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Que deviens-tu Éder ?

Par Steven Oliveira
4 minutes
Que deviens-tu Éder ?

Quatre ans après la finale de l'Euro 2016, le Portugal retrouve la France au Stade de France pour un match de Ligue des nations. Sauf que cette fois-ci, les potes de Cristiano Ronaldo ne pourront pas compter sur leur héros : Éder. Un homme qui n'a pourtant pas cessé de planter des buts importants.

La France a quitté Éder un soir de multiplex lors de la trente-huitième et dernière journée de la saison 2016-2017 de Ligue 1. Cette nuit-là, le Portugais avait permis au LOSC de s’imposer face à Nantes (3-0) en offrant notamment un cadeau à Nicolas de Préville, auteur d’un triplé, et avait surtout ramassé un paquet de sifflets de la part des supporters canaris rangés dans leur parcage. Une surprise ? Non, l’intéressé ayant pris l’habitude de se faire pourrir aux quatre coins du pays lors des mois précédents, ce qui l’a longtemps miné, comme il l’avait expliqué à l’époque à L’Équipe : « En plus des sifflets, j’avais l’impression que j’étais arbitré différemment en début de saison. Des fautes contre moi étaient sifflées dans l’autre sens… Je ne me sentais pas toujours traité comme les autres. Au bout d’un moment, quand on siffle tout contre moi et qu’à chaque fois que tu es sanctionné, le stade applaudit, que l’on te siffle à la moindre action, ça devient lourd. J’étais préparé à ça, mais je suis un humain comme les autres. » Le crime du bonhomme est pourtant simple : avoir offert l’Euro 2016 au Portugal en inscrivant le seul but de la finale face à l’équipe de France, au stade de France. De quoi devenir un héros chez lui et un paria dans l’Hexagone.

La poupée russe

Lassé par les sifflets et alors qu’il n’entrait pas vraiment dans les plans de Marcelo Bielsa, Éderzito António Macedo Lopes a finalement décidé de mettre les voiles lors de l’été 2017 et de rejoindre le Lokomotiv Moscou en prêt. Facile ? Pas tant que ça, là aussi, comme le buteur le racontera au journaliste portugais Rui Miguel Tovar : « C’était compliqué au début. Je n’ai pas fait la pré-saison comme il se doit et je suis arrivé lors de la septième journée de championnat, le tout dans un nouveau pays. Avant de venir ici, j’avais des inquiétudes concernant la sécurité et je ne savais pas si les gens étaient accueillants. » Des inquiétudes levées puisque Éder n’a toujours pas quitté Moscou, et ce, malgré une première saison à 4 buts inscrits en 28 matchs. Ce qui a fait la différence est simple et la France le sait mieux que personne : ce mec n’a jamais été là pour enfiler 100 perles, mais plutôt pour marquer le but le plus important de tous. En Russie, Éder a alors marqué le but de la victoire face au Zénith le 5 mai 2018 (1-0), synonyme de premier titre de champion pour le Lokomotiv depuis 2004. Résultat : dans la foulée, le Portugais a été acheté par le club moscovite et n’a depuis inscrit que huit buts en 55 rencontres. Dont cette merveille, quand même.

Et la sélection dans tout ça ?

Véritable héros national, Éder a également longtemps joui de ce statut pour rester en sélection, d’autant que le Portugal n’a pas vraiment réglé son problème d’avant-centre depuis l’Euro 2016, compétition durant laquelle Cristiano Ronaldo et Nani jouaient en attaque. Fernando Santos a alors vu défiler André Silva, Dyego Sousa, Gonçalo Paciência, Gonçalo Guedes, puis plus récemment João Félix et Diogo Jota, qui pourraient (enfin) représenter une certaine idée du bonheur. À ce marasme offensif, il faut aussi ajouter le fait que Santos partage avec Didier Deschamps l’amour du temps passé en sélection, ce qui explique le fait qu’Éder ait fait quelques allers-retours avec la Selecção, dont un dernier en novembre 2019. Malgré tout, comme le sélectionneur portugais l’a rappelé, l’attaquant du Lokomotiv ne possède aucun totem d’immunité : « Le courage, c’est de l’avoir appelé pour l’Euro. Vous vous souvenez de ce qui se disait à l’époque ? Je me souviens, il y avait des votes dans la presse sur qui devait y aller, et Éder ne figurait même pas dans les options. Quand je travaille, il n’y a plus d’amitiés, et les joueurs le comprennent très bien. Je comprends le côté émotionnel. Éder est un héros national, et nous lui sommes redevables. Mais nous ne lui devons rien. » Juste un petit Euro, quand même, Fernando, non ?

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