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Robin Leproux : « Je joue toujours avec mon vieux deck druide »
Connu dans le monde du football pour avoir présidé le PSG de 2009 à 2011, Robin Leproux a toujours eu une seconde passion en parallèle du ballon rond : les jeux vidéo. De World of Warcraft à Hearthstone en passant par les innombrables autres jeux testés pour son activité professionnelle, l'ancien président de la station de radio RTL dévoile son profil de gamer.
Vous jouez aujourd’hui beaucoup au jeu Hearthstone, un jeu de cartes à collectionner en ligne. Quand est-ce que vous avez découvert le jeu ? Déjà, je jouais à EverQuest avant de jouer à la beta de World of Warcraft. C’est par cette filiale des jeux Blizzard, sans oublier Starcraft ou Diablo, que j’ai finalement découvert Hearthstone au lancement du jeu. Son format de tour par tour, de parties courtes m’a séduit. C’est très inspiré des cartes Magic que je collectionnais et que j’allais acheter ou échanger près de Jussieu, rue des écoles à Paris.
C’est peut-être la principale différence entre le format d’Hearthstone et les autres jeux Blizzard tels que WoW ou Starcraft : la durée d’une partie. Le plus grand défaut que peut avoir un jeu est d’être chronophage. Après, même si une partie se termine rapidement sur Hearthstone, il va y avoir la tentation d’en faire une deuxième, une troisième etc. Moi, le jeu me plaît car il n’est pas frénétique. C’est du tour par tour, ce qui convient à quelqu’un de mon âge si j’ose dire. (Rires.) Cela fait maintenant pas mal d’années que je travaille autour du jeu vidéo, que je teste pleins de jeux comme Fortnite, League of Legends… Les « Battle Royale » par exemple, c’est extrêmement frénétique et hystérisant. Il n’y a qu’à voir les streamers qui jouent à Fortnite : on a l’impression qu’ils ont six mains et quatre-vingts doigts ! Ils jouent à 800 à l’heure. Moi, ça ne me détend pas, et les deux jeux où j’ai un certain niveau sont WoW (World of Warcraft) et Hearthstone. Sur WoW, je suis un méchant casu !
Pour ceux qui ne connaissent pas, Hearthstone est un jeu où l’on collectionne des cartes pour ensuite jouer avec via des decksdématérialisés pour battre son adversaire. Vous avez un deckque vous appréciez en ce moment ? Comme vous le savez, c’est un jeu où l’on constitue son deckau fur et à mesure. C’est aussi là où réside le génie de Blizzard et de leur business-modèle, car Hearthstoneest une machine à cash considérable. Des extensions et des nouvelles cartes sortent en permanence pour permettre aux joueurs de constituer des decksde plus en plus élaborés. Moi, je ne suis pas tombé dans cette course à l’armement et je joue toujours avec mon vieux deckdruide. Au classement, je stagne au niveau 7 platine, ce qui est correct sans être formidable. Mais aussi parce que je refuse de me pencher sur les dernières cartes et de regarder sur Internet toute la journée quels sont les meilleurs decksou les plus performants du moment. Mais il n’y a qu’en faisant cela que l’on atteint les meilleurs niveaux.
Comment arrivez-vous à vous en tirer sans acheter de cartes ?On gagne des cartes gratuitement en jouant. Mon deck, paradoxalement, surprend des adversaires. Il a presque un an et demi. Dès les premières cartes, certains ne savent pas si c’est du lard ou du cochon et j’aime bien avoir un deckrapide. Certains préfèrent patienter et gagner sur la fin, mais il n’y a qu’en surprenant mes adversaires que je peux gagner de mon côté.
Ça ne vous frustre pas de sentir que vous pouvez aller plus haut et que, finalement, c’est votre refus d’acheter des cartes qui vous en empêche ?Vous avez répondu à la question. Je suis conscient que c’est une histoire d’argent et aussi d’un peu de temps, mais ce n’est pas ce que je recherche aujourd’hui sur Hearthstone. Cela reste un jeu où je joue quand j’ai cinq minutes, mais mon jeu de prédilection reste World of Warcraft.
Quels sont vos souvenirs de vos débuts sur WoW? Cela fait maintenant 15-16 ans que le jeu est sorti et que j’y joue. Le multijoueur massivement en ligne, qui plus est de jeux de rôles, est une vraie évasion pour moi. J’ai vu arriver WoWlorsque j’étais président de RTL à l’époque. Ça a tout de suite été très immersif, c’était vraiment nouveau et j’y ai passé beaucoup de temps.
WoWreste un jeu où il faut parfois adapter son emploi du temps pour faire des actions dans le jeu. Ce n’est pas incompatible avec vos obligations professionnelles ? C’est clair que c’est un jeu qui demande de l’organisation. (Rires.) Du coup, je jouais le soir et je faisais mes raids avec ma guilde entre 21h et 00h deux fois par semaine. Concernant ma vie familiale, c’était tolérable pour mon épouse. Je joue encore parfois de cette manière-là aujourd’hui.
Vous n’avez jamais accroché à des jeux de foot comme FIFA, PES ou Football Manager ? Ça n’a rien à voir avec le fait de me sortir de ce cadre-là, car j’adore toujours autant le foot aujourd’hui. D’ailleurs, j’ai joué au foot en extérieur pendant 45 ans. Mais sur les jeux de foot, ça va rapidement faire monter la pression, que ce soit avec un ami ou en ligne. Et vu que je cherche à me détendre, ce n’est pas vraiment le genre de jeux que je recherche.
D’après nos informations, vous vous apprêtez à ouvrir à Paris un lieu entièrement dédié au jeu vidéo. Vous pouvez nous en dire davantage ?On s’apprête à ouvrir le premier lieu d’e-gaming et d’e-sport à Paris et même en Europe, puisque ce genre de lieu de 2000m² existe déjà en Asie ou en Amérique du Nord. Ce sera moitié PC et moitié consoles. Il y aura aussi des restaurants, des bars, un espace V.I.P. Il y a aussi une arène avec 150 places. Tous les soirs, il y aura des tournois retransmis sur notre chaîne Twitch. On ferait par exemple League of Legends le lundi, Fortnitele mardi, le mercredi FIFA… Il y aura des tournois de tous niveaux et on va ouvrir cela à la fin de l’année.
On a vu, par exemple au moment des World’s de LoL en novembre 2019, tout l’engouement et la forte communauté gaming française. C’est cela qui vous a poussé à vous lancer dans ce projet ?Ce qui m’a poussé à me lancer, c’est la connaissance de ces communautés. On joue beaucoup en ligne, on joue beaucoup chez soi et on adore retrouver « IRL » des gens qui jouent aux mêmes jeux que vous. Prenons l’exemple des streamers stars : aujourd’hui, il y en a un peu partout en France. L’idée sera alors d’en inviter un par jour, qui streamera toute la journée et sa communauté pourra venir le rencontrer. C’est un lieu qui sera aussi dédié aux afterworks et celles et ceux qui veulent jouer avec leurs collègues. Tout comme il peut être un point de rendez-vous pour les gens appartenant à une même communauté, à une même équipe FIFA, à une même guilde sur WoWet qui ne se connaissent pas tous dans la vraie vie. On n’est pas sur un cyber-café, mais bien sur un lieu qui sera beau et qui ne sera pas exclusivement masculin, mais aussi bien féminin, ouvert à tous les âges. Un lieu grand public, mais aussi e-sport le soir avec des tournois pouvant aller sur des niveaux très élevés.
Propos recueillis par Andrea Chazy