aux penaltys.
Tu vis encore chez tes parents, c’est bien ça ?
Oui, mais je pense que je vais prendre mon envol l’année prochaine. Beaucoup me disent « T’es chez tes parents, restes-y, t’es bien » , mais j’ai envie de devenir un peu plus autonome. Si jamais dans quelques années, je suis amené à partir et que je n’ai jamais quitté le cocon familial, ça risque d’être compliqué et je préfère m’y habituer. Et puis, c’est un bon compromis de prendre un appart’ à Nantes : je reste près de mes parents. Je pense que c’est maintenant ou jamais. Je suis jeune, et j’ai surtout envie de découvrir ce monde-là, le monde seul, dans un appartement, et surtout que je vais peut-être me mettre avec ma copine, on sait pas encore, donc voilà… On verra bien.
Tu sais cuisiner ?
Ben… j’ai fait un velouté de carottes il y a un mois. Bon, je sais faire des trucs hein, des pâtes, des quiches, des steaks, des trucs basiques, mais la cuisine raffinée, c’est pas trop mon truc encore, mais je vais progresser. Ma mère, elle m’apprend pas trop, mais en fait, pour être honnête, je ne sais pas si j’ai envie d’apprendre. J’aurais envie de m’y mettre, mais c’est super contraignant. Je me suis rendu compte de ça quand je voulais faire quelques plats : c’est mangé bien plus rapidement que le temps de préparation, donc c’est frustrant. Pourtant, c’est ce qui m’attend si je me mets en appartement. Mais bon, si j’emménage avec ma copine… j’espère qu’elle me fera un peu à manger (rires).
Au contraire de beaucoup de jeunes du centre, tu étais externe et pas pensionnaire. T’as vécu une autre jeunesse qu’eux ou pas ?
Je sentais une différence oui, parce que les autres m’enviaient. Ce sont des bons souvenirs pour eux, mais ce sont des années un peu galères, t’es au centre, t’as pas trop de libertés, tu penses qu’au foot. On sait qu’à cet âge-là, bah… y a pas trop de pitié entre les mecs, c’est dur hein… J’ai eu le privilège d’être chez mes parents et j’en suis très heureux. Mais je n’étais pas pour autant moins intégré que les autres. Après, clairement, être externe, ça m’a permis de continuer de voir mes copains, de m’ouvrir l’esprit, de discuter avec mes parents dès que j’en avais envie, de faire ce que je voulais et je pense que ça, c’est vachement important plutôt que d’être tout le temps dans le monde du foot.
T’as passé des moments dans la Tribune Loire quand t’étais plus jeune, non ?
Ouais, j’y allais tout le temps, avec mes frangins. J’allais chanter en plein milieu de cette tribune, déjà une belle tribune à l’époque. J’en garde des super souvenirs, notamment le maintien en Ligue 1. Franchement, c’était beau. On a envahi le stade, tous sur la pelouse, les joueurs sur un podium. J’avais eu pas mal de sensations à ce moment-là. J’ai suivi un peu tout le monde, j’étais encore jeune hein, j’avais 11 ans, je suis resté avec mon frère. Mais rien que fouler la pelouse, c’était fort. Je voulais juste choper un tee-shirt, un maillot, une pompe, un truc quoi. Mais y avait un vieux devant moi, un peu grand… J’allais choper la chaussure de Das Neves quand il saute devant moi, et il l’a eue. Je me voyais déjà avec la chaussure de Das Neves, une Predator, je m’en souviens très bien.
Et je me souviens d’un Nantes-Istres, en Ligue 2, avec 8000 personnes
Cela te donne aujourd’hui un statut de chouchou des tribunes, tu penses ?
Même si c’est bien différent, on pourrait prendre l’exemple de Bosetti à Nice, qui lui va encore dans la tribune. Après, il faut savoir que c’est une nouvelle génération qui est arrivée dans cette tribune et je ne suis pas sûr que la plupart des gens savent que j’allais dans leur tribune Loire plus jeune et que je chantais pour ce club. Après, c’est toujours particulier quand t’as un jeune qui fait ses classes au club, dès les débutants et que finalement il signe pro dans ce club. Je pense que le public a une attention particulière pour ce joueur. Après, chouchou ?… Je sais pas, mais je dois partir avec un petit avantage.
Tu reconnais des mecs en tribune, du coup, quand tu t’échauffes, non ?
Ah bah ouais. J’ai plein de potes dans cette tribune, mais je regarde pas, j’essaie de me concentrer. Mais quand je revois les matchs, des photos des tribunes, j’en reconnais pas mal ouais. Quand je m’échauffe, y en a qui essaie de me vanner tout ça, mais je fais abstraction. C’est mon job maintenant. C’est un moment important l’échauffement, faut que tu te mettes dans le rythme. C’est toujours compliqué de rentrer dans un match.
Tu l’as vu évoluer comment ce club-là, vu que tu y es depuis les débutants ?
Quand je suis arrivé, en 2000, je savais juste que c’était une époque où tout allait bien, on était champions en 2001, y avait beaucoup de moyens au club. On sentait vraiment une bonne ambiance au club. Après, même si j’étais jeune, j’ai vraiment ressenti une crise, parce que clairement, c’était une crise, quand le club est descendu, quand le club n’arrivait pas à remonter. En tant que supporters, d’habitude, le stade était toujours plein. Et je me souviens d’un Nantes-Istres, en Ligue 2, avec 8000 personnes et ça m’avait choqué parce qu’il n’y avait pas du tout la même joie, la même euphorie pour le club, on lâchait le club petit à petit, et là, je me suis dit « Oula, mais qu’est-ce qu’il se passe ? » Il y a eu un changement aussi au niveau du centre de formation, y a eu un remaniement complet des troupes. Beaucoup d’éducateurs sont partis et le président Kita a essayé d’amener une nouvelle vague de personnes au club.
