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Rendez le Ballon d’or 2010 à Sneijder !
Ce lundi, Wesley Sneijder a annoncé la fin de sa carrière à l’âge de 35 ans. Après Robin van Persie et Arjen Robben en fin de saison dernière, un autre monument du football néerlandais nous quitte. Un événement suffisamment important pour que le Ballon d’or 2010 lui soit octroyé une bonne fois pour toutes.
Plus de 700 matchs professionnels et une vingtaine de trophées plus tard, Wesley Sneijder a indiqué ce lundi qu’il mettait un terme à sa carrière pour intégrer le staff d’Utrecht, le club de sa ville natale. Dix ans plus tôt, le numéro dix 10 hollandais signait à l’Inter Milan après deux saisons moroses au Real Madrid. Cette année-là, Sneijder allait tout écraser, remportant un triplé historique sous les ordres de José Mourinho, juste avant de vivre une Coupe du Monde 2010 magnifique qui aurait dû lui permettre de remporter le Ballon d’or. Une distinction méritée qui aura finalement été donnée cette année-là à Lionel Messi, éliminé en quart du Mondial par l’Allemagne et en demi-finale de Ligue des Champions par l’Inter. Un scandale sans nom qui mérite d’être à nouveau relaté.
Alopécie et grandes oreilles
22 mai 2010. Stade Santiago-Bernabéu, Madrid, 35e minute. Finale de la Ligue des Champions entre le Bayern Munich et l’Inter Milan. Wesley Sneijder décale Diego Milito sur sa droite avant que l’Argentin ne crucifie le portier bavarois Hans-Jörg Butt. Trente-cinq minutes plus tard, l’attaquant milanais creuse l’écart et offre la troisième C1 de son histoire aux Nerazzurri. Avec cette victoire, l’Inter Milan de Mourinho a définitivement marché sur l’Italie et l’Europe du football, devenant au passage le premier club italien de l’histoire à réaliser le triplé Serie A, C1, Coupe d’Italie. Pour parvenir à ce succès, l’Inter Milan a pu compter sur son duo d’attaque Milito-Eto’o, mais aussi et surtout sur son délicieux meneur de jeu, Wesley Sneijder.
En Serie A, le divin chauve a marqué quatre buts et délivré quatre passes décisives cette saison-là. Un ratio relativement faible au regard de son influence sur le jeu déployé par les hommes du Special One. En revanche, en Ligue des Champions, avec six offrandes et trois pions, les statistiques de Sneijder sont beaucoup plus significatives. Encore plus si on se remémore sa prestation XXL contre le Barça de Messi en demi-finale aller. Ce soir-là, il avait égalisé avant d’offrir à Maicon le but du 2-1. Positionné en numéro 10 derrière le trio Eto’o-Pandev-Milito, et devant le duo Cambiasso-Stankovic, le Batave avait pu mettre à profit toute l’étendue de son talent : une qualité de passes hallucinante, une vista hors-norme et une compréhension du jeu sans pareil. Les mêmes ingrédients qui lui ont permis d’emmener les Pays-Bas en finale de la Coupe du Monde moins de deux mois après une saison milanaise hors du commun.
Qui a volé l’Orange ?
Alors qu’il sortait d’un Euro 2008 qui l’avait vu terminer dans l’équipe-type de la compétition, Wesley Sneijder n’a participé qu’à cinq matchs de qualifications des Pays-Bas pour la Coupe du Monde 2010. Mais une fois les pieds en Afrique du Sud, le joueur formé à l’Ajax a été tonitruant. Sous les ordres de Bert van Marwijk, c’est la paire De Jong-Van Bommel qui assure les arrières du numéro 10 hollandais afin qu’il ait toute la liberté pour abreuver le trio Kuyt-Van Persie-Robben. Sur la lancée de sa somptueuse saison en club, Sneijder va enchaîner les prestations de haute-volée et ce, dès le premier match de poule lors duquel il donne la victoire aux siens. Le match contre le Danemark est aussi sien puisqu’il délivre une passe aveugle splendide sur le but de Dirk Kuyt. En huitième, il offre une passe décisive à Robben et marque un but. En quart contre le Brésil, il remet le couvert et qualifie les Pays-Bas grâce à deux buts de la tête. Enfin, en demi-finale contre l’Uruguay, il marque son cinquième but de la Coupe du Monde, ce qui lui permettra de finir co-meilleur buteur aux côtés de David Villa, Diego Forlan et Thomas Müller.
Tout le monde connaît la suite de l’histoire. Une défaite en finale contre l’Espagne à la suite d’un match âpre et un but d’Andres Iniesta à la 116e minute de jeu. Sur la pelouse du Soccer City Stadium de Johannesburg, Wesley Sneijder n’en revient pas et laisse exploser sa peine et sa frustration. Mais cette défaite en finale de la Coupe du Monde n’est rien à côté du Ballon d’or 2010 qui lui était acquis avant que la FIFA mette la main dessus et le donne à Lionel Messi. Pourquoi l’Argentin plutôt que le Hollandais ? Pourquoi l’Argentin plutôt que ses deux compères du Barça, Xavi et Iniesta ? Jamais personne ne comprendra. Mais une chose est sûre, la quatrième place de Wesley Sneijder est un scandale tant il faut remonter loin pour trouver un joueur ayant réussi une saison aussi complète et aboutie, en club comme en sélection. Ironie du sort cette année-là, Messi est le premier joueur à obtenir deux fois de suite le Ballon d’or depuis… Marco van Basten, en 1989. Neuf ans après cette distinction manquée, il est grand temps que la FIFA rectifie cette grossière erreur, et reconnaisse enfin le talent d’un des derniers vrais numéro dix du football moderne. Pour ça, rendez-lui le Ballon d’or !
Par Maxime Renaudet