T’avais peur que le club ne fasse plus appel aux jeunes ?
C’est vrai qu’à un moment, nous les jeunes, et les éducateurs de jeunes, on avait un peu peur que le club ne fasse que recruter et ne nous fasse plus confiance. Mais les éducateurs gardaient les mêmes principes : l’éducation par le foot, la pratique du beau jeu même si le jeu à la nantaise a complètement disparu, mais on était évalué là-dessus, sur le travail technique, de passes, le jouer ensemble et c’est ça aussi qui fait que maintenant des joueurs du centre de formation sont capables petit à petit de jouer dans cette équipe de Nantes.
L’interdiction de recrutement, c’était une bénédiction pour les jeunes, du coup ?
Clairement, mais c’était aussi à double tranchant. Vu que le club ne pouvait pas recruter, ça nous a avantagé, mais il y a aussi beaucoup de joueurs qui ont prolongé et qui n’auraient peut-être pas prolongé si le club n’avait pas été interdit de recruter. Mais finalement, c’était sans doute une bonne chose pour laisser une place aux jeunes. Je pense à Bammou, ou à N’Koudou par exemple.
Niveau études, tu donnes quoi ?
J’ai eu mon BAC ES, avec mention bien. Je pourrai être journaliste chez So Foot, hein ! L’épreuve éco, j’ai parlé de Marx sur le sujet de la reproduction sociale. J’avais eu 15 en éco. C’est le 18 en maths qui m’a fait du bien. En histoire, je suis une vraie bille, j’ai eu 5. En philo, j’avais eu 14 et de bonnes notes en langues et un bon bac de français. Avec le sport, j’avais déjà 80 points d’avance, donc j’étais plutôt serein.
Mes modèles : Verratti et Luka Modrić
C’était une chance pour toi, l’école au centre de formation
Franchement, j’ai connu les deux systèmes scolaires. Jusqu’en seconde, j’étais dans un lycée normal, parce que j’étais externe. Après, ils m’ont proposé le centre, et franchement, c’est exceptionnel. On est 6-7 par classe, on a une proximité avec les profs, on peut avoir des cours particuliers à n’importe quel moment, ça ne va pas bloquer le groupe si quelqu’un ne comprend pas. Alors qu’avec 30-35 élèves, c’est bien plus compliqué. On progresse bien plus vite.
Paraît que ton modèle actuel, c’est Verratti. Il y en avait sans doute un autre avant lui, non ? Das Neves ?
Non non, Luka Modrić. Modrić et Verratti, à chaque fois que je regarde un match de Paris ou du Real, je passe plus de temps à regarder leurs déplacements et leurs gestes que le match en lui-même. Techniquement, dans la vision du jeu, c’est la classe internationale. Ils ont toutes les surfaces du pied, une précision hors du commun et ce sont des milieux de terrain modernes qui vont vers l’avant.
Après, on parle souvent de milieux de terrain modernes quand ils arrivent à marquer des buts…
Oui, c’est vrai, mais Verratti, il commence à marquer. Ça vient, ça vient. Milieu relayeur, ça me convient bien ça. J’aimerais bien jouer comme lui. Modrić, ça joue un peu plus haut, mais ils sont un peu dans le même registre. Quand j’étais plus jeune, je regardais un peu Éric Carrière, mais pour être honnête, j’avais jamais pensé passer pro hein. Donc je regardais les matchs plus qu’un joueur en particulier. Mais Éric Carrière, il m’avait bien impressionné.
Si tu n’avais pas été footeux, t’aurais fait quoi, au fait ?
Quand j’étais petit, je disais que je voulais faire soit pilote d’avion, soit footballeur. Et les gens rigolaient sur les deux propositions. Et finalement, j’y ai pas trop réfléchi, je pensais à une école de commerce, mais je ne savais pas trop quoi faire. Le foot pro, ça m’a quand même enlevé une épine du pied.
Tu l’as senti venir, que ça allait le faire dans le foot ?
On avait fait une très bonne saison en U19, et le club a commencé à porter une attention particulière aux joueurs de 94, et là, on a compris qu’on avait un coup à jouer. On a alors joué en CFA, et le club a décidé de nous faire signer. J’ai compris il y a un an qu’il y avait un truc à faire. J’avais mon bac, j’avais fait une année BTS en management des unités commerciales et j’ai arrêté ensuite pour jouer le coup du foot à fond.
Tu l’aimes bien, cette ville de Nantes ?
Nantes, c’est une ville pas super grande, et j’aime bien ça. J’ai pas mal de repères du coup. Les restaurants sont sympas, le Jardin des Plantes aussi, le parc de Procé pour se retrouver tranquille. J’avoue que je connais pas beaucoup de bonnes adresses pour le soir, surtout qu’on n’a pas trop trop le droit de sortir…. J’aime beaucoup aller au cinéma, au bowling, parfois au casino avec mes potes le dimanche soir, pour rigoler, sans mettre beaucoup d’argent. Je fais un peu de karting, mais le moins possible, parce qu’on peut se blesser. Y a le Tableau Gourmand que j’aime beaucoup, jusqu’à 15 heures, pour aller bruncher avec ma copine. J’aime beaucoup y aller avec ma copine. Et le couscous la Koutoubia, chez quelqu’un que je connais. Très bon.
Quel est le dernier film que t’as vu ?
Je vais pas te dire le dernier, vous allez vous moquer, mais l’avant-dernier c’était Invincibles, avec un collègue. Mes parents sont allés voir Whiplash et ils ont bien aimé, ça leur avait fait penser à un sportif de haut niveau, un film super ils m’ont dit.
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